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Dans le monde des séries médicales, on notera une chose : la profusion offre la diversité, et au téléspectateur de séparer le bon grain de l'ivraie. Récemment, j'ai découvert sur une chaîne quelconque une ancienne série française, avec des médecins qui faisaient office d'urgentistes, parcouraient Paris à bord de vieilles R5 pourries et communiquaient à la CB.
Beaucoup plus proches de nous, Dr Ross et Dr Carter faisaient battre la chamade chez les spectatrices d'Urgences, qui s'honore tout de même de 14 saisons, d'un staff médical intégralement renouvelé, et du prix Princesse B. de la meilleure série médicale.

A chaque nouvelle série, un nouvel angle, un nouveau concept de scénario. A Nip/Tuck le glamour, le sexe et la chirurgie esthétique ; à Grey's Anatomy les romances à la « Feux de l'amour » ; à Scrubs la palme d'or de la drôlerie ; à Private Practice les foufounes et leurs insondables mystères.

Pour des raisons probablement légitimes, vous aimez les séries médicales. Comme vous aimez taper vos symptômes sur Google avant d'aller chez votre médecin, qui saura vous rassurer sur votre toux, qui non, n'est ni une intoxication à l'anthrax, ni un cancer pulmonaire à un stade avancé. Vous aimez parce que la santé effraie autant qu'elle fascine, parce qu'on a tous peur « du docteur », et à plus forte raison, on n'aime pas ne pas savoir, ne pas comprendre.

Mais imaginez l'état d'esprit dans lequel je peux me trouver lorsque je suis face à une série médicale, quand j'ai passé ma journée de travail dans de vraies urgences, avec de vrais gens... Et bien croyez-moi, ça donne un œil des plus avisé pour critiquer, et mon sentiment rejoint, je le sais, celui de beaucoup de mes consœurs.

Venons-en aux faits, à ce qui motive cette bafouille. D'un côté, une série géniale, qui se déroule dans un hôpital mais n'est pas beaucoup plus médicale que ça. De l'autre, une nouveauté nord américaine qui ne passe pas, même après deux saisons de 12 épisodes complets. Vous admirerez la dévotion... !

House M.D. (Dr House) est l'une de mes séries préférées, et pour en être déjà à six saisons complètes, je suis tenté de penser que je ne suis pas vraiment le seul. House, comme son nom l'indique, c'est avant tout une série sur un personnage. Gregory House, médecin diagnosticien (ne cherchez pas d'équivalence dans l'hexagone, nos systèmes de santé ne sont pas en tout points similaires), avec sa célèbre canne, sa claudication, sa barbe de trois jours et surtout, son caractère. Antipathique de religion, handicapé social qui évite autant que possible de s'approcher des patients, il fascine autant qu'il énerve.

Médicalement, la série est fade au possible, avec une linéarité des scenarii qui est accablante, des prises en charge médicales déroutantes et des diagnostics toujours sortis de derrière des fagots, que House trouve lors d'une de ses fameuses moues « yeux dans le vide ». Au début de la sixième saison, Gregory House est venu rappeler à tous que la série, c'est lui. Dans un « season premiere » bluffant, oubliés l'hôpital, les collègues, les amis, les patients. Du 100% House, un vrai régal.

Le moins qu'on puisse dire de ce succès télévisé, c'est qu'il aura fait des envieux. C'est probablement la raison pour laquelle est arrivée il y a peu une nouvelle venue à l'hôpital : Nurse Jackie. Mais qui est-elle ?! Il s'agit d'une infirmière d'un hôpital catholique de New York City, qui s'appelle... Jackie. Mariée, deux enfants, un amant. Comme House, elle se veut personnage central d'une série à prétexte médical. Pour ça, il faut cultiver sa singularité (parce que dans la vraie vie, le quotidien d'une infirmière, même à NYC, ça ne fait rêver personne !), et Jackie n'est donc pas une infirmière comme les autres.

C'est un peu la « domina » des urgences de son hôpital où, à vrai dire, il ne se passe pas grand chose. Elle papote, colle trois électrodes sur le torse d'un type et voilà, elle en a fait assez pour la journée. Car le fait est marquant : Nurse Jackie est certainement l'infirmière qui en fout le moins de sa journée ! Elle s'occupe d'un malade par jour avec son étudiante qui ressemble étrangement à cette idiote de Sookie dans True Blood (les dents du bonheur en moins, 20kg en plus), mais guère plus.

Le reste du temps, elle se fait tripoter les seins par un jeune médecin wannabe, se fait sauter par le pharmacien dans sa chambre de garde (remarquez, dans mon hôpital aussi on peut se faire sauter en chambre de garde de pharmacie...) contre quelques antalgiques qu'elle ira ensuite sniffer dans les WC du service ; et surtout, elle adore se la jouer Sex and the city avec sa copine médecin, et sort bouffer dans des restaurants chics de New York en tenue de travail. Bref, Nurse Jackie est insipide, sans profondeur, et n'a même pas la crédibilité professionnelle qui pourrait donner un peu de relief à son personnage.

Entre deux éclopés, mon cœur a clairement choisi. C'est House le grincheux sans cœur plutôt que sa copie infirmière de mauvaise facture.
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le 14 janv. 2011

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Brice B

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