Une chose est sûre : cette série a quelque chose de particulier. On sent tellement bien la touche british : l'humour, la photographie, la musique. Il faut dire qu'on a souvent l'habitude d'être gavés par les grosses productions américaines, pour les films c'est évident, mais aussi beaucoup pour les séries, et ici pour Misfits, ça fait du bien d'avoir quelque chose d'un peu à part. Le budget est loin d'être démesuré, c'est même plutôt l'inverse. C'est ce côté un peu décalé qui peut paraître à la fois repoussant, au premier abord, mais aussi accrocheur qui fait de cette série une petite perle. Quand on commence à s'intéresser à Misfits, on y aperçoit d'ailleurs un peu de Skins : des jeunes, anglais, un peu à part, un côté sombre, de la musique à fond, des soirées, de la drogue (mais je ne m'étendrais pas plus étant donné que je n'ai pas encore vu Skins à l'heure actuelle, c'est juste l'idée que je m'en fais) ...
L'autre gros point fort de la série, c'est la musique. En effet on y retrouve du Justice, Massive Attack, Chemical Brothers, Digitalism, Prodigy, bref tout un tas d'artistes avec un style musical fort, de la musique électronique, de l'électro rock avec un rythme bien marqué, limite psychédélique. C'est d'ailleurs là qu'on en revient aux soirées, aux stroboscopes, à la drogue qui fait planer, on retrouve régulièrement ce genre d'ambiance d'un épisode à l'autre. On y trouve même de la drum'n'bass, style qu'on a pas spécialement l'habitude d'entendre en guise de fond sonore.
Et en prolongement, la musique soutient parfaitement le style visuel choisit. La photographie est très sombre, grise, avec des décors abrupts, un ciel chargé, du béton, un fleuve bien loin de la couleur turquoise des îles paradisiaques. Et au milieu de tout ça, ces fameux uniformes orange pétant qui contrastent fortement avec tout le reste.
Pour ce qui est de l'histoire et du casting, c'est là que réside le principal problème, et la raison de cette note attribuée qui aurait largement pu être surélevée. En effet, il y a clairement un avant et après saison 3 : les trois premières saisons tiennent très bien la route, on a quelque chose de construit, bien aboutit, on est clairement plongé dans l'ambiance Misfits, avec un autre point positif : la surprise sur le sort des personnages. Cette surprise réside principalement dans le fait que quasiment n'importe quel personnage, surtout les secondaires mais pas que, peut mourir ou avoir un soucis majeur n'importe quand, et parfois ils trouvent une solution (pouvoir utile à la situation, voyage dans le temps) et parfois non, difficile donc de deviner la suite.
Notons tout de même un petit bémol : on a une trame de fond qui lie les épisodes bien-sûr, mais certains restent trop indépendants, avec un problème par épisode (souvent quelqu'un qui a dérapé suite à l'orage et qui pose problème). Ainsi, un personnage surgit, menace le groupe, on arrive finalement à le buter d'ici la fin de l'épisode, et on recommence à l'épisode suivant, avec parfois, comme je le disais précédemment, quelques dommages collatéraux sur les personnages principaux.
[SPOIL] La première erreur, c'est le départ de Nathan à la fin de la saison 2. C'était clairement le personnage le plus fun des cinq et qui donnait l'essentiel du ton décalé de la série. Après, sans jouer les hypocrites, Rudy qui le remplace en début de saison 3 arrive sans trop de mal à reprendre le flambeau et le mener jusqu'à la fin de la série. Deuxième erreur : le départ d'Alisha et Simon en fin de saison 3, personnages qui étaient les plus intéressants selon moi après Nathan, et ça paraît logique vu que c'est sur eux que reposait l'essentiel de l'intrigue. A mon humble avis ce sont les personnages qui ont le plus évolué au fil des épisodes et des saisons, surtout Simon. Finalement la série aurait pu s'arrêter là puisque, concernant l'intrigue, la boucle était bouclée et on avait plus grand chose en guise de trame de fond. Et c'est d'autant plus vrai quand on apprend que Kelly s'est éclipsée discretos en début de saison 4 et que finalement on la reverra pas plus que Simon ou Alisha, et Kurtis qui meurt brutalement au beau milieu de cette même saison.
Résultat : le casting de départ est entièrement repris (ce qui pour moi est du jamais vu je pense, en général même si certains acteurs partent, on garde toujours un lien avec le début de la série), on a donc en début de saison 4 une intrigue qui repart à 0 avec des personnages tous nouveaux, beaucoup moins forts que ceux du début de la série, ce qui fait de la saison 4 la plus creuse de toutes. On se rattrape un peu avec la saison 5 mais on est bien loin de ce que Misfits fût jadis. [FIN DU SPOIL]. Et la fin de la série, potable mais pas révolutionnaire, démontre bien que terminer à la fin de la saison 3 aurait été beaucoup plus classe.
Au final un résultat mitigé donc, une bonne ambiance, une petite perle naissante, mais qui s'est perdue en cours de route. Pour apprécier Misfits à sa juste valeur, l'idéal est donc d'ellipser les deux dernières saisons et de garder le bon souvenir des trois premières.