Paradoxal : adaptation fidèle mais complète trahison de l'esprit du roman...
Cette adaptation de l'excellent roman de Ken Follett est extrêmement paradoxale. D'un côté, les péripéties sont dans l'ensemble fidèles au roman, les acteurs correspondent bien à l'idée que je m'étais faite d'eux après la lecture du livre. D'un autre côté, certains ajouts sont non seulement franchement dispensables mais surtout (et c'est à mon sens le plus révoltant) passent complètement à côté de l'esprit du roman !
En particulier, une sombre histoire de prophétie / rêve prémonitoire carrément grandguignolesque, combinée à des « miracles » aussi inutiles que peu crédibles (oh ! je me suis fait étrangler, mais comme je suis le héros, ben finalement je suis pas mort, mon assassin est une grosse buse qui pense pas à vérifier que je suis bien clamsé, quel coup de bol dis donc ! donc je me relève sans aucune explication, c'est surement une intervention divine, trop cool !), m'a fait hurler de rage.
Alors que Follett centrait son histoire sur le libre arbitre de ses personnages, qui étaient à 100% maîtres de leur destin et pleinement responsables des conséquences de leurs actes, le réalisateur de la série a introduit une touche de mysticisme, sous-entendant avec des gros sabots (oui, les rêves prémonitoires et les prophéties dans les films ou les livres, c'est TOUJOURS montrer qu'on manque de subtilité) que, de toutes façons, tout a déjà été décidé par une puissance supérieure (au choix, soit Dieu soit le Destin) et que les protagonistes n'ont pas le moindre contrôle sur leur vie. C'est une énorme boulette de trahir à ce point l'esprit du roman...
L'autre erreur impardonnable concerne le personnage de William Hamleigh. Je pense que Sir William est la plus grosse enflore qu'il m'a été donné de rencontrer au gré de mes lectures. Je n'ai jamais autant détesté un personnage de roman : non seulement c'est un cannard égoïste et un fils de pate sans cœur, mais Ken Follett avait réussi à en faire un personnage crédible, réaliste et vivant (ce qui le rendait encore plus détestable). Dans la série, pour bien montrer que c'est un méchant très méchant, le réalisateur a remis ses gros sabots et a grossi le trait pour montrer que c'est vraiment un gros enfouré de première : sa méchanceté est encore plus gratuite et ses actes sont encore plus cruels « just for fun », sans servir l'histoire, juste pour montrer qui c'est le bad guy de la série, celui qui se frotte les mains en rigolant alors qu'il a tué des innocents juste pour le plaisir (et en plus, il boise sa môman, histoire de montrer – encore une fois sans subtilité aucune - qu'il y a quelque chose qui va pas dans sa tête). Conséquence : c'est tellement trop qu'on n'y croit plus du tout. De personnage de roman charismatique détestable, il est devenu un simple « grand méchant de cinéma » à la psychologie inexistante pour qui faire le mal, c'est bien. Le genre de personnage absolument pas crédible qui s'oublie facilement...
Sinon, parmi les points positifs, d'un point de vue purement esthétique, les images sont belles, c'est bien réalisé, les acteurs jouent bien, la musique colle bien... Objectivement, cette série n'est pas si mal, mais en tant qu'adaptation, c'est plus que complètement raté, ça passe à côté de l'essentiel de l'œuvre originale... Pour les lecteurs qui ont apprécié le roman et compris ce que Follett a cherché à montrer, c'est tout bonnement impardonnable.
