P'tit Quinquin
7.1
P'tit Quinquin

Série Arte (2014)

On commence à s'habituer à la qualité des séries diffusées sur Arte. Entre les programmes achetés et les productions "maison", la chaîne franco-allemande propose désormais un catalogue haut de gamme.

Présenté d'abord à la Quinzaine des réalisateurs avant sa diffusion télé, la mini-série de Bruno Dumont sort aujourd'hui en BR/DVD. C'est l'aboutissement de la bourrasque P'tit Quinquin confirmée par l'un des meilleurs taux d'audience d'Arte, un bouche à oreille enthousiaste et un appétit partagé pour une singularité salutaire.

Construit par constants contrastes, confrontant folie meurtrière et burlesque absolu dans le cadre cinégénique de la campagne Boulonnaise, P'tit Quinquin fait preuve d'une audace sacrément savoureuse.

C'est d'abord le rire absolu, désinhibé et salvateur du premier épisode. On est chez les clowns afin de rire de tout. Balayons vite les objections offusquées de nordistes susceptibles, qui n'auraient probablement pas levé le petit doigt de la réprobation si la série s'était déroulée en Vendée ou en Auvergne. Il faut rire de tout. On doit rire de tout et arrêter de voir le mal là où il n'est pas. P'tit Quinquin ne pose aucun regard méprisant sur qui que ce soit. Et si les personnages masculins sont parfois ridicules, ils sont toujours traités avec bienveillance. Ils sont notre miroir, notre grain de folie, l'absurde pluralité de la nature humaine. Le salut vient ici des enfants, P'tit Quinquin et son amoureuse, Eve, la douce et déterminée petite voisine.

Le ton bascule au début du troisième épisode. Alors que les meurtres sur lesquels le commissaire et son acolyte Carpentier enquêtent deviennent de plus en plus fous, la drôlerie marque le pas et laisse place à une sourde mélancolie qui va gagner toute la dernière partie.

Comme une douche froide presque, la fresque de Dumont nous balance à la figure les hauts et bas de personnages qui nous ressemblent. Nous sommes tous inadaptés au monde, dépassés par ce qui nous entoure, poètes à nos heures, sensibles et amoureux.

On gardera longtemps en mémoire les merveilleuses répliques du commissaire sur le cœur du mal ou le corps des femmes, la part mystique du 14 juillet, la révolte djihadiste... et les tendre étreintes d'Eve et P'tit Quinquin.
pierreAfeu
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le 4 nov. 2014

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pierreAfeu

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