De ma jeunesse, je conserve de très jolis souvenirs. Et si je devais en garder une seule image, ce serait sans nul doute Les Chevaliers du Zodiaque, version Club Dorothée. Comme je garderai sans doute en mémoire ma première figurine de la gamme, un Shiryu V2 lancé en France avant même la diffusion de la story arc Asgard.


Tout cela pour vous dire que, pour le masqué, Saint Seiya, c'est THE série animée. Sa préférée. Sa Sacred Saga. Celle qu'il suivait avec ardeur. Celle qui était enregistrée alors qu'il devait sacrifier aux obligations d'un autre dieu qu'Odin ou Poséidon. D'ailleurs, sa super attaque ultime, dénommée "Mercredi's Catéchism" avait pour propriété de me téléporter de devant ma télé vers un lieu appelé "église". Une attaque vicieuse, si vous voulez mon avis.


Devenu plus grand, le masqué avait prolongé son plaisir en se procurant les DVD de sa série fétiche, puis s'était ensuite posé sur les ramifications ultimes des sagas Hadès, Inferno et Elysion, qui lui avaient fait découvrir de nouveaux ennemis qui pétaient grave la classe avec leurs superbes armures en forme de char d'assaut. La magie était ravivée, même si elle n'avait pas la saveur de l'originale, surtout avec sa colorisation par ordinateur typique des animés actuels, parfois criarde, parfois laiteuse, en tout cas jamais nuancée.


Par contre, Behind a pleuré des larmes de sang quand il a fait connaissance avec Saint Seiya Omega. Au point de mettre un contrat sur la tête de ceux qui avaient participé de près ou de loin à cette immondice qui piquait les yeux. Le masqué avait en effet crié à l'insulte et à la profanation de sépulture devant l'aspect Naruto Pokemonite de l'objet du délit, inscrit dans un monument et un tournoi Harry Potter aux graphismes tout simplement hideux. La seule nouveauté intéressante, celle des armures affiliées à un élément, était sous exploitée dans des combats qui auraient pu donner quelque chose d'agréable. Mais non. Ainsi, de Saint Seiya Omega, Behind en garde de lourdes séquelles après avoir résisté pendant quatre épisodes de supplice et de torture. Ses yeux brûlés dans l'aventure nécessitent encore aujourd'hui des soins à base de gouttes de collyre pour les soulager. Cela expliquera peut être pour certains sa généreuse notation sur le site de certains navets, allez savoir...


Encore traumatisé par l'expérience de vivisection, j'abordais donc de manière plus que méfiante ce Soul of Gold, série parallèle à l'aventure des Bronze Saints en terre d'Elysion. Mais je cédais cependant au chant des sirènes et à la douce voix d'Athéna, cette perfide qui me soufflait à l'oreille d'acheter le double DVD qui trônait sur les rayonnages de mon enseigne culturelle préférée. Allez, je tente l'expérience...


Les premiers épisodes déçoivent méchamment. En effet, le scénario lambine et met en scène certains chevaliers d'or dans une vie civile qui les démythifie totalement et castre leur aura. Aphrodite en fera d'abord les frais. Mais c'est finalement peu étonnant, vu que ce personnage a toujours été le plus négligé dans l'univers des Gold Saints. Ici, dans Soul of Gold, a force de clichés et de poncifs rances, il fera largement passer Shun pour un sommet de virilité, c'est dire. Mais c'est surtout Masque de Mort qui y perd le plus, réduit à l'état de poivrot accro au jeu qui s'envoie des pintes dans le seul troquet ouvert d'Asgard. Ces premiers épisodes sont aussi atteints de certaines carences assez difficiles à avaler. Comme ce graphisme qui s'avère en plus d'une occasion bien sommaire dès qu'un personnage passe en plan moyen. Et quand il s'éloigne un peu plus, on frôle la cata : les traits du visage disparaissent tandis que les somptueux détails des armures se font la malle, le tout dans une animation qui se résume à deux poses alternées. De quoi dans un premier temps regretter l'achat.


