Les feux de la Mort version Road Tripes.
Bien, je me dois de donner mon opinion sur cette série. Amatrice d'esthétique macabre depuis mon plus jeune âge, promeneuse professionnelle dans les cimetières, gourmande fascinée par les vampires traditionnels...cette série avait tous les critères possibles pour me plaire. Mes plus proches amis me connaissant très bien me l'ont vivement conseillée, en prenant garde de prévenir ma sensibilité à l'hémoglobine dont la présence est plus qu'envahissante.
J'étais donc partie avec un a priori positif, laissant de côté mes tripes et celles à l'écran, afin de me rendre pleinement disponible à la Saison 1. Eh bien je n'ai pas été déçue du voyage car ce qui était censé me faire peur ou même me plaire m'a fait....rire! La version française me rappelle les mauvais doublages des Feux de l'Amour, transformés ici en Feux de la Mort pour la bonne cause.
Cela passe encore, je n'ai pas fait l'effort pour voir la série en VO, je ne peux que m'en prendre à moi-même.
L'action n'avance pas, les multiples histoires s'enchevêtrent dans un chaos qui rend le scénario faible voire inintéressant. Rien n'est fait pour accrocher le spectateur, à part un esthétisme glauque et victorien qui m'a séduite. Encore que je crois que je préfère passer des heures à regarder les peintures de Gustave Moreau ou les dessins de Félicien Rops.
Les références littéraires et artistiques ne manquent pourtant pas : Wilde, Shelley, Stoker et autres parangons de la littérature frénétique. Avec de tels piliers il y avait moyen, sans grande difficulté, de rivaliser avec La ligue des gentleman extraordinaires de Norrington, parfait médaillon de la daube sur pellicule. Je n'y ai pas retrouvé le ridicule américain, cependant je me suis profondément ennuyée, et je n'ai même pas été émoustillée par les scènes érotico-décadentes que j'aime tant chez un Péladan ou un Barbey d'Aurevilly.
En somme, cette série se veut représentative de l'esthétique décadente, avec une touche de Steampunk légère, mais elle ne fait que l'effleurer. Tout est trop lisse, en dépit du sang qui coule à flot et du sexe semé par ci par là. Je ne dis pas qu'il faille faire du sale pour le sale, cependant dans les oeuvres victoriennes ou françaises de ce XIXe siècle en proie aux questionnements existentiels, entre le scientisme et la volonté de s'élever d'un monde trop matériel, les artistes avaient su exprimer un idéalisme dans l'horreur, une fascination pour la Mort, le macabre et la Magie Noire (Huysmans...par exemple), or ici, ces thématiques sont balayées au profit d'accumulations d'historiettes brouillonnes dont le lien semble factice à la longue. La profondeur que l'on trouve dans A rebours de Huysmans, dans certaines nouvelles de Poe, ou même dans les passages les plus noirs des romans des soeurs Brontë doit pâlir à côté de cette série qui a la prétention de rendre hommage à tous ces maîtres.
Je me méprends peut-être sur la qualité de cette série, c'est pourquoi je tiens à continuer de la regarder jusqu'à ce que, vraiment, je n'en puisse plus. Mais la saison 1 me donne déjà une idée de mon opinion définitive. Je ferai un update, éventuellement pour venir infirmer ou confirmer ma chronique.
De plus les dialogues ont autant de vie que les yeux d'une huître après Noël. Je n'ai jamais vu autant d'échanges insipides entre des personnages qui ne savent pas ce qu'ils font, ni avec qui, ni même où ils vont. On dirait des être paumés dont l'effroi est surjoué, et donc mensonger. Je ne vais pas critiquer le jeu des acteurs ni même le casting, je ne m'en sens pas les compétences. Je trouve regrettable qu'avec autant de belles matières premières, le résultat soit si décevant et terne.
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