Loin d'être une mauvaise série, Daredevil souffre de défauts dans l'air du temps, avec son esthétique un peu poseuse qui se revendique cinématographique, sa façon de confondre "tâches de sangs sur les murs" et "divertissement pour adultes", son rythme souvent léthargique et surtout, surtout, cette absence dramatique de second degré.
A trop se prendre au sérieux, elle en oublie de s'amuser avec son matériau d'origine, comme Wheddon a pu le faire en s'emparant des Avengers (sauvant ceux-ci d'un désastre annoncé) et y perd toute la fantaisie, la personnalité ou le grain de folie qui aurait pu la distinguer de la masse.
Elle remplit parfaitement son cahier des charges, pourtant, avec une précision quasi-mécaniste, mais n'arrive jamais à le faire oublier : tout y semble toujours calculé, calibré, millimétré, voté en conseil d'administration. Rien d'étonnant, alors, à ce qu'elle manque autant d'âme.
Les fans du personnage sauront fermer les yeux sur ces quelques défauts d'arrière-plan. Les afficionados Marvel aussi.
Les fieffés béotiens qui, comme moi, ne sont pas particulièrement mordus de "vigilante" en costume soupireront souvent, et iront jusqu'à préférer Gotham, beaucoup plus imparfaite, beaucoup moins maîtrisée, mais aussi beaucoup plus foutraque dans le bon sens du terme.