Lorsque tu regardes au fond de l'Abîme...

Ah, le plaisir de découvrir quelque chose après tout le monde sans pour autant s'être fait spoiler quoi que ce soit (ou presque, pour le coup)...
Des décors somptueux qui pourraient évoquer ce que donnerait Blame si Miyazaki avait tenté d'en imaginer une version naturaliste, un chara-design enfantin qui tranche avec l'âpreté du monde dans lequel se déroule ce conte cruel, des créatures magnifiques et dangereuses, un abysse qui fascine autant qu'il effraie, la base était prometteuse, mais je restais quand même méfiant, la surabondance de séries à regarder (et le temps s'écoulant inexorablement) me forçant à choisir avec soin ce sur quoi je décide de jeter mon dévolu.
Et la relative discrétion autour de cette série m'inquiétait un peu, avec souvent des commentaires en demi-teinte.
Mais ce qui devait arriver arriva : un binge-watching plus tard, les yeux bien rouges (bon, les vrais bonhommes, ça pleure pas alors on va dire que je me suis pissé dans les yeux par erreur), j'était encore sous le choc.
Car si la violence du monde est dévoilée très tôt dans la série, une violence qui fait corps avec l'univers et vue à travers les yeux d'enfants qui ont baigné dans celle-ci, un peu à la façon de celle qui habite les univers de Philip Pullman dans sa magnifique trilogie (à laquelle la série HBO a su rendre partiellement justice, là où le film La Boussole d'Or s'était tristement vautré dans sa tentative d'adapter une oeuvre qui tutoie sans rougir les géants de la littérature "pour jeunesse"), je ne m'attendais pas à une telle intensité tragique (et ceux qui ont vu la série ne peuvent que difficilement contester la chose, qu'ils aient apprécié la série ou pas), ni à des personnages aussi trempés.
On peut sans doute critiquer le manque d'originalité de la série, qui, de prime abord, reste dans des cases préexistantes qui jalonnent l'histoire de l'anime nippon et du manga.
Mais pour qui ose gratter la surface, dépasser les pointes un poil ecchi qui débarquent çà et là (pas de quoi éprouver le besoin de se laver les yeux avec du savon, cela dit, et suffisamment rarement pour ne pas gâcher le récit) et plonger son regard dans l'abîme à ses risques et périls, celui-ci lui rendra plus qu'un regard...