Marshall et Simon
7.8
Marshall et Simon

Série NBC (1991)


Pour ceux que ça intéresse, si vous lisez cette critique, c'est que je serais mort, ou que j'aurais disparu dans des circonstances mystérieuses. Quand j'étais petit, le club dorothée existait encore sur TF1, avec ses animes violents et ses programmes débiles où il était question de croissants. Bref, ça avait l'air cool. Mais ma mère voulait que je regarde des séries plus saines, alors elle m'a laissé regarder une autre chaîne, qui avair l'air si propre, si tranquille, qu'on y retrouvait Thalassa le vendredi soir. Malheureusement, rien n'était plus loin de la vérité. C'est vrai que France 3 semble très calme, mais... regardez mieux... ça avait l'air marrant quand on voit les Minikeums, mais au premier épisode de Fais-moi peur sur lequel vous tomberez, croyez-moi sur parole que vous vous sentirez comme six pieds sous terre..



Jusqu'à... Eerie Indiana.
Eh oui, c'est ma chaîne.



Vous trouvez que j'exagère ? Attendez la suite...



Eerie Indiana, aka en français Marshall et Simon, est certainement la série qui m'aura le plus hanté durant mon enfance. Il y a peu, j'ai eu la bonne (terrible) idée de me la procurer pour tout revoir (c'est un des rares plats qui se déguste en VF).
Croyez-le ou non, je crois avoir réuni assez de pièces à conviction dans mon meuble à bizarreries pour émettre l'hypothèse invraisemblable comme quoi cette série se regarde à tout âge, même si, forcément, il faut développer un goût du kitsch et une ouverture d'esprit aux scénarios paranormaux proportionnels aux circonstances dans lesquelles on entreprend le visionnage.


Quelques petits points suffiront, sinon à vous convaincre, au moins à expliciter mes recherches. Libre à chacun de croire ou non, en son âme et conscience.
D'abord, dans cet univers qui prend comme échelle une ville de l'Indiana (depuis lors mystérieusement effacée de toutes les cartes à ma connaissance...), est développée une atmosphère passablement anxiogène, à laquelle contribuent des éléments tels que les musiques utilisées ou encore la mise en scène qui recourt à des effets certes peu novateurs mais néanmoins efficaces (gros plans déformés, caméra inclinée sur le côté notamment) au point d'être toujours d'actualité.
En résultent certains épisodes totalement orientés vers le surnaturel et qui ne possèdent que peu de portée profonde, tout en restant néanmoins efficaces (le 2, le 14, et plus particulièrement le 10 et le 16, dont les twists sont particulièrement marquants (pour ma part celui de l'épisode 10 m'a hanté toute ma vie et le phénomène semble ne jamais vouloir totalement s'estomper, malgré l'absence de remise en perspective réelle qu'il apporte à la série)).


Heureusement, Marshall et Simon offre une palette un peu plus variée que la simple perturbante étrangeté, afin de ne pas trop nous accabler du poids de ses révélations. Des épisodes comme le 5 servent davantage de prétexte à faire des références culturelles (ici on a Boris Karloff, Godzilla et Mothra par exemple, et même si cela nuit à l'atmosphère inquiétante de l'épisode, ça n'en rappelle pas moins justement des sympathiques comédies horrifiques comme certaines où a joué Karloff telles que Le Corbeau de Corman) ; d'autres comme le 9 ont plus vocation à émouvoir le spectateur malgré les phénomènes paranormaux qui s'y produisent.


Mais ce qui relève le plus de la réalité de cette série comme épicentre du bizarre, comme le dirait si bien Marshall Teller, et probablement de la brusquerie de son interruption (que signale en sous-texte l'épisode 18, qui présente le personnage principal dans son rôle d'acteur, victime d'un complot du nouveau personnage, Dash X, qui tente de prendre sa place en l'éradiquant du script (Dash X serait-il la représentation de la volonté des studios ? Faire taire la vérité... La fin de l'épisode n'en est que plus troublante, puisque Marshall parvient à s'en sortir, mais que l'épisode n'en est pas moins l'avant-dernier avant l'arrêt définitif de la série... Quels secrets a-t-on ici cherché à cacher ?)), ce qui présente le plus sa bizarrerie, c'est donc les différents sous-textes qui parsèment les épisodes et nous donnent des enseignements plutôt orientés et sans aller jusqu'à être complotistes, pas vraiment semble-t-il en accord avec la marche du système sociétal.


Car au-delà des morales habituelles comme "l'argent ne fait pas le bonheur" ou encore des thèmes graves mais qui ne donnent pas particulièrement sujet à réflexion comme la difficulté et l'importance du deuil, on trouve par exemple plusieurs critiques du système capitaliste. Au-delà d'être un épisode délirant (et un des quelques-uns réalisés par Joe Dante) et permettant une apparition épisodique de Dick Miller, l'histoire du bureau des objets trouvés aborde le sujet de l'obsolescence programmée en toile de fond qui est ironiquement représentée comme moteur indispensable de l'économie mondiale, tandis que la résolution est résolument anti-matérialiste ("Ils n'avaient pas besoin de cette malette [...] En fait, ils n'ont besoin que de l'un de l'autre."). De même, l'épisode 17 présente la consommation de masse et le marketing comme ni plus ni moins que des instruments du Diable "zombifiant" les citoyens qui prennent un crédit avec leurs âmes, et achètent tout sauf ce dont ils ont besoin. Le refrain publicitaire, simple et catchy, autant en français qu'en version originale, vous restera d'ailleurs effectivement en tête ("You just can't get enough!"/"Vous n'en avez jamais assez !").


Mais le meilleur est encore à venir. N'oublions jamais les paroles représentatives de l'infirmière de l'école de Marshall qui hypnotise les élèves en leur faisant passer un test de la vue, qui considère que l'amusement est un "poison" qui "libère l'esprit, et quand l'esprit commence à divaguer, qui sait où cela peut vous mener ? Qui sait les questions difficiles que vous poserez... On ne peut pas l'autoriser."


Après cela, que reste-t-il à ajouter, sinon que si Omri Katz a mystérieusement disparu des écrans depuis les années 1990... Certains racontent qu'il se serait reconverti dans la livraison de lait, d'autres encore prétendent qu'il aurait complètement changé d'identité pour échapper à ses opposants, et qu'il se ferait actuellement passer pour un terroriste japonais soi-disant fan de bande-dessinée belge.
Toujours est-il qu'on entendra certainement à nouveau parler de cette série un jour prochain...


Attendez la suite...

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le 10 oct. 2015

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Lyusan

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