Samurai Champloo
8.2
Samurai Champloo

Anime (mangas) Fuji TV, Animax (2004)

J'ai vu cette série en trois fois. La première partie chez un jeune cousin qui voulait être à la page, ce qui m'a incité à considérer qu'en dessous de dix huit ans, on est prêt à regarder n'importe quoi pour faire comme tout le monde ( 20 ans et déjà vieux con, mon but dans la vie est atteint ). La seconde partie chez un ami animophile, ce qui nous a laissé quelque part entre l'hilarité goguenarde et l'incompréhension la plus crasse. La troisième chez moi tout seul, car on m'avait conseillé de persévérer. Depuis, je ne suis plus les conseils.
L'impression que j'en retire est... disons... mitigé. Voilà. Entre "Ha ha, n'importe quoi" et "y avait il quelqu'un pour écrire le scénario ?".
Par ou commencer ? Disons les personnages, tiens. Au nombre de cinq ( ceci est à peine une blague ), ils marquent l'esprit par le fait qu'ils sont des stéréotypes sur pattes, plus qu'aucun anime Japonais n'avait osé m'en présenter, et ce n'est pas peu dire. Un type grossier, vindicatif et un peu idiot avec un coeur d'or, un type sévère, altier, taciturne avec des lunettes ( qu'il passe son temps à remonter ) avec un coeur d'or, et une.. fille, que je soupçonne d'être ondine de pokémon qui s'est teint les cheveux, qui adore manger. Voilà pour la fine équipe de personnage principaux. A quoi on rajoutera un chevalier qui sent les tournesols, dont vous révéler l'identité serait vous priver de la déception qu'il représente, et le chef des assassins, qui est ( ô miracle ) intéressant et assez classieux. Le reste du casting est composé de personnages très secondaires que nous nommerons ici par des pseudonymes dont la subtilité n'égale que celle de leur rôle dans la série : le-méchant-très-méchant, le-bandit-bête, la-gentille-en-fait-pas-gentille, ou encore l'européen-gay.
Notez que certaines de ces appellations peuvent être utilisées par plusieurs personnages, ce serait dommage de se priver. Ce qui, dans un sens, fait naitre une certaine harmonie entre persos secondaires et principaux, ces derniers ayant pour objectifs et philosophie de... se battre... et manger... et rester collé à des personnes qu'ils ne supportent pas parce qu’ils ont perdus à pile ou face. Va te rhabiller, Shakespeare !

L'intrigue, maintenant...
...
Arrivé là, je me sens un peu bête, car j'avoue que parler de l'intrigue n'est pas très honnête de ma part. Il y en a en effet deux, qui, si on les mixe, doivent parvenir à la complexité d'une intrigue standard de Plus Belle la Vie.
Tout d'abord, la trame principale : deux samurai de grands chemins acceptent de suivre une fille qui cherche le samurai qui sent les tournesols (?) parce qu’elle les a défié à pile ou face. Quand je parlais d'Ondine tout à l'heure, je trouve ce prétexte pour suivre quelqu'un aussi épique que celui de la bicyclette. Ajoutons que Jin et Mugen, nos fringants héros, n'ont aucune idée de l'identité de ce monsieur. Admettons, après tout, Luffy cherche bien depuis plus de soixante tomes un trésor auquel il ne croit même pas. Mais c'est là que la série commence à surprendre. En effet, on en reparlera pas avant l'épisode 24 ( soit trois épisode avant la fin de la série ).
Entre l'épisode 1 et l'épisode 24, il y a une flopée de fillers, dont certains vous amuseront peut être s'il pleut dehors et que vous avez le choix entre les regarder et remplir de la paperasse administrative. L'épisode fantôme, l'épisode origines des héros, l'épisode concours de tartes, l'épisode tout-ça-n'était-qu'un-rêve, l'épisode... euh, les épisodes où les héros tapent des ninja et des yakuzas qui n'ont rien à voir avec eux, l'épisode base-ball, RIEN ne vous sera épargné ! Même pas un /§#}~µ*% d'épisode récapitulatif, pour une série de 26 épisodes !!! Comme si l'intrigue avait été trop dense jusque là, à l'épisode douze !
Damned, Code Geass aussi avait des fillers qui n'avaient rien a voir avec rien, mais il n'en avait que quatre. C'est pour ça que le décalage marchait. Là, il ne peut pas y avoir de décalage humoristique puisque tout l'anime est comme ça ! Jin et Mugen sont d’emblée présentés comme des pitres doués aux sabres, et qu'on les voit voler de la nourriture ou se venger dans le sang, ils sont tellement vides et le scénar tellement creux qu'on y accorde la même importance. L'un, le sang et la bouffe, revenant d'ailleurs souvent aux même, car les personnages à la recherche d'un repas doit être le prétexte à la moitié des mésaventures qui leur arrivent.
Et là, patatra, 23 épisodes sans le moindre intérêt plus tard, retour à une vraie histoire assez jouissive, avec combat et dialogues rigolos. Comme si l'équipe de production avait cassé la machine à poncifs. Ça reste nawak, mais dans le bon sens, celui où on passe un bon moment ( voir jurisprudence Mirai Nikki ).

