Une Magical Girl qui crache dans la soupe?
Mettons les choses au clair tout de suite: NON, Puella Magica Madoka ne révolutionne aucunement le genre "Magical Girl" dans le fond. Si révolution il y a, c'est clairement dans la réalisation, les magical girls étant jusqu'alors cantonné à une réalisation/design tout public mais ça s'arrête là.
J'ai essayé au maximum de ne pas spoiler mais on ne sait jamais...
Les Magical girls nous ont déjà gratifié d'épisodes bien sombres sous leur dehors rose bonbon - inutile de rappeler la fin de Minky Momo (Gigi) que ce soit dans sa version 80 ou 90; quelques épisodes de Sailor Moon (mais si, le 45 par exemple pour ne citer que lui); la fin de Nurse Angel Ririka SOS (série hautement négligeable au demeurant); Mai Hime et quelques autres séries à droite à gauche.
Et c'est là où Madoka se plante sur toute la ligne. En voulant jouer la carte du drame, la série perd tout ce qui fait l'intérêt de la Magical Girl: l'alternance de fun ET de sujets plus graves. La subtilité en somme (subtilité toute relative dans les "vraies" magical girls). Là QUE du drame, c'est un peu lourdinge: les persos sont torturés, tristes, chouinent... C'est franchement irritant par moment.
Madoka ferait presque passer Usagi (Sailor Moon) pour une battante!!! En outre, la série souffre d'une caractérisation très pauvre: Madoka pleure et fait chier jusqu'au dernier épisode. Sayaka et Kyoko n'ont aucune ligne de conduite (mais j'aime bien Kyoko cela dit) sans parler d'Homura, la torturée. Cette dernière tire néanmoins son épingle du jeu grâce à l'épisode flashback lui donnant un poil plus de consistance mais trop tard dans la série pour réellement être efficace. Reste Mami au statut culte dû à son sort qui a marqué (ce qui confirme que les gens restreignent les Magical Girl à un "tout le monde est beau, tout le monde est gentil et j'envoie des coeurs partout" , la seule différence c'est que ça se passe si tôt dans la série. Point.)
Là où, personnellement, la série se sauve c'est dans sa fin. Oui, celle qui a beaucoup déçu semble-t-il (non, je ne fais pas exprès d'être à contre-courant) où cette gourdasse de Madoka, enfin, sert à quelque chose et ce à tous les niveaux de lecture. Au sein de la narration mais aussi dans la portée de la série que je prends comme un aveux des créateurs, un mea culpa du style "on a voulu jouer avec les codes - sans y parvenir - mais on connaît l'essence véritable de la Magical Girl et on réconcilie notre héroïne avec sa famille sur laquelle elle a chié de manière éhontée tout du long".
Lu comme ça, on pourrait croire que je n'ai pas aimé la série mais ce n'est pas le cas. J'ai beaucoup apprécié (en passant au dessus du manque de charisme des persos). C'est plus tout ce qui a entouré la série qui m'a légèrement gonflé ( vous l'aurez compris le "magical girl qui n'a rien a voir avec une magical girl" ect...). Je trouve par contre très bien pensé de jouer sur l'activation de Madoka et l'attente que ce statut suscite auprès du public (on la voit de partout en Magical Girl de l'opening à toutes les images promotionnelles et au sein de la série, rien, ou presque).
Bref, Puella Magica Madoka n'a rien de révolutionnaire mais se suit sans déplaisir en la prenant pour ce qu'elle est: un bon divertissement et souhaite franchement que Puella Magica Madoka reste un cas isolé et non pas la nouvelle norme de la Magical Girl comme Sailor Moon a pu l'être en son temps.
Ah, j'allais oublier: franchement, faire de grandes femmes historiques des Puella, c'est amusant mais hautement sexiste...