Lait tss bi hiro

Je suis un énorme fan de Steven Universe, alors autant vous dire que lorsque j'ai appris qu'un de ses co-auteurs (le mec de Rebecca Sugar en fait) allait lancer sa propre série d'animation, mon 100 n'a fait qu'un tour. Je n'ai pas été déçu.

OK KO est radicalement différent de Steven Universe, mais il lui est aussi très semblable sous un certain angle. OK KO est un dessin animé à propos d'un jeune garçon qui va devoir s'affirmer au sein d'un groupe qu'il idole. Il apprendra éventuellement que ses collègues qu'il admire ont également des faiblesses et grandira le long de la série en affrontant plus ou moins directement diverses épreuves, physiques ou sociales. Un de ses parents est disparu dans des circonstances mystérieuses. Bref, exactement le pitch narratif de SU. Fort heureusement, c'est à peu près la seule chose qui regroupe mes deux séries Cartoon Network préférées.

Déjà, OK KO s'affirme beaucoup plus en tant que "cartoon" que dessin animé, dans le sens où les personnages peuvent se faire écraser sous 6 tonnes de fonte ou faire une chute de 2 kilomètres sans que cela ne choque vraiment personne. Le lore est également beaucoup plus effacé. En bref, la série se prend beaucoup moins au sérieux que SU. Chaque personnage principal de OK KO possède cependant une backstory qui est révélée assez subtilement à chaque fois, et souvent de manière comique. C'est assez difficile pour moi d'expliquer comment, mais la série réussit à nous donner des informations sur les personnages de manière drôle ou touchante, et fine à la fois.

Visuellement, je suis totalement fan. Sans blague, regardez moi cette intro top tier. La palette est riche, l'animation est toujours très fluide, et génère souvent l'effet comique (un personnage perd ses yeux car il est choqué, ce genre de chose, mais on n'est pas dans l'excès non plus). Les scènes de combat sont toujours un plaisir à regarder, les explosions généreuses sont animées à la main, les gestes des personnages s'enchaînent d'une manière assez jouissive. Elle est sublimée par un sound-design aux petits oignons : c'est encore une fois un peu nul pour moi de vous décrire des exemples car c'est surtout du comique de geste (de son du coup ?), mais pour vous donner une idée parfois les bruitages utilisés sont des sons du quotidien d'un contexte totalement différent à celui dans lequel il sont utilisés.

Et enfin, le point pour lequel OK KO brille à mes yeux, et je sais que c'est assez personnel : il s'agit des morales des épisodes et de la manière dont elles sont amenées. Souvent, en plein milieu d'un épisode, je souriais et me faisais à moi même la réflexion de la justesse que j'étais en train de témoigner, sur des trucs qui vont de la classique force de l'amitié à l'opposition aux normes de la société. Ce sont des messages que je trouve assez universels, ils m'ont tous plus ou moins parlé, ça m'étonnerait qu'il soit possible d'être totalement hermétique à toutes les morales d'OK KO. Un exemple qui m'a marqué car c'est pas quelque chose qu'on a l'habitude de voir dans l'animation pour enfants : un épisode parle du travail dans le service commercial (genre serveur ou dans l'épisode en question, caissier). La morale était globalement que non, le client n'est pas toujours roi, et que la limite à cet adage est simplement le respect de l'employé. C'est assez stupide dit comme ça mais ça oppose en réalité deux opinions légitimes qui sont "Il faut être capable de se plier aux exigences du client car c'est lui qui paie" et "mon travail se résume à un certain service". La manière dont cet épisode tranche le débat était tellement juste que je me souviens m'être arrêté quelques instants pour prendre le temps de le réaliser. Je suis peut-être ridicule mais c'est cette justice qui tombe sous le sens une fois posée dans beaucoup d'épisodes d'OK KO qui m'a fascinée. Les problématiques peuvent être de gestion comme sentimentales que le regard porté dessus sera toujours bienveillant et presque apaisant si le sujet nous concerne. Alors, j'en fait peut-être un peu trop, peut-être que je prends OK KO trop à cœur mais sans recul, c'est comme ça que j'ai vécu la plupart des épisodes.
Sans transition, la BO est au poil. Les chansons ne jouent pas un rôle aussi important que dans Steven Universe à juste titre car les personnages ont beaucoup plus rarement des émotions profondes et intimes à exprimer. Mais l'ambiance sonore est composée en partie par le grand Jake Kaufman @ virtjk, que je connaissais avant la série et que vous connaissez d'ailleurs aussi (Shantae, Crypt of the Necrodancer, Shovel Knight, ça devrait pas être trop sombre comme références) et dont la présence m'a 3-6 noscope vers le paradis. D'ailleurs elle est dispo gratuitement sur le nuage de son.

Un dernier mot sur les personnages en eux-mêmes : c'est simple, je ne trouve aucun personnage inintéressant, que ce soit par leur design ou par leur caractère qui gagne en profondeur avec les épisodes la plupart du temps. Grosse mention spéciale à Enid et RMS (et Mr Gar!).

Je suis lucide à propos de mon amour envers OK KO : il m'est propre, et la plupart des personnes qui cherchent un lore intense et une évolution de l'histoire comme dans SU repartiront déçues. Mais c'est globalement une série qui met en scène de manière très divertissante des personnages intéressants qui traversent des problématiques réelles et contemporaines dans un univers loufoque.