L'ambiance, la forme et le fond... Hm hm.
L'atmosphère de l'anime est... étrange. Disons qu'elle ne colle pas spécialement avec ce qui se passe à l'écran, ce qui est une façon polie de dire qu'elle est complètement superficielle. Ambiance larmoyante pour un psychopathe difforme mourant qu'on a rencontré il y a dix minutes, stressante pour n'importe quel méchant dont on sait bien qu'il sera transformé en saucisson de Bayonne en deux pauvres coups de sabre ( l'ancien meilleur ennemi de Mugen est juste prodigieux, de ce point de vue, deux épisodes de tension pour un duel final qui tient en une demi seconde ), entrainante pour une situation déjà vue vingt fois... Bref, il y a un total décalage entre la façon dont l'équipe veut présenter les scènes, toute en cliché, et la logique narrative de ces même scènes. Mais le compter parmi les défauts est presque de mauvaise foi, tant cet ambiance erratique est parfois à se tordre de rire. La musique, quand à elle, est beaucoup plus discrète que ce que sous entendent ceux qui présentent la série comme une "série de samurai avec du rap". Pas déplaisante, voire agréable par moments, elle accompagne bien l'atmosphère la plus sympathique de l'anime : l'absence de la plus totale prise de tête. En effet, malgré tout, on peut trouver un certain charme dans cette épopée débile et insensée, notamment quand elle n'essaie même pas de meubler pour combler l'absence de scénario et qu'elle se contente de montrer des andouilles en vacances devant de jolies images.
Parce que oui, les graphismes sont assez beaux. Les personnages ont beau avoir des tronches pas possibles ( mention spéciale à Fuu et à sa rape face occasionnelle ) ils se baladent dans un fort beau coin. Les espaces naturels rappellent vaguement des estampes Japonaises. Bref, Zouliiiis.
Autre bon point, le contexte historique et culturel reçoit de sympathiques hommages. Le Shogunat, le christianisme, les européens, la bouffe ( évidemment ), la société Japonaise post médiévale, tout ça reçoit d'agréables et intéressants clins d'oeil, cependant rarement approfondis. A cela, je ne sais trop si "dommage" ou "ouf" est le commentaire pertinent à ajouter.
Enfin, dernier détail, qui décevra ou réjouira selon les points de vues : contrairement à la grande majorité des anime que j'ai vu, pas d'envolées lyrico-philosophique ici ( elle serait surement arrêtée en plein vol par un yakuza venant défier nos héros à un concours de pets ). Dans un sens, ça montre que les auteurs n'essayent pas trop non plus de nous mentir sur la marchandise en la rendant pseudo-profonde, et c'est bien. Dans un autre, ça montre que les auteurs n'étaient même pas fichus de faire un monologue un peu intense qui tienne la route, et c'est quand même vachement moins bien.

Alors, que dire ? Que tirer de ces personnages aussi profonds que des trous rebouchés, de cette intrigue inexistante, de cette production à l'arrachée ( il faut voir les épisodes dont la moitié sont des reprises des autres ,ou les intros inutiles présentées par une grenouille parce que ça prend plus de temps, pour comprendre ce que je veux dire ) , de cette succession d'historiettes sans lien les unes entre les autres, et de ces trois épisodes finaux très sympas ?
Peut être une morale ? " Si tu n'as pas d'idées de scenario pour ta série, ne la fais pas " ? " Si il y a une bizarre bonne impression qui se dégage de tout ce binz, sans doute à cause de ce déchainement d'idioties juvéniles dans de beaux paysages et une musique sympathique, ne te plains pas " ? " Si une série te casse trop les pieds, saute directement à l'épisode 24 " ?

Hmmm, Voilà des questions bien difficiles. Peut être pourrai-je partir en voyage avec un ami et une fille inutile, pour demander l'avis du chevalier qui sent la marguerite. Mais en emportant des pique niques pour la route, je ne voudrai pas m'arrêter n'importe où..
Kevan
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le 30 nov. 2013

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