PLANETES
Une semi-déception pour cette relecture tardive. L'intégrale me faisait baver depuis un certain temps et n'était plus disponible qu'à 100 Euros (et mon cul, c'est du poulet ?). Puis, miracle, advint une réédition à un prix abordable. J'avais tellement aimé ce manga en 4 tomes, à l'époque : l'ambiance, le trait et les personnages m'avaient ravi. Mais c'était il y a 15 ans, j'avais lu un peu moins de bds et de mangas -et surtout, aucun qui ressemble à celui-là- et l'offre, déjà conséquente, n'avait pas atteint le niveau actuel. Après tout, on ne perd sa virginité qu'une fois.
La lecture de la première histoire m'a refait redécouvrir le souvenir enchanté que j'en avais gardé, la deuxième un peu moins, la troisième (la nana énervée qui veut fumer sa cigarette) m'a amusé, sans plus; puis....puis tout cela s'effiloche. Alors même que la manga tient en main des idées fortes : le terrorisme, par exemple, ou la relation à une lunarienne, il n'en exploite véritablement aucune et se rabat sur un quotidien devenant assez rapidement sans saveur. Sans compter l'évolution de deux personnages clés : le revirement grotesque de Hachimaki devenant odieux sous prétexte de s'affirmer (trop vu, trop fait, et le tout mené sans subtilité ni réel intérêt) et, pire encore, celui de Fi. Cette dernière, mère de famille responsable se mettant à se comporter en ado attardée, appuie la révolte de son fils (qui lui met quand même un coup, bordel !) et s'attendrit pour son amour clairement excessif des chiens. Tout pour me mettre les glandes : contestations sytématique de l'autorité au sein de la famille, dérèglement du mode vie accepté comme revendication légitime, gentils nanimaux, mari évanescent qui demeure passif... Désolé mais, sauf dans quelques cas bien précis, ça ne passe pas, ça ne passe plus : j'estime qu'on nous beaucoup trop servi cette rengaine. Une révolte digne de ce nom doit s'appuyer sur des élémens plus tangibles. Celle engendrant la vague terroriste dont il est si peu question (et regardez qui comment ces attentats) alors qu'il y aurait eu un véritable filon à exploiter...Et ce n'est pas le père de Hachimaki dont j'avais conservé une image à la fois héroïque et burlesque (ma mémoire était ici plus fiable) qui suffit à sauver la mise. On tenait le matériau d'une épopée (oui, même avec des éboueurs de l'espace) on n'a au final qu'un produit moyen. On se console un peu en parcourant les pages et en constatant que l'ombre d'Otomo plane dans ces dessins. Mais l'émerveillement attendu n'est plus là.