Plata o plomo
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J'ai mis un temps considérable à ouvrir le coffret qui dormait dans mon placard, en raison d'un a priori. Je voulais garder de la Colombie l'image de Macondo, ce village de fiction où l'assassinat n'est dicté que par un sens éculé de l'honneur et où les évêques distribuent leurs bénédictions depuis des bateaux à vapeur. Je craignais une confrontation trop désespérante avec l'univers des clips de rap... du clinquant, du machisme, de la violence, et, surtout, une absence absolue de poésie. Eh bien j'avais partiellement tort et l'une des qualités de cette série, c'est d'inscrire la dérive des institutions colombiennes et l'essor des cartels dans un récit national presque littéraire, avec une allusion d'emblée au fameux réalisme magique de Garcia Marquez. Autant dire que les auteurs ont cherché à se couler dans les méandres d'un récit national hors normes. Car la Colombie semble propice à toutes les hyperboles. Ses trafiquants sont les plus hargneux mais aussi les plus ingénieux, et c'est sur le mode de l'épopée qu'on les regarde bourrer leur poudre blanche tant convoitée dans des roues de camion ou des statues de la Vierge. Alors, bien sûr, il y a l'invraisemblable saga d'un gentil garçon sans barrières morales, que l'histoire va transformer en archétype de la mythomanie sanglante, mais il y aussi les marxistes corrompus, les politiciens apeurés, les flics véreux, les militaires postillonnants, les américains athlétiques et binaires, etc. Et, finalement, on plonge dans une nouvelle mythologie tout aussi fertile que celle du Nobel de Littérature, menée tambour battant par des scénaristes malins qui semblent, eux aussi, sous le charme de ce pays polyfacétique, caribéen et déchiré, et finalement aussi attachant que dangereux.
Créée
le 2 avr. 2020
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