Marvel's Daredevil
7.2
Marvel's Daredevil

Série Netflix (2015)

Voir la série

SAISON 1


Marvel a pris la décision de grandir. De s’adresser à autre chose que les bambins/adolescents. Bien que leurs films Captain America : le Soldat de l’Hiver ou Iron Man 3 soit appréciable par les adultes, on peut facilement parler d’œuvres tout public. Cette fois, Daredevil n’est pas à mettre entre toutes les mains. Le postulat reste pourtant le même – un personnage lambda se trouve affublé de pouvoirs après un drame -, mais le traitement est totalement différent : violent, parfois gore, ambiancé par certaines scènes malsaines, Daredevil ne fait pas dans la dentelle. Et c’est bien là que la série excelle.


Matt Murdock est un avocat qui commence son activité avec son ami Foggy Nelson, en ouvrant un cabinet à New York dans le quartier de Hell’s Kitchen. Suite à un accident dans son enfance où il a reçu des produits chimiques dans les yeux, Murdock est aveugle. Cependant, ses autres sens étant extraordinairement sur-développés, il est capable, d’une certaine manière, de « voir ». Et même bien plus que ça…


Son équilibre parfait lui permet de se battre comme un diable, il peut savoir si une personne est en train de mentir ou pas, ou encore ressentir certains événements avant qu’ils n’arrivent. Ce qui, au final, le rend bien plus fort que n’importe qui. Ce qui, au final, le pousse à rétablir la justice autrement que légalement. Et devient, la nuit tombée, un héros masqué prêt à protéger sa ville, coûte que coûte.


Seulement, aussi incroyable soit-il, Matt Murdock n’est pas invincible. Il reste un humain avec ses faiblesses, ses limites. D’où le fait de le voir morfler durant 13 épisodes, où après chaque combat il se retrouve en sang et exténué. Cet impact ajoute une crédibilité non négligeable, et il est appréciable de se retrouver devant des scènes d’action où les effets spécieux n’ont pas (trop) leur place pour donner lieu à de la fureur dans chaque baston. Malgré certaines d’entre-elles filmées franchement avec les pieds (celle du premier épisode est l’une des plus mauvaises), d’autres brillent pour leur chorégraphie et leur inventivité (la dernière du deuxième épisode, par exemple, fait partie des meilleures). Malheureusement, en règle générale, tout ça reste un peu brouillon…


Mais au-delà de l’action, c’est bien les personnages – principaux comme secondaires – qui sont mis en avant, chacun ayant un rôle capital au bon déroulement du récit. Et bien entendu, le héros est le point central de l’histoire, et sa personnalité est finement travaillé. D’ailleurs, le gros avantage de Matt Murdock, c’est qu’il ne se pose pas de questions existentielles sur sa mission. Oui il est un peu trop kamikaze, oui il est un danger pour son entourage, mais il continuera jusqu’à ce que sa ville soit comme il l’entend : des rues sûres, débarrassées de la racaille. Et l’aspect intéressant de cette série réside dans le fait que son objectif est tout simplement le même que son Némésis, son ennemi juré : Wilson Fisk. Lui aussi veut rendre cette ville plus belle. Lui aussi use de la violence pour parvenir à ses fins, estimant que la destruction est une épreuve inévitable à la création. Un but identique, deux moyens différents d’y parvenir, Murdock et Fisk entretiennent une relation complexe et simple à la fois, une ambiguïté qui fait de Daredevil une série puissante, sombre et adulte.


Quant au casting, on est presque sur du sans-faute. Charlie Cox nous sert un Matt Murdock convaincant – aussi bien sensible que badass -, le physique impressionnant et la prestation sans faille de Vincent D’Onofrio offre un Wilson Fisk terrible – même si on tique un peu sur l’écriture du personnage (ça manque clairement de moment inquiétant avec lui, et s’éternise trop sur la relation qu’il entretient avec sa love interest), ou encore le journaliste Ben Urich (Vondie Cutis-Hall), très attachant car écrit avec un juste équilibre (son blackground classique avec femme malade et carrière finie n’est pas plombé par des scènes larmoyantes, ça fait plaisir).


