Autant être transparent : l'avantage de cette série est d'évoquer une histoire méconnue des États-Unis, et son défaut est de le faire avec un énorme parti pris. Au risque d'enfoncer une porte ouverte, c'est tout de même gênant en matière d'Histoire, a fortiori lorsqu'il s'agit de la Seconde Guerre mondiale, période hors normes, dépourvue de choix évidents et qu'il est aisé de juger après coup (c'est d'ailleurs l'avertissement formulé par Churchill en introduction de ses mémoires de guerre). Rappelons également qu'on ne pourra jamais que reconstituer les événements historiques, et non les revivre de façon pleine et entière, comme ont pu le faire les protagonistes de l'époque.
Parmi les points positifs de la série, on peut citer :
-> Le rôle, souvent mal mesuré, de l'URSS dans la Seconde Guerre mondiale
-> L'évocation de Henry Wallace (quoique idéalisé), lequel aurait pu être vice-président en lieu et place de Harry Truman. Si la série souligne à juste titre que son élection aurait certainement influée sur le cours de la guerre après la mort de Franklin Roosevelt, elle s'aventure dangereusement en conjectures (Ex : existence même de la guerre froide, relations diplomatiques, décolonisations)
-> Les raisons ayant conduit à l'utilisation de la la bombe atomique, et le rôle relatif de celle-ci dans la capitulation du Japon
-> Le rôle de Vassili Arkhipov, officier de la marine soviétique pendant la guerre froide, qui permit d'éviter un incident nucléaire, voire un conflit
-> Le déroulement pour le moins opaque de l'élection présidentielle de 2000
Parmi ses points négatifs, on peut inversement citer :
-> L'un des titres de la série ("Oliver Stone's Untold History of the United States"), le nom d'Oliver Stone n'ayant concrètement rien à y faire, sauf pour avertir le public de l'approche du réalisateur ou assumer la subjectivité qui y est liée
-> La caricature faite de Harry Truman, qu'on pourrait ici croire dépourvu de toute qualité (et je ne le porte pourtant pas dans mon cœur)
-> La responsabilité de la guerre froide, imputée ici aux seuls États-Unis, l'épilogue de l'épisode 4 (55ème minute) formulant à cet égard des conclusions très contestables ("l'objet de nos peurs devient souvent un très bon ami", sur fond d'image de Staline ; "les dirigeants américains ont exagéré la menace d'un ennemi dont ils pensaient avoir besoin pour scinder le monde en deux antagonistes"), voire franchement naïves ('"il aurait mieux valu envisager une compétition saine entre les 2 systèmes")
-> Les raisons pour lesquelles les différents gouvernements US se sont acharnés à intensifier la guerre du Vietnam, peu évoquées ici
-> Le mouvement des droits civiques, à peine abordé
Je salue la démarche de la série, mais reste finalement déçu de la partialité de celle-ci. Au fil des épisodes, elle prend davantage la forme d'un plaidoyer contre la politique US (et en particulier contre ses représentants conservateurs), piochant les éléments qui servent son argumentaire à la manière d'un avocat lors d'un procès, que d'un éclairage équilibré sur l'histoire de celle-ci.