Troisième pendant de la déclinaison Netflix du MCU, Luke Cage revient sur le Noir indestructible introduit dans la saison 1 de Jessica Jones en le plaçant non plus dans Hell's Kitchen mais Harlem, où il tente de se faire oublier alors que le quartier est la proie d'un mafieux prêt à tout pour le contrôler. L'armoire à glace va malgré lui se retrouver au cœur de la guerre quand un braquage qui tourne mal va précipiter une suite d'événements plus violents et plus personnels, forçant Luke Cage à assumer ce qu'il est.
Reconnaissons au moins sa principale qualité et force : Luke Cage est pétri de culture noir-américaine. L'ambiance, les couleurs, le rythme, la musique qui envahit jusqu'aux titres des épisodes, tout a été fait pour marquer l'identité de la série. La série profite de ce cadre pour évoquer des questions plus politiques autour du traitement de la communauté noire, pari risqué mais suffisamment bien manié pour sombrer ni dans la caricature ni le pamphlet. Le tout est appuyé par une réalisation soignée, particulièrement sur les premiers épisodes, et un casting très bon, Mike Colter incarnant cette montagne de muscles qui sait frapper les voyous et charmer les dames mais encore pétri de doutes, appuyé par une Simone Messing parfaite en Misty Knight, flic douée et décidée à protéger son quartier jusqu'au bout, face à Mahershala Ali en Cottonmouth, mafieux doucereux qui cache une grande violence sous son sourire, ses manières et ses costumes impeccables. Ajoutons à cela des clins d’œil à la pelle au MCU, sans forcer mais permettant de bien mieux ancrer la série dans l'univers, bien mieux que ne le font parfois les films eux-mêmes.
C'est cependant au niveau de l'intrigue que la série pêche, un défaut déjà présent chez ses consœurs : le déroulement de l'histoire connait un méchant coup de mou entre l'épisode 8 et 11, obligé de faire du remplissage avec un nouveau méchant dont la révélation est décevante et le plan, au fond très con. La fin, douce-amère, rattrape bien des choses et pose déjà les pistes pour Iron Fist et Defenders.
Luke Cage reste cependant de très bonne facture et peut-être pour la première fois, une bonne production avec un super-héros noir. Faut dire que Spawn, Shazam et Blade 3 ont montré tout ce qu'il fallait pas faire...