"On n'est pas là pour philosopher"

Formidable objet télévisuel ! "P'tit Quinquin" est un portrait burlesque haut en couleur.
La vision à la fois profonde et pleine de second degré de la France prolétaire.Une énigme qui met en scène des personnages atypiques, qui ont des "gueules". Malgré des faiblesses d'interprétation, toutes ces tronches sont mémorables.

Sur sa première partie, la série est hilarante. La logorrhée de grossièretés qui sort de la bouche des ch'tios gamins est piquante. D'entrée c'est un bol de rire qui déborde.
Dans la seconde partie, cet humour grotesque perd de son ampleur. Cela laisse plus de place à la forme contemplative de la mise en scène. C'est une autre réussite de "P'tit Quinquin".
Une photographie sublime et une très bonne mise à l'écran des acteurs (maquillage, costume et certains numéros épatants). Pas mal de scènes fortes qui resteront dans les mémoires grâce à leur singularité et leur trait de génie. Le chant dans l'église et le défilé sont de ces airs entêtants.

En plus d'être complètement réussie dans la mise en forme, excepté un coup de mou sur la fin, la série a beaucoup de fond. Une fiction qui met en exergue le réel mal être d'une partie du peuple. Le trait est évidemment exagéré et c'est ce qui est très drôle. Mal-traitance du langage, difficultés du dialogue, racisme populaire. La classe prolétaire est montrée sous tout les angles, même les plus aiguës. Au premier degré "P'tit Quinquin" serait navrant et pourrait même paraître stigmatisant. Au second c'est une œuvre qui fait preuve d'une dérision cocasse.
Les tribulations d'une tribu embourbée dans la misère.