Quand un géant nous dépeint la Société...!!!

Le très regretté et beaucoup trop tôt disparu Satoshi Kon n'a eu le temps de laisser derrière lui en tant que réalisateur que quatre longs-métrages, un court-métrage et une série. Mais ces derniers sont d'une telle qualité, d'une telle personnalité, d'une telle force qu'on ne peut que reconnaître que le cinéaste a laissé définitivement son empreinte, complexe mais qui ne peut jamais laisser indifférent, dans le Septième Art et aussi dans l'esprit du spectateur.

"Paranoia Agent", c'est une série en treize épisodes, treize fois Satoshi Kon qui va nous faire plonger dans un univers compliqué et sombre mais fascinant où l'humain et l'humour ont leur place. Treize fois Satoshi Kon avec un fond, un fond qui dénonce une société repliée sur elle-même, où l'avoir est plus important que l'être, où l'individualisme est roi, où la paranoïa peut apparaître à partir d'un rien, et où l'imaginaire, ou pire le suicide, la folie ou la violence semblent être les seules issues de sortie. Les références culturelles au Japon sont fortes mais les thématiques sont universelles et ne peuvent que nous parler.

Les 13 épisodes sont d'une qualité inégale. On peut reprocher au cinquième épisode de trop reprendre le concept narratif de "Millennium actress", un des quatre films de Kon, pour être vraiment surprenant et intéressant ou au onzième épisode d'être un peu trop lent, mais la plupart d'entres-eux sont des réussites.
Le troisième qui met en scène une femme sage assistante universitaire le jour, prostituée délurée la nuit est une preuve flamboyante que le cinéaste était un as pour faire des portraits féminins inoubliables et imbattable pour représenter la schizophrénie.
Le huitième est intriguant car il réussit l'exploit de nous faire une comédie, très très noire cela va s'en dire, autour du suicide.
Le dixième surprend car il nous dépeint de manière féroce et sans concession le monde de l'animation, loin de l'imagerie d’Épinal qui nous le montre souvent comme un milieu cool.
Le neuvième autour de quatre commères franchement mythos est agréable car c'est une parenthèse légère dans une avalanche de derniers épisodes qui s'engluent de plus en plus dans la violence et qui a brisé toute frontière entre rêve (ou plutôt cauchemar !!!) et réalité.
Pour moi ce sont les épisodes les plus réussis, avec celui de conclusion...

Car même si les derniers épisodes sont nettement plus complexes que les premiers, le tout dernier parvient à boucler la boucle d'une façon grandiose.

Inutile de préciser, Kon oblige, que la bande son et la BO sont de véritables tueries. Rien que le générique d'ouverture et celui de fin valent le détour.

Satoshi Kon est sans conteste une des pertes les plus inestimables de l'Histoire de l'animation (et aussi du cinéma bien sûr !!!) ; en voici une brillante nouvelle preuve...