P'tit Quinquin
7.1
P'tit Quinquin

Série Arte (2014)

Je crois que Bruno Dumont a voulu faire un film sur le dérèglement. Sur le dérèglement qui mène au chaos, à l'Enfer. Ces deux derniers épisodes apportent quelque chose de fondamental et de magnifique à la série : les deux premiers épisodes montraient le déréglement de la réalité par le comique, les deux derniers le déreglement de ce déreglement même, menant au tragique, au sel brûlant et diabolique de la Terre. Le film revient vers la Terre, revient vers le paysage. Au debut, il filme les yeux des hommes, à la fin il ne filme plus que ce que l'homme regarde, perdu dans l'immensité du Mal. Tout s'est déréglé, le réel, le comique, le tragique, plus rien n'a de sens que de questionner inlassablement le paysage. Il n'y a plus d'intrigue, il n'y en a jamais eu, il n'y avait que le suspens de l'Oeil grondant de la Terre hurlante. Chaque plan est un aveu, un message, une quête de quelque chose qui est plus grand que le film et le dépasse. Chaque plan contient la rigueur et la drôlerie, mais toujours au milieu un sentiment, une cassure, quelque chose le transcende, l'amène vers l'ailleurs. C'est une série qui est plus grande qu'elle même, qui dépasse son merveilleux format, transforme tout ce qu'elle touche, forme du comique, tragique, réalité sociale, vers le regard final de son chaos.
Les visages forgés et cassés, les tocs du commandant, les raccords et les échelles de plan, l'humour dévastateur, les préjugés rampants et dévorant l'intérieur du film ; rien n'est laissé au hasard, tout crie le mot rigueur, et pourtant il y a autre chose dans ce cinéma là, peut-être se situe-il dans le regard de son cinéaste sur ses personnages et ce qui les entoure, qui me bouleverse et me donne le vertige, qui existe et qui est "là", de plus en plus "là". J'en ai des frissons.
B-Lyndon
7
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le 26 sept. 2014

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B-Lyndon

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