Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le punk et que vous ne saurez toujours pas.

... ou comment un mouvement anti-système se fait quand-même digérer par le système ?

En 3 heures, ce documentaire arrive à passer à-côté de son sujet en restant focalisé sur les toutes grosses têtes d'affiches, sur ce qui a percé au hit-parade tout en passant à la trappe la culture DIY et ses nombreuses déclinaisons underground.

Les 4 "épisodes" nous présentent une chronologie américaine (assez incomplète!) qui fait un petit détour en Angleterre et par la suite au Canada mais qui reste essentiellement centrée aux usa. On passe ainsi des précurseurs (MC5, the Stooges, ...) aux groupes cultes (Ramones, Damned, Pistols, Clash ...), puis par le virage au Hardcore (Black Flag, NOFX,...) pour finir avec le Grunge (Nirvana) et les gros succès commerciaux (Green day). "Punk made in usa" aurait sans doute mieux collé puisque tout ce qui s'est passé en Angleterre au-delà de l'impact direct des Ramones et mis à part le succès des Sex-pistols, reste sous silence.

Des groupes comme Devo avec ses riffs tranchants et the Residents avec une toute liberté harmonique et une joyeuse folie furieuse, proposaient depuis le début des '70s, des autoproductions et des live complètement déjantés et iconoclastes qui figuraient parmi les germes américains sans qu'on y trouve la moindre allusion.

On a donc ici qu'un très vague aperçu de la culture DIY ou des anarcho-punks, se focalisant plutôt sur le phénomène de mode. Car le docu préfère nous emmener jusqu'en 1995 chez les skaters californiens qui écoutent du punk à la radio plutôt que dans les squats européens où des petits groupes se produisent ! Il n'y a pas d'allusion au collectif CRASS et aux nombreux groupes produits par leur label ou aux nombreux labels indépendants qui se sont créés, alors que dès la fin des '70s, partout à travers le monde émergeaient des formations emblématiques et significatives. Pas d'allusion au fait qu'à l'époque, le service militaire obligatoire était un enjeu suffisant pour que les jeunes prennent la fuite dans la clandestinité à rejoindre des tribus de zazous survivalistes d'avant l'heure...

Tout ce facteur idéologique n'est pas développé du début à la fin même si chaque intervenant/e est plein/e de bonne volonté et d'anecdotes, ces gens sont aujourd'hui apparentés au show-business, celui-là même qui les répugnait au temps qu'ils/elles évoquent avec plus ou moins de nostalgie. Pendant que ces vieux clowns consommateurs de teintures fluo et machins à clous se gargarisent d'avoir été là quand et où ça se passait, il y a encore et toujours des petits groupes punks qui font des live devant des punks dans des squats et fêtes et festivals... Puis il y a toute une culture qui a fait son chemin dans l'underground et qui reste à mes yeux la continuation ou l'héritage du mouvement punk, dont ironiquement ce docu ne semble pas avoir conscience.

L'héritage du punk n'est pas "une super musique qui fout la patate avec un son tranchant" mais une invitation à se lancer dans un groupe, qu'il soit musical ou autre ! Ça dit "n'attendons pas qu'on nous créé des événements, soyons les événements".

Donc pour moi, ce docu se plante, soit en enfonçant le clou, soit en noyant le poisson...