Le titre annonce du lourd.
Breaking Bad, la meilleure série Drama de tous les temps (à mon sens) et Arrested Development, l'ultime série d'humour (du moins dans ses trois saisons initiales, et uniquement si vous êtes doués d'un humour en titane, sinon vous passez à côté, et ce n'est pas grave).
Evidemment, pour le parrallèle avec Arrested Development, le fait que le rôle principal soit tenu par le même Jason Bateman parait très évident. Mais pourtant c'est la même histoire : une famille de pourri, dont le chef de famille, du moins celui qui croit qu'il l'est, essaie de maintenir les siens à flots.
Mais pas une once d'humour dans Ozark, et, en fait de maintenir à flot sa famille, Marty Bird l'enmène plutôt dans les abysses de l'âme humaine.
Et c'est là qu'est le parrallèle avec Breaking Bad. Car, ici aussi, le "héros" pourri tout ce qu'il touche. Mais là où, dans BB, les proches se rebellent et tentent d'échapper à la perversion de leur père ou mari, la famille Bird plonge la tête la première.
Comme dans AD, le casting familial est fabuleux, avec une petite réserve pour le personnage un peu fallot de la fille ainée, mais un incroyable big up pour l'épouse de Marty, la redoutable Wendy Bird, avec son sourrire de femmee aimante, d'américaine modèle. Quel formidable personnage !
Les rôles "secondaires" sont d'une puissance rare.
Car quand la famille Bird s'installe sur les bords des lacs Ozark pour tenter de sauver leur peau en installant en urgence une entreprise de blanchiement d'argent, elle ne se doute pas qu'il y a une pègre locale bien implantée. Et elle doit faire avec les locaux.
D'où une fabuleuse galerie de personnage, redneck bouseux puissant, dont l'incroyable Ruth Langmore, jeune mauvaise graine pleine d'intelligence et de fiel, tentant de protéger son cousin brillant et idéaliste de la saleté du monde, à commencer par celle de sa propre famille.
Plus les Byrde s'intalle, plus leur influence néfaste s'étend.
Et, parce qu'un bon show ne marche pas sans complication, les choses se compliquent rapidement. Le scénario se déroule avec une intelligence remarquable. Marty et sa femme doivent improviser sur la corde raide en permanence, avec, dans le balancier, leurs problème de couple, avec une confiance mise à mal par une infidélité de Wendy.
Très vite, leurs relations de couples deviennent un jeu de pouvoir, et les enfants, loin d'être de simple pion dans l'affaire, un enjeu.
La photographie de la série est magnifique, avec un cadre incroyable. Le sous-texte quand a la pollution est savoureux. Tel une entreprise polluante, les birds arrivent dans un ecosystème complexe qu'ils vont ravager, en justifiant toutes les actions par la survie.
Une série pas gai sur la nature humaine, mais tellement forte et bluffante qu'on n'arrive pas à décrocher, malgré le désir d'un peu de lumière dans cette version "dark side" d'Arrested Development.
Je crains qu'elle n'arrive jamais.