Samurai Champloo
8.2
Samurai Champloo

Anime (mangas) Fuji TV, Animax (2004)

Vous avez dit "politiques de la fiction"?

Avant toute chose, j’aimerais dire que je ne connais pratiquement rien à l’histoire et à la culture japonaise. Que tchi. Si j’écris des conneries dans cette chronique hésitez-pas à me le signaler. J’ai regardé Samurai Champloo par curiosité, d’abord parce que j’avais bien aimé Cowboy Bepop, premier fait d’arme notable de Watanabe, et ensuite parce que j’aime beaucoup Nujabes, qui a participé à la bande son de Samurai Champloo.


Deux semaines après avoir commencé cette série, j’écris ces quelques lignes pour partager ce qui selon moi fait tout l’intérêt de Samurai Champloo pour des personnes qui comme moi ignorent tout de la culture japonaise.
Samurai Champloo associe avec brio les codes des représentations des samouraïs avec les codes du hip-hop : la bande-son, omniprésente, est produite/interprétée par Nujabes, Fat Jon, entre autres, c’est-à-dire des poids lourd de la scène hip-hop japonaise.

Cette association entre culture occidentale et culture japonaise est le point de départ de toute la série : Samurai Champloo mêle habilement intrigue purement fictive et narration historique. L’action se déroule fin XIXe siècle : à l’époque une politique d’isolation nationale est en vigueur au Japon, et toute tentative d’incursion européenne sur le territoire est combattue Le pouvoir en place (le shogun, c’est bien ça ?) réprime les chrétiens, accusés d’avoir mené des campagnes d’évangélisation pour s’enrichir (on peut faire ici un lien entre religion et capitalisme), repousse les navires américains et pourchasse les représentants de commerce. Pourrait-on alors interpréter le choix de rythmer une histoire de samouraïs avec du hip-hop comme un pied de nez de Watanabe aux occidentaux qui regarderont sa série avec leur regard d’occidentaux ?


La représentation des relations entre le Japon et l’Occident dans Samurai Champloo est celle d’un point de vue japonais : le regard européen sur le Japon est moqué (dans l’épisode 6), la politique impérialiste des ricains tournée au ridicule (épisode 23) : en bref Samurai Champloo est une belle occasion de parler d’appropriation culturelle, et des raisons économiques qui l’engendrent.
La fin de l’ère Edo (1868) correspond aussi plus ou moins à la fin de l’âge des samouraïs, ces guerriers qui maîtrisent le sabre comme sonne-per et suivent un code d’honneur super tendax, le bushido. Samurai Champloo raconte la fin de cet âge d’or, où les samouraïs sont dépassés par l’arrivée des armes à feu par exemple. En somme, des guerriers qui n’ont plus leur place dans les combats de cette nouvelle époque. Le choix de personnages plutôt solitaires, marginaux, et furieusement indépendants (comme ceux de Cowboy Bebop d’ailleurs) colle parfaitement à cette représentation historique.
Par ailleurs on apprend beaucoup de choses dans Samurai Champloo sur un tas d’éléments de la culture japonaise : les geishas, les ninjas, les prêtres guerriers, la bouffe, l’art graphique, musical, dramaturgique, j’en passe. Tout ça est d’ailleurs présenté de manière somptueuse.

En somme, Samurai Champloo a été pour moi une claque esthétique, et a pas mal bouleversé les stéréotypes que j’avais sur le Japon, filtrés par la représentation occidentale qui est faite de ce pays.

P1ngou1n
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 janv. 2018

Critique lue 644 fois

3 j'aime

P1ngou1n

Écrit par

Critique lue 644 fois

3

D'autres avis sur Samurai Champloo

Samurai Champloo
Velvetman
10

A la pointe de la falaise, se trouve le malaise du tournesol.

Pas le temps de respirer, le générique donne le tempo. Immédiatement, l’osmose est là. Au gré des beats hip hop old school de Nujabes et du flow ravageur de Shing02, Samurai Champloo se dévoile...

le 16 mars 2015

109 j'aime

7

Samurai Champloo
Brume_Ondeblois
5

La fine fleur... fanée.

Attiré par l'esthétique bigarrée, la notoriété de la série et le nom pour le moins particulier de la chose, je me suis attaqué en deux jours à la série Samuraï champloo. Au final j'en retire une...

le 28 juil. 2013

45 j'aime

2

Du même critique

Magma
P1ngou1n
8

Moby Dick entre deux eaux

Ce sont surtout les mâles (cachalot adulte par exemple) qui effectuent de longues migrations, en quête d'une partenaire après avoir fait le plein de nourriture. Les femelles sont moins...

le 16 juin 2016

42 j'aime

3

Stare Into Death and Be Still
P1ngou1n
8

La lumière noire dans la tempête

J’aurais pu associer les réflexions qui suivent à d’autres albums sortis au cours des derniers mois. Mais le 6e album d’Ulcerate me permettra très bien d’illustrer mon propos : C’est avec des...

le 2 nov. 2020

20 j'aime

1

哀郢
P1ngou1n
9

Black Krillin

Je connais très peu le metal asiatique. Mis à part quelques tarés japonais, quelques obscurs groupes de death taïwanais, et quelques groupes plus connus tels que Chthonic ou Tengger Cavalry, je n’ai...

le 30 janv. 2016

16 j'aime