Le parcours initiatique d'une sorcière des temps modernes

Quand j'étais petite, je regardais Sabrina. Les films, la série, le dessin animé, et j'aimais bien. C'était drôle et distrayant. En apprenant la nouvelle qu'une nouvelle série se faisait sur Sabrina, j'étais heureuse. J'avais tout bonnement passé le cap de l'enfance. Je souhaitais plus. Peu importe que Salem ne parle pas, je souhaitais revoir cet univers dans quelque chose de plus authentique et magique. Et la série m'a tout apporté. Je ne voyais pas l'intérêt de refaire une série qui ressemblerait à l'ancienne et je dois avouer que je préfère cette version nouvelle. Comme je l'ai dit j'ai grandi. Je ne savais pas non plus que Sabrina faisait parti des Archi Comics. Ayant regardé une partie de la saison 1 de Riverdale, je me suis posée la question si Sabrina allait être autant stéréotypée. La réponse est que non.

L'histoire est simple, ce qui permet des élargissements au sein même du synopsis. Sabrina Spellman, orpheline est élevée par ses tantes Hilda et Zelda avec son cousin Ambrose au sein de la demeure familiale. Sabrina est à moitié humaine et sorcière, ce qui l'inscrit dans l'air du temps. Ça la rend proche du spectateur mais en même temps, elle apporte une touche de mystère. Étant orpheline et voulant suivre la tradition, elle se prépare pour son baptême sombre pour entrer dans l'église de la nuit. Mais elle est aussi attachée à son côté humain. Et se tiraillement quotidien entre ce qu'elle est et ce qu'elle doit être est constant dans la série.

Il y a un leitmotiv de l'indépendance en tant qu'être, soi-même. Que se soit par Sabrina, le personnage principal, ou les autres. Tout le monde évolue plus au moins au même rythme vers une découverte interne de leur propre identité. Chaque personnages recherchent quelque chose qui pourrait dire vraiment ce qu'ils sont et à quoi ils appartiennent. Doivent-ils retourner aux origines familiales ? Doivent-ils s'émanciper ? Doivent-ils faire leurs preuves ailleurs? Toutes ses questions finissent par être résolues par le personnage lui-même. Alors qu'avant, c'était les autres qui avaient le dernier mot.

Il y a l'indépendance face à l'autorité. Qu'elle soit visible par le Père Blackwood ou invisible par Satan. Il y a une volonté d'émancipation face à une autorité. Ici, elle est masculine. Et la série n'a de cesse de faire monter en puissance les femmes. Elles sont déjà plus nombreuses au casting, elles sont écrites pour être ascendantes et non descendantes comme certains personnages masculins. Elles sont montrées plus actives par des actes et des faits. Alors que les hommes sont plus dans la parole et le passif. Cette volonté féministe, qu'elle soit subtile ou totalement présente dans la série, est menée à bien pour éviter les fins caricaturées.

Il faut aussi donner aux acteurs des critiques. Ici, il n'y en aura aucunes négatives. Je n'avais jamais vu ces acteurs avant, à part Ross Lynch et Chance Perdomo. Sinon, je ne savais pas qu'ils étaient. Et je dois dire, ils sont tous géniaux. Je suis particulièrement fan de Chance Perdomo dans son rôle d'Ambrose qui est parfois au-delà de tout. Sinon, j'ai que des louanges à faire sur les acteurs. Je souhaiterais juste voir un peu plus les Soeurs de la Destinée. Je trouve qu'elles ne sont pas assez développées par rapport aux autres personnages. Le personnage de Prudence a plus de chance dans son développement, mais les deux autres soeurs méritent tout autant cette attention.

Les décors, l'atmosphère sont aussi bien réalisés. Cette ambiance traditionnelle des lieux, montrant le poids des traditions. Les vieux films, les vêtements, tous les détails font que la série installe un climat austère, froid et directement hostile. Et c'est ce qui rend la série Sabrina encore plus poussée sur le plan de l'évolution des personnages. Les effets spéciaux ainsi que le maquillage sont bluffant. Il n'y a pas de déception là dessus.

Tous sont entrain de grandir dans une ville qu'ils connaissaient sans vraiment avoir vu ce qu'elle contenait en réalité. Il y a de l'évolution ça passe de l'enfance avec des repères. Puis l'adolescence avec cette guerre contre les autorités et cette guerre interne à chaque personnage. Puis la période adulte où tous les personnages font face à leur destinée. Celle qu'ils se sont écrites eux-mêmes.

C'est ce que j'aime aussi avec cette série. Tout ne tombe pas du ciel comme par magie en prenant le spectateur pour un imbécile. J'aime le fait que ce soit simple et complexe à la fois. Mais qu'il y est une cohérence notable et un fil conducteur stable.
En conclusion, je conseille cette série qui réécrit le mythe initiatique de l'enfant à l'adulte. Qui mêle l'ancien et le nouveau. Et qui offre une nouvelle vision plus sombre et horrifique sur Sabrina en comparaison avec les précédentes adaptations. Je trouve la place de Salem bien plus significative dans cette version, outre le fait qu'il ne parle pas. Dans tous les cas, cette série est très bien.