Person of Interest
6.6
Person of Interest

Série CBS (2011)

Critique rédigée après visionnage de l'intégralité de la première saison, contient quelques spoilers dévoilant les bases de l'intrigue révélés dans les premiers épisodes.

« Vous êtes surveillés. Le gouvernement a un outil secret: Une machine qui vous espionne chaque heure de chaque jour. Je le sais car ... Je l'ai construite. Je l'ai conçue pour détecter des actes terroristes, mais elle voit tout. Des crimes violents impliquant des gens ordinaires, des gens comme vous. Crimes que le gouvernement considère négligeables. Ils n'agiraient pas donc j'ai décidé que je le ferai, mais j'avais besoin d'un partenaire, quelqu'un avec les talents pour intervenir. Traqués par les autorités, nous travaillons en secret, vous ne nous trouverez jamais. Mais victime ou auteur, si votre numéro sort, nous vous trouverons. »

Débité par Michael Emerson (vu dans le rôle de Benjamin Linus dans LOST), ce monologue pendant le générique plante sommairement le décor et contexte d'une des meilleures nouvelles séries de cette saison 2011/12.

A New York, décidément toujours traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001, 2 riches amis philanthropes, Nathan Ingram (Brett Cullen) et Harold Finch (Michael Emerson) décident de mettre au point un programme qui récupérera TOUTES les données possibles (surveillance vidéo/audio, téléphonique, email et autre forme de communication électronique, base de données et tout autre fichier informatique en réseau autre qu'intranet, etc...), les recoupera et les analysera de manière complétement autonome pour prédire tout acte terroriste.
Après des années d'élaboration et de test par Harold, véritable génie de l'informatique, le programme, hébergé sur une colossale ferme de serveurs, est prêt. Nathan contacte alors le gouvernement, sans impliquer physiquement Harold afin que seul l'un d'eux ne soit lié à la Machine à leurs yeux, et propose de leur donner le résultat du travail de la Machine pour 1 dollar symbolique, mais sans en livrer "les clés", leur but étant uniquement de sauver des vies et non pas d'offrir aux services de renseignements les "droits administrateur" du Big Brother ultime, ces droits étant inaccessibles à quiconque y compris Nathan et Harold, une fois le programme de la Machine lancée "en prod".
Mais un effet de bord imprévu apparait. La Machine permet non seulement de prévenir des actes terroristes, mais aussi tout autre meurtre à venir, perpétré par et sur de simples citoyens. La quantité de données brassée par la Machine ne permettant pas de garder toutes ces informations, elle est configurée pour ne conserver que celles qui ont trait au terrorisme, les autres étant purgées toutes les 24 heures. Rongé par le fait que tant d'innocents vont tout de même mourir alors qu'il serait possible d'empêcher cela, le programme est alors modifié afin qu'il envoie vers l'extérieur des données pour protéger ces quidams, mais pour des raisons évidentes de sécurité et confidentialité vis-à-vis du gouvernement, ce flux d'information sera le plus discret possible, sous la forme d'un simple numéro de sécurité sociale qui identifiera soit la future victime, soit l'auteur du meurtre mais sans savoir lequel des 2, juste que la personne désgnée par ce numéro est impliquée.
2011, John Reese (Jim Caviezel), ex Spec Ops disparu des radars après que sa femme soit morte et qu'il ait quitté la CIA, vit en marginal tel un sans-abri, errant sans but à New York. Il se fait remarquer lorsqu'il corrige un groupe de pseudo-caïds et finit au poste de Police où travaille l'inspecteur Carter, une ex-militaire trés intégre que ce John Doe intrigue très vite. Mais le temps de passer ses empreintes digitales à l'ordinateur, John est déjà sorti par un avocat qui l'amène à Harold. Aujourd'hui considéré comme mort suite à, on l'imagine très vite, des événements orchestrés par le gouvernement, qui l'ont laissé quelque peu handicapé et ont couté la vie à Nathan, il veut toujours sauver les vies des innocents new yorkais mais n'en est pas capable, c'est pourquoi il fait venir à lui John Reese. Ensemble ils vont travailler dans ce but, en se cachant des autorités, se faisant des ennemis mais aussi des alliés, protégeant la Machine et leurs vies.

Voilà pour planter le décor...

Dans les faits, la série suit le classique schéma du « 1 épisode = 1 nouveau numéro de sécurité sociale » tout en distillant ici et là des éléments de fil rouge liés aux personnages principaux, leurs mystérieux passés respectifs, les menaces qui pèsent sur eux et la Machine. L'intrigue globale monte crescendo, la relation d'abord professionnelle entre Harold et John se mue petit à petit en amitié sincére basée sur un respect mutuel qui prend une tout autre dimension avec un cliffhanger de mi-saison magistral, puis les enjeux s'accélèrent jusqu'à un épisode final qui scotchera jusqu'au retour de la série pour sa seconde saison.
Le ton se veut réaliste, à l'instar des nouveaux Batman dont Jonathan Nolan, ici créateur de la série, opérait en tant que scénariste aux côtés de son frère. La réalisation est solide, les scènes d'action rappellent les films Jason Bourne dans le sens où il n'y a pas d'explosions à la moindre occasion. La distribution est juste, avec un Jim Caviezel toujours classe même en plein combat, au ton de voix calme et monocorde, tel un assassin badass. Michael Emerson, dans un rôle d'informaticien paranoïaque, à raison, nous rappelle parfois la bonne époque de LOST, surtout qu'il prononce forcément très souvent le prénom John, pour Reese, mais qui ramène les souvenirs de dialogues avec Locke. La musique est assurée par Ramin Djawadi qui fait du très bon boulot avec des thèmes qui collent parfaitement à l'action et qui restent longtemps en tête, mais ce ne sera une surprise pour personne tant ses précédents travaux sur Game Of Thrones ou Iron Man étaient bons. J'attends d'ailleurs impatiemment la sortie de la bande originale, la série utilisant aussi de bonnes chansons d'autres artistes.

On est très vite happé dans cet univers, le syndrôme « Murder of the week » est atténué car la Person Of Interest de la semaine peut aussi bien être la victime ou le tueur. De plus, on cherche aussi à connaître les passés de John et Harold, ce qui s'est passé entre Nathan, Harold et le gouvernement, mais aussi John, sa femme et la CIA, et ces éléments sont distillés suffisamment intelligemment pour nous tenir en haleine sur la durée, sans compter l'ajout de personnages qui viennent avec leurs arcs de plusieurs épisodes.
Bref c'est une série qui semblait montrer ses limites assez vite mais qui prend une tout autre dimension au fur et à mesure des épisodes, comme si l'équipe avait attendu les premières audiences et les grands sourires de CBS avant de développer leurs idées et nous embarquer.
Hyunkel07
7
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Créée

le 22 mai 2012

Critique lue 1.2K fois

4 j'aime

Hyunkel07

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4

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