Outcast
6.4
Outcast

Série Cinemax (2016)

Dire que l'adaptation télévisée de la vénéré The Walking Dead, a bousculée dans les grandes largeurs l'existence de son créateur Robert Kirkman, est un putain de doux euphémisme.
Passé de dessinateur/scénariste émérite dans le milieu du comics, à producteur exécutif de l'un des shows les plus regardés de la planète, le Bob est devenu l'un des bonhommes les plus puissants de la petite lucarne US.
Pas étonnant alors, qu'il est vendu les droits d'adaptations en 2014, de son comic Outcast, avant même qu'un seul numéro n'est venu pointer le bout de son nez dans les librairies.


Et alors que la septième saison de TWD s'apprête à révéler tous ses secrets d'ici octobre prochain (Negan !), Cinemax - OCS Choc par chez nous - a diffusé durant tout l'été son dernier bébé, bombe intimiste sur un duo atypique luttant contre les possessions démoniaques et autres forces surnaturelles, dans un déluge de tension et d'horreur fleurant bon l'oeuvre imposante du roi Stephen King.
Prenant le contre-pied de la géniale Supernatural avec un propos plus sombre et concis, Outcast suit l'histoire de Kyle Barnes, jeune homme torturé et sans croyance religieuse qui depuis sa plus tendre enfance, voit sa famille et ses proches aux prises avec des forces démoniaques aussi violentes que destructrices.


Coincé dans la petite ville isolée et méchamment angoissante de Rome en Virginie, il va répondre - poussé par sa soeur, son seul soutien - à l'appel du révérand Anderson, un prêtre exorciste qui requiert sa présence pour aider Joshua Austin, visiblement possédé
Car depuis toujours, Kyle a le pouvoir aussi mystérieux que puissant, de pouvoir évacuer les esprits maléfiques en touchant les personnes qui en sont victimes.


Véritable duo de choc, Anderson et Barnes vont tenter de comprendre et d'éradiquer ces manifestations surnaturelles, avant de réaliser que la fin du monde n'est peut-être plus très loin...
Porté par un épisode pilote (signé par l'excellent Adam Wingard) rudement charpenté et installant intelligemment tous les enjeux - ou presque - du récit, tout en impressionnant continuellement son spectateur grâce à une ambiance aussi envoûtante que dénuée de toute contrainte/censure; le show peine en revanche à pleinement répondre à toutes les attentes qu'il a su susciter par sa magistrale ouverture, la faute à une ligne directrice certes solide mais un brin tronquée par son envie de calquer le schéma classique du drama made in US (un épisode = un cas de possession)


S'étirant volontairement sur la longueur tout en étant divertissante - Kirkman est un formidable conteur, c'est indéniable -, malgré un cruel manque de scènes chocs (les exorcismes ne sont finalement pas si nombreux); la première saison monte graduellement en puissance avant de réellement dessiner le coeur de son propos : l'apocalypse, et sa gestion par une humanité presque aussi dangereuse que le mal qui a sournoisement envahit son quotidien


Profondément sombre, violente et anxiogène, Outcast s'attache durant sa première salve d'épisodes, à façonner le combat intérieur de Kyle Barnes, héros tragique à la fois source et solution du cauchemar qui habite Rome, véritable siège du mal
Rongé par la culpabilité, isolé et rejeté de tous (surtout par sa femme, Allison) par incompréhension, c'est quand il assumera pleinement son rôle et qu'il accomplira le douloureux chemin de la lucidité, que l'univers du show prendra tout son sens; pour ressembler in fine à une sorte de mix déstabilisant entre le film de super-héros (on pense souvent au chef d'oeuvre Incassable de M. Night Shyamalan) et le cinéma fantastique paranoïaque des 50's/60's.


Intense et inquiétante, la nouvelle série de Robert Kirkman s'inscrit finalement dans les glorieux pas de son ainé The Walking Dead, en baladant magistralement son auditoire au sein d'une histoire aussi fascinante et unique qu'elle est facilement critiquable dans ses (nombreuses) faiblesses.
Attachante et addictive pour tout âme sensible à son univers et à ses personnages, finement travaillés et interprétés (le beaucoup trop rare Patrick Fugit en tête), Outcast se termine sur un climax terriblement accrocheur, annonçant une menace/invasion à l'échelle beaucoup plus imposante (Les États-Unis ? Le monde ?).


Comme pour la toute aussi réussie Preacher, c'est clairement avec sa seconde saison (déjà commandée par Cinemax) que la série démontrera si oui ou non, elle a tout d'une grande et peu s'inscrire sereinement sur la durée.
Elle en a, en tout cas, furieusement les moyens...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/08/fucking-series-outcast-lexorcisme-par.html

FuckCinephiles
6
Écrit par

Créée

le 26 août 2016

Critique lue 449 fois

FuckCinephiles

Écrit par

Critique lue 449 fois

D'autres avis sur Outcast

Outcast
toma_uberwenig
7

Critique de Outcast par toma Uberwenig

Généralement, je m'abstiens. Je m'abstiens d'écrire une critique après avoir vu un seul et unique épisode. Je m'abstiens de noter une série lorsque, encore une fois, je n'ai vu qu'un épisode. Les...

le 23 mai 2016

12 j'aime

Outcast
ycatlow
4

Un Pilote de près de 10 heures

Les premières images d'Outcast sont plus que prometteuses. Le générique est superbe, la musique d'Atticus Ross apporte une atmosphère sourde, pesante, envoûtante, et la photographie est d'un réalisme...

le 29 août 2016

11 j'aime

Outcast
Captain_Lane
6

Outcast

Comme Preacher (je ne critique que le pilot...pour jauger la série), il n'est pas question que je juge sur cette seule base du Pilot la série globalement....ca sera une fois que j'aurais vu toute la...

le 24 mai 2016

8 j'aime

Du même critique

Avant toi
FuckCinephiles
8

Critique de Avant toi par FuckCinephiles

Comme la majorité des spectateurs de la série Game of Thrones, nous sommes de ceux à être tombé amoureux de la belle Emilia Clarke dès le premier regard. Si la jolie (et le mot est faible) Kalheesi...

le 20 juin 2016

35 j'aime

The Get Down
FuckCinephiles
8

Critique de The Get Down par FuckCinephiles

(Critique - sans spoilers - de la première partie de la saison 1) Tout part d'un projet aussi fou qu'alléchant sur le papier : mettre en image avec passion et réalisme, la naissance du hip-hop dans...

le 16 août 2016

32 j'aime

2

Nous trois ou rien
FuckCinephiles
8

Critique de Nous trois ou rien par FuckCinephiles

Tôt ou tard, les poils à gratter comiques du Paf s'en vont envahir le septième art, avec des fortunes diverses certes, mais force est d'admettre que le giron humoristique de chez Canal + peut se...

le 14 oct. 2015

30 j'aime

2