Vide et mirages
Evangelion, c'est nul. Evangelion, c'est bien. Ces deux critiques, certes un peu restreintes, sont exactes l'une comme l'autres. Rares sont les histoires à pouvoir se vanter d'une pareille...
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le 4 sept. 2013
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Les Anges descendent du ciel et les hommes ne font que constater la destruction de leur monde. Ces derniers regardent la lueur des étoiles mais ne voient que la foudre s’abattre sur leur sol. C’est alors que Neon Genesis Evangelion de Hideaki Anno abasourdit et foudroie par sa majesté.
Dans un Tokyo futuriste qui voit l’immensité de la technologie perpétrée par l’Homme s’agrandir et la petitesse physiologique de l’être humain s’affaisser encore plus, des jeunes adolescents sont, à première vue, le seul rempart face au chaos, les seuls à pouvoir se synchroniser et à prendre le contrôle d’Eva, des robots géants créés pour anéantir les Anges (Manuscrit de la Mer Morte) qui viennent sur Terre, après le Second Impact où l’humanité toute entière a failli s’éteindre. Mais à vouloir jouer avec des choses qui le dépasse, l’Homme va se brûler. Neon Genesis Evangelion est difficile à appréhender sous toutes ses coutures, allant de strates en strates, mêlant à la fois l’animation fluide de combats endiablés, sanguinolents et gargantuesques à un récit mystique et religieux sur la place de l’homme dans l’univers et sa quête absolue de jouissance et de contrôle.
C’est à ce moment que la série prend alors toute son ampleur, et requiert l’attention voire la fascination de son spectateur. Car derrière les multiples ruptures de tons et les visages hétéroclites que peuvent prendre les épisodes les uns après les autres, la meurtrissure de chaque protagoniste devient alors plus véloce. Derrière ce regard bienveillant voire pittoresque sur l’adolescence – leur libido, la nudité et les amours -, la série ne semble ne pas avoir de frontières, ne donne aucune limite à la solitude et à l’autodestruction de chaque personnage et n’en oublie jamais sa première note d’intention : décrire un monde mutant, fuyant et désagrégé par le néant où politiciens et scientifiques se servent d’enfants pour jouer aux Dieux des Dieux.
Comme dans Akira ou Ghost in the Shell, il n’est pas aisé de raccorder toutes les synapses d’un sérieux en vases communicants qui au fil du temps deviendra de plus en plus théorique voire biblique. Les épisodes passent, les combats s’accumulent, les mises en perspectives de la confusion sur la création alors palpables, les sauts suicidaires résonnent par leur écho, les dommages collatéraux cicatrisent de moins en moins chez cette jeunesse torturée et les plaies ouvertes par la peur deviennent un gouffre où il est difficile de s’extirper. Que ça soit Shinji, Rei ou Asuka, tous sont des machines à tuer à qui on dicte ce qu’ils doivent faire, tous ont un vide, une forme de mutisme, un secret qui les pousse à se « désynchroniser » ou alors voient dans leurs âmes des blessures qui mettent à mal leur conscience et leurs raisons de vivre.
Que cela soit dans une rame de train où de multiples réflexions existentielles bourdonnent et dissimulent un passé trouble, que cela soit dans une grande salle de conférence placide et architecturale où des décisions avec une absconse logorrhée scientifique sur la survie de l’humanité jaillissent, ou finalement dans ces deux derniers épisodes psychédéliques et omniscients où il est question du soi et de sa relation à la réalité, Neon Genesis Evangelion éblouit et fascine par sa capacité à mélanger les genres, à parler de l’humain et sa finalité. Une grande série.
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Créée
le 23 mars 2020
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