Mais étrangement, la Palme revient au personnage le moins abouti de tous, puisqu’on ne sait absolument rien de lui : Weasley, l’homme de main de Wilson Fisk. Interprété par Toby Leonard Moore, Weasley est classe, pragmatique, parvient à trouver toutes les solutions, et n’a finalement peur de rien. Il est l’un des méchants les plus marquants, et vole même parfois la vedette à son patron. La seule (grosse) déception qui le concerne est le sort que lui ont réservé les scénaristes. Tellement frustrant…


D’ailleurs, en parlant de méchants, voilà un petit point noir de Daredevil : il n’y en a pas beaucoup. Et pour tout dire, il n’y a même aucun super-vilains. La série continue d’aligner des ennemis sur la route du héros aveugle, mais cela reste des ennemis « bas de gamme », qui viennent de mafia ou autre. Tout juste se bat-il contre un ninja surpuissant dans un combat sanglant et difficile, et c’est tout.


Autre chose, il faut parfois s’accrocher car la série est très bavarde. Beaucoup de blabla pour parfois pas grand chose, et l’enquête, qui prend de l’ampleur par la suite, est étirée en longueur, sans réellement passionner. Ce qui donne lieu à des scènes franchement inintéressante, et qui ne font rien avancer du tout. Car parfois, le récit s’attarde sur des protagonistes qui n’ont tellement pas de relief (genre Foggy Nelson ou Claire Temple) qu’il n’est pas impossible de se taper un ou deux bâillements.


Le tout renforcé par un côté cheap plutôt déplaisant par moments. Daredevil n’a certainement pas le budget qu’il lui faudrait, mais de là à toujours utiliser le même décor, c’est osé. A chaque épisode, c’est entrepôts sur entrepôts, constamment éclairé par cette lumière jaune pisse pénible. Même l’appartement de Murdock semble utiliser ces murs où presque tous les combats se déroulent (et quand ce n’est pas là, c’est dans une ruelle qui semble elle aussi identique à chaque fois). C’est grisant, mais ça n’enlève en rien l’excellente ambiance que la série développe.


Quant au générique, c’est une merveille.


POUR LES FLEMMARDS : Avec Daredevil, Marvel délaisse les bambins pour s’intéresser aux adultes. Une réussite quasi totale, tant dans l’ambiance sombre et violente que sur certains de ses personnages, malgré un manque de moyens trop évident et une enquête principale peu passionnante.


SAISON 2


Après avoir salement morflé en 2015, Daredevil est de retour. Netflix et Marvel ont laissé le justicier aveugle en mode glandouille pendant quelques mois, le temps pour eux de s’occuper du cas Jessica Jones, mais ce repos s’est vite terminé. Alors après ce congé payé, que vaut cette resucée ?


Ce n’est pas compliqué, et le verdict est sans équivoque : cette suite détrône la pourtant excellente première saison. Que ce soit en terme d’action, d’histoire ou de personnages, cette nouvelle aventure du Démon de Hell’s Kitchen efface beaucoup de points noirs qu’on trouvait chez son aînée, tout en gardant ce qu’on pouvait adoré (sans pour autant devenir sublime hélas).


A commencer par Foggy Nelson (Elden Henson) et Karen Page (Deborah Ann Woll), les deux comparses de Matt Murdock (Charlie Cox, toujours aussi à l’aise). Personnages plutôt insipides et peu intéressants l’année d’avant, ils ont cette fois plus d’aplomb, et sont d’une importance capital dans l’évolution du héros (parfois même un peu trop concernant Karen Page : elle est partout ça en devient irritant !).


Les doutes et les convictions de Matt Murdock sont une fois de plus parfaitement mis en avant, là aussi grâce à deux personnages radicalement différents : le bourrin Punisher et la ninja Elektra. Ces deux nouveaux apportent une consistance non négligeable à Daredevil le héros, en plus d’une trame scénaristique en deux étapes passionnantes. Enfin, presque passionnantes.


