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Une série que j'aurais dû regarder bien plus tôt, pour être honnête.
Oh, attention, elle n'est pas parfaite ni même incroyablement bien fichue et ficelée, mais elle me tentait pas mal. Malgré des problèmes évidents.


Comme pour toutes les autres séries Marvel que j'ai vues, elle s'étire trop. 13 épisodes pour raconter une histoire qui en méritait peut-être 9 ou 10. De fait, l'action se fait rare, les personnages blablatent pas mal. Le bon coté, c'est que ça nous donne le temps de nous attacher à Frank Castle, Micro, et Madani, notamment dans les passages où Frank va voir la famille de Micro, y'a de bonnes idées; le mauvais coté, c'est que la narration rame pas mal, et seuls les 3 derniers épisodes sont réellement haletants de bout en bout sans souffrir de coups de mou.


Il faut dire aussi que si cette série n'était pas estampillée "Marvel", mais était simplement une série thriller façon "Un justicier dans la ville", elle aurait été exactement la même. Attention, je ne demande pas que les scénaristes nous sortent les dieux nordiques et les armures volantes, mais je pense que re-contextualiser The Punisher dans l'univers du MCU avec quelques petits éléments aurait pu amener des questionnements intéressants sur les actes de Castle, comme par exemple "Est-ce qu'un homme comme le Punisher est nécessaire dans un monde rempli de surhommes incroyables qui font régner la justice ?". Là, comme on n'a pas du tout l'impression d'être dans un monde de super-héros, la série passe à la trappe tout un pan de la mythologie du Punisher.


Car au final, la moralité des actes du Punisher n'est quasiment jamais mise sur le devant de la scène, la série se concentre bien plus sur le héros et son passé de soldat en Afghanistan. Une idée intéressante sur le papier, car elle déconstruit la figure du Punisher et met à nu ses faiblesses mentales, nous rappelant qu'avant d'être un super-vigilant de la mort, c'est un type qui a vécu la pire journée de sa vie, une journée qui le hante et qu'il tente d’exorciser par la vengeance permanente. Mais c'est une déconstruction qui aurait été plus appropriée pour une saison 2, car dans les faits, cette première saison ne nous a pas montré le combat du Punisher contre les criminels et les enfants de salauds, ou alors vite fait dans les 5 premières minutes du premier épisode (moment où Castle quitte la tenue du Punisher... Très bon timing). Et je sais très bien pourquoi ils ont fait un tel choix scénaristique : Car les créateurs (ou plus certainement les grands pontes juste au dessus) ont jugé que le personnage avait été suffisamment bien introduit dans la saison 2 de Daredevil, où il volait clairement la vedette, pour ne pas avoir à le réintroduire dans sa propre série ! Car oui, c'est bien connu, si je regarde une série Punisher, c'est que j'ai forcement pensé à regarder avant cela la série Daredevil pour bien tout savoir sur le personnages, c'est vrai, chuis con, pourquoi j'y avais pas pensé !
Bon, dans les faits, c'est comme ça que j'ai procédé, mais avouez quand même que c'est une technique de taches !


Mais passé tout cela, c'est vrai que la série est très bien.
Les scènes d'action sont plutôt rares, mais elles ont le mérite d'être efficaces, surtout le combat final, qui est bien badass comme il faut. D'ailleurs les scènes où les 2 méchants reçoivent leur juste punition sont les plus jouissives de la série.


Le personnage de Frank Castle est très réussi, en grande partie grâce à l’interprétation de Jon Bernthal qui est vraiment à fond dans son rôle : Froid et brutal lors des scènes de bagarre, au bord de l'effondrement lors des moments plus introspectifs. Il incarne à merveille cet homme brisé qui se réfugie dans un combat sans fin qu'il ne peut pas gagner. Certains diront qu'il dénote avec le Punisher du comics, mais n'ayant jamais lu celle-ci, l'aspect découverte a clairement fait son œuvre sur moi.
C'est d'ailleurs assez amusant de voir comme la série dresse des parallèles entre Frank et plusieurs autres personnages de la série, en faisant les reflets déformés du Punisher :
Micro, c'est le gars qui a tout pour être heureux, une femme, des gosses, une maison où rentrer, mais qui a tout sacrifié pour tenter d'apporter un peu de justice, chose que Frank, qui lui a tout perdu, désapprouve fortement et considère comme une fuite en avant plus que comme un vrai acte de noblesse.
Wilson, c'est le gamin soldat qui a été totalement brisé par la guerre, qui se croit encore en Afghanistan et dont l'esprit est un champ de bataille permanent, qui finira par entrer dans un cercle d'autodestruction, là où Castle a réussi à se sortir de ce cercle vicieux en s’accrochant à sa rage à l'égard du monde entier, qu'il canalise par le massacre des criminels.
Billy Russo, enfin, c'est le type en apparence parfait, aimable, beau-gosse, intelligent, mais qui dissimule sous son masque une vraie folie, qu'il nie complétement en se réfugiant derrière des distractions futiles comme le luxe ou les femmes, qui ne se rend même pas compte qu'en acceptant l'argent des pourris, il n'est qu'une marionnette, un chien enchainé sans personnalité, et c'est quand Frank, qui a toujours su rester honnête envers lui-même et incorruptible, lui balancera toutes ses contradictions à la figure qu'il commencera à accomplir des actes pour lui-même. Des actes égoïstes, purement vengeurs et dénués d'empathie, raison pour laquelle il finira par perdre face au brutal mais néanmoins plein de compassion Punisher.


Coté mise en scène, ça fait le job, même si l'on est loin du travail d'un Daredevil ou d'un Jessica Jones. C'est très fonctionnel, il n'y a pas vraiment d'audace ou de parti-pris osés. Les 2 seules exceptions sont l'épisode 10 et sa construction narrative rappelant le Rashomon de Kurosawa, ou cet incroyable épisode 12 avec les scènes dans l'esprit de Frank. Rien de transcendant, mais ça a le mérite de casser la routine du reste de la série.
J'ai d'ailleurs bien aimé la fin fin de la saison, une manière de terminer sur 3 points de suspension, comme "Voilà, j'ai accompli mes objectifs. Et ?..." Très appropriée pour cette série.


The Punisher n'est pas une série parfaite, elle possède de gros problèmes narratifs et souffre de la comparaison avec les autres séries Marvel, mais reste très appréciable.

Arkeniax
7
Écrit par

Créée

le 26 oct. 2018

Critique lue 471 fois

Arkeniax

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