Psycho-Pass
7.7
Psycho-Pass

Anime (mangas) Fuji TV (2012)

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A partir d’octobre 2012, les studios d’animation japonaise Production I.G déjà auteurs d’une excellente adaptation du manga Ghost in the Shell à travers la série en deux saisons, Stand Alone Complex, décide cette fois-ci de retenter le genre de la science-fiction au style cyberpunk avec une création originale. Le projet revient entre les mains de deux habitués du studio : Naoyoshi Shiotani, qui a fait un tour au département animation pour la production du Voyage de Chihiro et Katsuyuki Motohiro, producteur japonais qui sera également directeur de la production pour la première saison.


L’idée de départ de ce croisement entre Les Experts et le Japon s’inspire directement et en bonne partie du système de sécurité du pays du soleil levant qui est décrite par les japonais comme une des priorités nationales, notamment pour la lutte contre la délinquance et la criminalité locale. Et c’est à partir de cette base que Naoyoshi Shiotani et Katsuyuki Motohiro conçoivent Psycho-pass, un univers dystopique régit par un système automatisé décidant de l’avenir de chaque individu et de qui sera utile à la société, qui devra être mis sous les verrous ou abattu et quel est la place de tel ou tel individu : le système Sybil dont le jugement doit être appliqué, quand cela est nécessaire, par la sécurité publique dont les membres sont divisés en deux catégories d’agents, les inspecteurs et les exécuteurs, des criminels dormant condamnés par la société qui servent désormais de chiens de chasse.


Rien que ce genre d’élément dans Psycho-pass est loin d’être anodin car elle représente en grande partie la problématique qui sera mis en avant pendant cette première saison : une société ou les gens n’ont plus de libre arbitre et doivent se conformer à un système pour assurer la sécurité et la sauvegarde du Japon. A tel point qu’un rôle comme celui d’exécuteurs en devient dégradant pour ceux qui acceptent d’endosser ce rôle alors qu’ils étaient à l’origine condamné par la société. La prison à vie ou la servitude au nom d’une société qui nous condamne à la servir et à appliquer son système judiciaire sans qu’on n’ait le droit de dire quoique ce soit.


C’est justement le traitement du système judiciaire ainsi que des visions libérées par ses personnages qui donnent tout son sens à ce qu’on suivra : que ça soit les enquêtes terriblement macabre ou sanglant, des citoyens ordinaires voyant leur psycho-pass s’assombrir (signe indiquant qu’ils sont potentiellement dangereux) ou le complot au centre de toute cette première saison. Et cela passe particulièrement par trois personnages au centre du complot visant Sibyl et son système judiciaire carrément totalitaire.


La première c’est Akane Tsunemori, la jeune recrue de la brigade criminelle du bureau de la sécurité publique qui servira d’élément d’identification au spectateur. Considérée comme un élément important de la société par Sibyl et, comme souvent dans une série policière qui démarre, naïve de nature devant apprendre les rênes du métier et s’adapter à la dureté de son emploi d’inspectrice. Mais elle n’en devient jamais énervante et encore moins détestable au point de vouloir la baffer. Elle s’affirme autant que possible et se bat pour rester fidèle à ses principes et convictions vis-à-vis de la loi en attendant des jours meilleurs pour la société dans laquelle elle vit. L’identification avec Akane est très forte et cela est bien aidé par les rapports qu’elle entretient au sein de la brigade : qu’elles soient amicale avec Masaoka le vétéran, Kagari le plus jeune exécuteur du groupe et Shinya Kogami ou rivale et en conflit d’opinion avec l’inspecteur Nobuchika Guinoza (lui-même un cas intéressant à connaître).


Le second ce sera Shinya Kogami, l’exécuteur de cette même brigade mais à l’esprit d’enquêteur pointu qui influera sur Akane Tsunemori.


Un inspecteur qui s’est vu rétrogradé malgré lui passant du statut de citoyen normale à celui d’une menace à conditionné pour le bien de la société, limitant son champ d’action afin d’en finir avec l’enquête le rongeant depuis 3 ans. Ce dernier, ne pouvant appliquer la justice qu’il considère comme juste par rapport à la vision de Sibyl, fera finalement cavalier seul pour devenir un détective solitaire usant de la seule forme de justice : celle qui est personnelle et n’est restreint par aucune convention (à fort juste titre dans le contexte ou évolue l’univers de Psycho-Pass).