Sans l’ombre d’un doute, la partie du Punisher est un quasi sans faute. Même si la formule est ultra-classique et usée jusqu’à l’os (une forme dure pour un fond tendre), cet arc scénaristique propose avec une habilité étourdissante un actionner pur et dur d’une violence assez crue (ça gicle parfois sévère, voir la scène de la prison !) avec une série judiciaire accrocheuse de bout en bout (un procès prenant grâce à de nombreux rebondissements). Et tout ça, c’est servi par l’interprétation impeccable de Jon Bernthal. Un détail important, car du côté d’Elektra, c’est une autre paire de manche à cause justement de son actrice…


C’est difficilement descriptible, mais Elodie Yung a un petit quelque chose d’insupportable. La femme qui prête ses traits à Elektra horripile dans presque toutes les scènes (qu’elles soient dramatiques ou comiques), et ce lien qu’elle a avec Matt Murdock donne une sévère poussée d’urticaire. Leur passé, chargé en émotion, empêche le héros de lui envoyer une bonne patate dans son « joli » minois, et ça en devient très frustrant. De plus, le retour improbable d’un personnage – lié à tout ce merdier – est consternant de facilité. Heureusement, l’histoire concernant la « ninja » apporte son lot d’ennemis coriaces, fournissant ainsi des séquences d’action excitantes, et une évolution mystique (certes bancale) dans le récit qui peut se répercuter de manière intéressante dans l’univers des futures séries de Netflix.


Et justement, concernant les scènes d’action, le travail est moins brouillon mais toujours aussi féroce que la saison 1. Ça reste un peu cheap à certains moments, mais l’énergie déployée dans ce domaine est à saluer (l’effet plan séquence de l’épisode 3 est quand même foutrement pas mal !). En soit, ça reste bien bourrin, en faisant presque l’apologie de la violence, alors que, justement, la série tente de la condamner. Drôle de moyen d’y parvenir !


POUR LES FLEMMARDS : Clairement réussie en terme d’action, d’élaboration des personnages et pour tout le côté du Punisher, la série pêche hélas un peu pour le côté (insupportable) d’Elektra, trop inégal.

Créée

le 28 avr. 2015

Critique lue 320 fois

2 commentaires

Critique lue 320 fois

2

D'autres avis sur Marvel's Daredevil

Marvel's Daredevil
Gothic
7

Ma c-6-t va crack-er

Marvel's Daredevil est un show qui veut s'imposer dès son générique, paré d'un design classieux et musique idoine. Une grande maîtrise dans l'écriture, un soin énorme sur la mise en images. Et des...

le 24 mars 2016

52 j'aime

15

Marvel's Daredevil
LudoDRodriguez
8

Aujourd'hui je me suis laissé tenter par le Diable...

Il me faut bien l'avouer, l'adaptation de Daredevil nous proposant Ben Affleck dans le rôle du Démon Gardien, m'avait laissé un goût plutôt amer...Aujourd'hui, je me suis installé devant mon écran,...

le 10 avr. 2015

52 j'aime

8

Marvel's Daredevil
Marvellous
10

Le Diable vous cuisine

Ce n'est pas tous les jours qu'un produit télévisuel estampillé Marvel connait un succès colossal. Et cela trois fois de suites. La saison 1 de Daredevil a enchanté la plupart des gens, réconciliant...

le 26 mars 2016

38 j'aime

14

Du même critique

Santa Clarita Diet
Djack-le-Flemmard
6

Les Desperate invitent Hannibal Dexter chez Walking Dead !

A taaaable ! Netflix vous a préparé un petit festin, avec un programme chargé en barbak humaine et autres mets excessifs ! Un peu comme si les Desperate Housewives invitaient Hannibal Lecter et...

le 21 févr. 2017

7 j'aime

X-Men : Apocalypse
Djack-le-Flemmard
6

Quand un na'vi attardé recrute les Power Rangers

3600 ans avant notre ère, un vioque fatigué s’apprête à réaliser un rituel anti-ride pour se faire une seconde jeunesse, aidé par quatre potes à lui. Il y parvient non sans mal, car ils sont attaqués...

le 21 mai 2016

7 j'aime

3

Dragon Ball Super
Djack-le-Flemmard
6

Critique par paquet de 10 épisodes

Dragon Ball Super est la suite directe du manga Dragon Ball, et donc de l’anime Dragon Ball Z, à l’image du tristement célèbre Dragon Ball GT. A ceci près que les différences sont nombreuses, et la...

le 7 mars 2016

7 j'aime

1