Locke & Key, c'est plutôt joli à l’œil, c'est plutôt généreux du côté de l'ambiance, ça donne envie d'habiter une vieille bicoque hantée en bord de mer et bon, OK, d'accord, les premiers rôles sont des ados - voire pire : des mômes ! - et il faut bien se les coltiner dans un univers où les adultes sont des nouilles (mais ils ont oublié la magie parce qu'ils sont vieux t'as vu, alors ça explique qu'ils soient tous intelligents comme des poissons-chats, la belle affaire !) (je pense que le scénariste de la série a 15 ans), mais le principe est plutôt original et par conséquent, on s'accroche (on ne lâche rien, comme disait l'autre) et ma foi, ça se suit sans déplaisir et sans frissons non plus, avec un soupçon d'indulgence - pour ne pas dire de complaisance.
Ou du moins est-ce le cas jusqu'aux trois derniers épisodes, où les personnages (déjà pas bien futés) se mettent tout à coup à agir comme des recalés au casting des anges de la téléréalité, à aller chercher du petit bois dans la nuit quand ça grogne dans les fourrés et à se séparer pour couvrir plus de terrain quand on frappe au crochet à la porte de derrière, ce genre de subterfuges crispants que les scénaristes de gare utilisent pour amener leur fil narratif où ils veulent l'entortiller sans se fouler la plume, enquillant ici quelques twists poussifs qu'on voit venir à trente kilomètres (sérieusement, c'est la première oeuvre de fiction que je vois qui arrive à se spoiler rien qu'avec ses choix de casting !) - tout ça pour en arriver à un dénouement paresseux, délayé dans une eau-de-rose qui ne prend pas et incapable de clore ne serait-ce qu'une seule porte ouverte par le récit. Dans une série qui s'appelle Locke and Key, c'est un comble.
Difficile également de souscrire au politiquement correct de façade (discret, par chance) qui, sans surprise, est d'une immoralité dégueulasse dans l'air du temps - mais ils ont changé le nom de la ville où habitent les personnage parce que c'était celui d'un auteur raciste alors tout va bien.
A des années lumières du comics d'origine, l'aventure se réduit ainsi à une balade fantastique inoffensive où elle se veut marquante, pantouflarde où elle se pense audacieuse, sans envergure où elle se croit hors-norme, et plus prétentieuse qu'elle ne devrait l'être si vraiment elle avait voulu s'attirer la bienveillance des spectateurs.
En somme : une production sympathique, mais bien de son temps.
Dommage.
Dans le même genre, préférer (de très très loin) The Lost Room.