Luther par UnPoilGeek

Créé par Neil Cross en 2010 et diffusé sur la chaîne Anglaise BBC One, la série Luther confirme la montée en puissance de la fiction Anglaise dans le petit monde de la télévision.
Portée par le grandiose Idris Elba, que l'on avait déjà pu voir dans Sur Écoute, cette série policière a su, tout au long de ses trois saisons, s'imposer comme l'une des nouvelles références du genre. Un genre qui, il est vrai, est beaucoup trop présent à la télé depuis ces dix dernières années. Qu'ils s'agissent des productions Américaines, Anglaises ou même Françaises, les séries policières pullulent tellement que l'on commence à ressentir les symptômes désagréables d'une overdose qui commence à trop tirer sur la corde.

L'histoire se déroule à Londres. Nous y suivons le parcours professionnel, et personnel, de l'inspecteur John Luther, policier doté d'un talent hors du commun quand il s'agit de résoudre des crimes. Mais malgré cette capacité qui fait la joie de ses supérieurs, John souffre de quelques défauts qui, quant à eux, ont plutôt tendance à déranger. Colérique, provocateur et anticonformiste, tels sont les démons de John Luther.
Des démons qui, plus d'une fois, pousseront John à faire usage de méthodes un peu trop musclés. Des méthodes qui le conduiront aux frontières de la ligne à ne pas franchir. Celle qui délimite le bon du mauvais côté.

Bien que Luther soit une série policière très moderne dans sa réalisation ainsi que dans le traitement de ses personnages, elle reprend la structure narrative d'une série qui n'est plus toute jeune et qui peut, sans aucune hésitation, être considéré comme un classique du genre, Columbo. Car tout comme dans cette dernière, chaque épisode de Luther s'ouvre sur le crime dont il va être question durant l'épisode. Le spectateur sait donc dès le début qui est l'assassin, l'énigme pour nous n'est donc pas «qui est le tueur ?» mais plutôt «pourquoi fait-il cela ?».
Cette approche des enquêtes policière a été, aux fils des années, bien trop souvent oublié. Les scénaristes actuelles préférant tous se concentrer sur le mystère du tueur que l'on ne connaît pas. Bien que certains arrivent très bien à s'en sortir avec cette approche, il faut reconnaître qu'une grande partie des séries ou films commencent du coup à tous se ressembler, et multiplier les spin-off n'y changera rien. Mise à part les personnages et les régions, y a-t-il une réelle différence entre toutes les séries NCIS ? Malheureusement non.

Ce choix de narration permet une chose essentielle à tout bon récit. La création d'un méchant. Ne pas nous cacher l'identité du tueur permet aux scénaristes de la série de le mettre en scène, afin de développer sa psychologie. Cela nous permet également à nous, spectateurs, de véritablement faire connaissance avec lui. En apprendre plus sur ses motivations ainsi que sur son état d'esprit. Bref, cela nous permet de savoir si oui, ou non, le criminel traqué par Luther est une véritable menace pour lui.
Ce soin apporté aux rôles des méchants est également visible sur l'ensemble des personnages que compte la série. Mais le fait que les protagonistes soient tous de bonne qualité ne s'arrête pas uniquement aux talents des scénaristes. Le casting y est pour beaucoup, à commencer bien entendu par Idris Elba qui incarne son personnage à la perfection. Mais il serait injuste d'uniquement faire mention d'Idris Elba. Warren Brown, dont il s'agit du véritable premier grand rôle, et Ruth Wilson, que l'on a pu voir dans Lone Ranger l'année dernière, crèvent tous les deux l'écran.

Luther est donc à mes yeux une série vraiment réussi, et ce malgré quelques petites facilitées scénaristiques qui, lorsqu'elle se produise, saute aux yeux. On peut également déplorer que la troisième saison soit quelque peu avare en développement de personnage. Notamment en ce qui concerne celui de l'ancien inspecteur George Stark, dont on ignore la totalité du passé et de ses motivations.
Mais ces problèmes n'entache en rien l'ensemble de la série qui se conclut de bien belle manière. Malgré le fait quelle ne compte que quatorze épisodes, Neil Cross a su terminer sa série au moment où il le fallait, afin d'éviter que celle-ci ne tourne en rond.