Heureusement, Soul of Gold s'améliore scénaristiquement et techniquement au fil des épisodes, dès que les Saints quittent cette vie civile asgardienne insipide. Il propose aussi au nostalgique que je suis un fan service de tous les instants. Et dès que nos chevaliers d'or endossent leur armure, le miracle semble s'accomplir car la série renoue, par instant, avec le charisme des personnages qu'elle met en scène. Si ce n'est, encore une fois, cette mise en couleur assez artificielle qui choque les yeux de l'enfant enfoui au fond du coeur de celui qui suivait la série originale.


Mais si la série s'améliore par la suite, elle tombe cependant dans certains pièges malheureux. Ainsi, si sa volonté de renouer avec l'ère d'Asgard séduit, le fan ne pourra que constater qu'on lui sert parfois un peu de réchauffé, avec des relations entre les personnages parfois artificielles, du genre "j'ai côtoyé untel, je suis le frère de trucmuche". Les nouveaux ennemis, eux, sont presque tous anonymes et n'ont en aucun cas l'aura des guerriers divins de l'arc originel. Quant au design de leurs armures, il se montre assez peu inspiré et on constatera qu'ils ont choppé au passage le goût du maniement des épées. Le tout fera penser fugitivement qu'ils sont tout droit sortis de certaines OAV type Les Guerriers d'Abel ou La Guerre des Dieux.


Côté combats, les 13 épisodes de la saga semblent avoir nécessité qu'on taille dans le vif. Ainsi, ils seront parfois expédiés sans autre forme de procès, même s'ils ménagent leur lot d'armures en pièces, de sacrifice, de sens de l'honneur ou de prises de conscience tardives, véritable marque de fabrique de Saint Seiya. Le scénario semble parfois atteint du même genre de symptômes : il utilise en effet certains raccourcis qui laissent pantois, comme l'entrée en scène de Shaka dans l'arène, qui débute un épisode et donne furieusement l'impression d'en avoir raté un. Ou encore le combat de Dohko, presque totalement passé à la trappe. Au point que des images absentes de la série figurent souvent dans les prologues des différentes parties de l'aventure.


Mais ces défauts, curieusement, le fan que je suis en a fait fi, parfois. Car avec les chevaliers d'or, on retrouve un peu de la magie bienveillante de l'enfance, ainsi que certaines figures que l'on aurait cru ne plus jamais voir combattre. Parce que, aussi, la mythologie Saint Seiya est là, quoi qu'on en dise. Oui, certains personnages sont sacrifiés, comme Milo. Mais au bout du compte, leur aura de chevalier d'or, elle perce quand même dans Soul of Gold, malgré les carences. La série utilise enfin les recettes immuables : celles de la salle à passer, de l'artefact à détruire pour avancer, le plan des persos en train de courir dans des escaliers infinis en moins.


Dommage cependant, enfin, que la fin s'enfonce dans des travers assez grossiers, qui s'expriment dans ces manipulations contrecarrées par d'autres manipulations et des jeux de dupes assez stériles, ponctués de rimes à la sauce "tralalalalère" en forme de pied de nez puéril. Il y a aussi cet affrontement à la lisière du portnawak, à base de partie de flipper aérien, ou encore ces astuces scénaristiques sorties de nulle part pour faire revenir tout le monde. Mais tout cela amène à un climax en forme d'énorme gangbang guerrier, qui donne l'occasion à nos chers Gold Saints d'accéder à leur superbe armure divine, véritable fantasme de fan devenu réalité.


Je donne certainement l'impression de me contenter de peu. Peut être. Mais au final, Soul of Gold, quoique hautement imparfait, se révèle de manière étrange attachant, et capable de renouer avec,voire d'exalter, en pointillés, certains éléments de la série originelle. Et il donne aussi envie, surtout, de se replonger dans des bribes d'une enfance heureuse et magnifiée. L'investissement dans le double DVD n'aura pas été vain.


C'est toujours ça.


Behind_the_Mask, qui ne jure que par les météores de Pégase.

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le 22 oct. 2016

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