//LET'S PLAY "Re : Zero" PS5 (je fais que mourir omg ce jeu est trop dur)//

D-/R-/S-
(gros pavé incoming)
1/ Le positif : l'animation est bien et la musique de la sorcière est exceptionnelle (d'ailleurs cette musique porte souvent à elle seule les moments de tension de la série)
2/ Mais j'avais l'impression de regarder un gamer insupportable monter des niveaux pendant 25x20 minutes, et pas vraiment de suivre une histoire. Les raisons : d'abord le caractère du personnage principal est construit exprès sur le stéréotype du gamer no life égocentrique macho adepte de harem (ce qui est d'ailleurs une des meilleurs idées de la série, si seulement l'exécution de l'idée était pas aussi éclatée), et ensuite le concept du point de sauvegarde (mort->recommence au point précédent ; qui est dur à gérer parce que forcément comme on sait que les perso peuvent pas vraiment mourir sur le long terme c'est plus difficile de construire de la tension efficace, mais par exemple dans all you need is kill ou un jour sans fin c'était bien construit parce qu'on sent la détresse psychologique liée à l'oubli systématique des relations émotionnelles construites avec les autres personnages ; là on change de point de sauvegarde dès que ça arrange l'intrigue ce qui permet de se débarrasser du problème puisque dès le "niveau" suivant les personnages se souviennent de leur relation avec subaru), et dernière raison -la pire-, le fait que les personnages secondaires n'aient aucune vie autonome en dehors de subaru, mais on va détailler ça dessous.
3/ Le problème de Subaru. Attention, le problème n'est absolument pas son caractère insupportable, qui est volontaire et justement une très bonne idée pour renverser les habitudes du genre. Le problème vient des personnages secondaires (en fait tous les autres personnages), qui n'ont pas du tout une réaction naturelle devant un caractère aussi horrible. Tous semblenent adorer Subaru super rapidement sans aucun commentaire sur son comportement hallucinant (sauf un peu dans la deuxième moitié de la saison mais ça intervient beaucoup trop tard ; et sauf Rem et Ram qui veulent juste le tuer au début parce qu'il "pue" mais rien à voir avec son caractère qui au contraire finit par les persuader qu'il est une personne adorable et digne de confiance -??-). Ces relations irréalistes ont un effet désastreux sur les personnages qui deviennent aussi peu naturels que des PNJ (et qui renforcent l'idée de jeu vidéo) et empêchent de les comprendre. Et comment s'attacher à des personnages dont on ne comprend ni les motivations ni les réactions?
4/ C'est gore et trash, ça veut envoyer de l'horreur, tuer ou malmener ses personnages pour nous faire ressentir des émotions fortes. Sauf que pour réussir une bonne recette du genre (comme par exemple chez certains de ses grands frères code geass, snk, a song of ice and fire, parasite, le roi lion -oui c'est un traumatisme unique mais réussi-), il y a 2 ingrédients indispensables qui sont absents de re zero : l'attachement fort aux personnages qui subissent (la mort ou autre événement capable de hérrisser les poils), et le côté irreversible de l'événement (ce qui signifie un changement radical dans la dynamique de l'histoire, des personnages par l'absence de quelque chose qui était présent au début). Et là c'est le problème du point de sauvegarde qui est un concept fondamentalement incompatible avec ce type d'histoire à rebondissements puisque rien n'est irreversible. Les histoires avec point de sauvegarde réussies ne dépendent pas de ça mais d'autres enjeux plus adaptés au concept. Par exemple la perte d'affect du personnage devant des événements habituellement choquants mais qui deviennent fades et répétitifs avec le recommencement (ex un jour sans fin, steins gate, 100 ans de solitude). Subaru semble au contraire de plus en plus choqué avec les répétitions, à l'inverse de nous qui sommes de plus en plus blasés par l'habitude : ce qui crée un décalage.
5/ Les dialogues sont parmi les plus niais et superflus de tout ce que j'ai pu voir ou lire. On pourrait couper les 3/4 de tous les dialogues et garder l'information suffisante pour suivre l'intrigue. Il doit probablement exister dans les règles implicites de l'écriture un principe de parcimonie qui dit que tout dialogue doit avoir un but (même juste faire rire ou créer du lien ça suffit comme but). Là Parcimonie est partie au ski. On a des tartines de dialogues plats qui répètent mille fois la même chose sans aucun ajout de l'un sur l'autre (pas d'humour dans re zero, pas de petite phrase philo, juste le vide et des périphrases, mention spéciale à l'épisode de la déclaration de Rem qui pendant 20 minutes tourne comme un disque rayé sur du niais plat).
(Conclusion : je parle de parcimonie et j'écris un pavé, c'est bien la preuve que les critiques sont des gens aigris qui ne respectent pas leurs propres conseils et que toute oeuvre est au dessus de ça. Je voulais juste comprendre pourquoi je suis resté en dehors alors que cette série est autant appréciée. Pour moi, certaines histoires fonctionnent et d'autres pas, donc comme pour Eragon, je vois ça comme un beau exercice sur ce qu'il ne faut pas faire en écriture de scénario.)