Et le troisième n’est autre que


le grand antagoniste de cette première saison,


Shôgo Makishima beaucoup plus complexe qu’un simple psychotique cultivée manipulant les gens pour les pousser à réveiller leurs pulsions meurtrières.


Cas à part dans la société ou son état mental est insensible aux armes phares de Sibyl, Makishima se montrera néanmoins être un humanisme jugeant le système Sibyl comme un somnifère détruisant toute humanité à la société dans laquelle vis les membres de la société. Et concluant que les membres de la société doivent laisser cours à l’expression de leur émotion sans être conditionné par toute forme de technologie. Et pour lui, ce chemin passe inévitablement par le chaos minutieusement orchestré.


Le déroulement ainsi que l’écriture de ces trois protagonistes restent habilement mené jusqu’aux dernières minutes de cette saison, et la noirceur du système et, ironiquement, son inquiétant réalisme n’en seront que renforcé à travers les enquêtes sordide et lugubre. Cette froideur est décuplé par une scène particulièrement perturbante,


l’agression à coup répété d’une femme sous le regard des gens ne réagissant pas sauf pour partager la scène sur le net, tous aveuglé par cette société qu’ils croient irréprochable et n’ayant plus conscience de la gravité d’un crime lorsque celui-ci se produit sous leurs yeux.


Le style visuel animé de Psycho-Pass, est d’ailleurs de toute beauté et éclatante tant dans sa brutalité que dans ses décors (l’univers virtuel ainsi que la fantaisiste des avatars virtuels en est un bon exemple bien que passager dans la série) avec une bonne gestion des éléments 3D incrusté aux décors en 2D, plus que dans Ghost in the Shell : Stand Alone Complex (les prouesses de la technologie certes). L’animation se montre même plus réaliste que dans d’autres séries d’animation japonaise à travers le chara-design des personnages, plus simple mais qui restent très soigneux dans la forme et les tenues portées par ceux-ci. Et la série s’en sort bien lorsque l’action se manifeste sous nos yeux ou qu’elle fait dans le sanglant et qu’elle pousse la violence à un certain stade dans certains épisodes.


Un fil rouge s’installe dés l’épisode 4 en passant par plusieurs forme de crime et aussi un traitement appréciable d’antagonistes secondaire plus ou moins fidèle à l’idéologie de Makishima ou tout simplement manipulé. Que ce soit un obsédé des avatars charismatique virtuels ou une étudiante d’école modèle qui ne sera pourtant pas dénué d'humanité. Chacune des enquêtes étant minutieusement écrite, élément par élément et permettant de mettre en œuvre l’intellect des principaux protagonistes lorsque ça n’est pas Makishima qui s’amuse à citer des phrases célèbres de romans ou d’écrivain.


Mon seul regret, c’est que cette série délaisse une ou deux directions qui auraient été intéressant de développer davantage. Comme la cybernétisation de la population afin de rallonger leur durée de vie qui aurait pu être une forme d’influence intéressante sur le psycho-pass des gens puisqu’on déshumanise physiquement le corps humain et qu’on aurait pu imaginer un impact sur l’état mental de certaines personnes plus ou moins sensibles ou susceptible. Ainsi qu’une bande-originale moins inspiré et prenante que dans d’autres animés japonais, elle reste de bonne qualité dans l’ensemble avec parfois un beau saut en qualité mais devient finalement plus anecdotique que le reste de la série extrêmement riche psychologiquement que visuellement.


Psycho-Pass, en l’espace d’une saison seulement, a acquis une énorme fanbase en plus d’avoir eu un succès retentissant au pays du soleil. Et je suis bien loin de cacher que je suis vite devenu un gros fan inconditionnel de cette série : en particulier pour ses thèmes intelligemment servi et traité tout du long, et pour son héroïne gagnant de la présence au fil de la série (sérieux, j'adore sa petite frimousse). Une licence qui aura droit à une seconde saison plus brève et à un long-métrage pour la conclure.

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