Puella Magi Madoka Magica par Antevre
L'animation japonaise trimballe une assez mauvaise image.
Pour nous pauvres occidentaux (mais pas seulement), c'est un monde de robots géants, de préadolescentes hypersexualisées, de tas de muscles huilés qui s'envoient des mandales laser, bref, le sommet de ce que la société de consommation peut faire pour exploiter la jeunesse décérébrée. Et bien évidemment, nous avons tort, parce qu'on est incapables de voir au-delà des apparences. Notre art se rengorge de son sens, de sa qualité esthétique, de sa profondeur, mais en réalité depuis un bout de temps déjà la plupart de notre production culturelle se contente de littéral. Et le littéral, c'est la mort de l'intellect.
Cependant, c'est vrai que tout n'est pas bon au pays du soleil levant. Les magical girls, ce sont ces filles aux pouvoirs magiques qui sauvent le monde de tout et n'importe quoi, généralement de menaces débiles inventées par des cerveaux en manque d'inspiration. Un "genre" du manga et de l'anime qui enseigne aux préadolescentes qu'une fille doit être dévouée, habillée pour séduire et doit vivre dans un monde détaché de la réalité. C'est con et pervers, oui, et en plus ça vise même souvent un public masculin douteux à grands renforts de plans "pantsu". Et... Puella Magi Madoka Magica, ça n'a pas grand chose à voir. C'est un anime qui ne prend pas son public pour des abrutis, peu importe de qui il s'agit.
Dans un Japon contemporain (très légèrement futuriste, surtout pour donner une touche unique à l'esthétique), Madoka et ses amies croisent la route de Kyubei, une bestiole qui leur apprend l'existence des Mahou Shoujo, les magical girls, des jeunes filles dotées d'un grand pouvoir et de la mission de combattre des sorcières (Majou, ce qui a un sens mais je ne raconterai pas cela ici), sorte de matérialisation des vices humains. Kyubei leur propose de passer un contrat afin de devenir des Mahou Shoujo, activité très dangereuse, en échange de quoi il exaucera leur voeu le plus cher...
Le tour de force de PMMM (oui je vais pas le réécrire quinze fois pour vos beaux yeux hein), c'est d'être tout public. C'est dur, c'est parfois salement intello, mais c'est accessible et intelligent, regardable de 7 à 77 ans sans le moindre problème (pour les plus âgés... bon, on va dire que ça ira aussi :p ). Parce que PMMM, c'est plein de thèmes forts. C'est une plongée métaphorique dans la thématique du passage à l'âge adulte d'une jeune fille, avec les défis particuliers qui l'accompagnent. Dès le début de la série, on sent que quelque chose ne va pas. Le monde rose bonbon de Kyubei ne semble pas si manichéen que cela. Et de fait, on comprend très vite l'essentiel de l'intrigue. C'est peut-être la seule faiblesse du scénario : très convenu. Mais pas pauvre pour autant. La réponse que la série apporte... c'est qu'il n'y a pas de bonne réponse. Chacun fait ses choix,pour ses propres raisons. Maintenant, j'ai parlé du fait que le scénar était convenu... mais quand j'ai dit que c'était le seul défaut, j'ai été un peu excessif. La fin. La fin est médiocre, facile, et finalement assez peu en accord avec l'ensemble. J'aurais préféré quelque chose de plus couillu, à la Gurren Lagann. D'ailleurs, puisque j'en parle, PMMM partage avec les productions Gainax un certain goût pour la métaphysique, sans toutefois posséder le même esprit iconoclaste. Mais je constate que je m'éparpille déjà. En bref, d'un point de vue du scénario, c'est du très bon : c'est riche, c'est mûr, c'est éloquent, on peut juste reprocher la fin qui sent la couardise et la trop grande prévisibilité de l'ensemble.
Point de vue artistique. Ouais, c'est excellent, bien sûr, bien que peut-être un peu trop facile (je pense aux sorcières et à ce qui les entoure: c'est un festival visuel, mais c'est quand même assez consensuel, ça manque d'audace). Beaucoup de goût dans les couleurs, notamment. Animations peut-être un peu faibles, bien que je prenne cela surtout pour un parti pris. Ce qui m'a surtout accroché, c'est la bande-son. Elle est vraiment remarquable, et c'est à mon sens elle qui donne une vraie identité à l'ensemble, sans en avoir l'air.
Je n'irai pas plus loin. PMMM m'a moins marqué que d'autres, mais je salue la haute qualité qui en fait un incontournable absolu. J'ai pu paraitre dur sur certains points dans cette critique, mais je considère qu'on a là un anime qui joue dans la cour des grands, il doit donc être traité comme tel. Et force est de constater qu'il est juste un peu trop complaisant que pour être parfaitement honnête. Toutefois, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit. J'ai vraiment apprécié les 12 épisodes, à recommander à tout le monde !
