Hip-hop, samouraïs et tournesol.
Une aventure déjantée qui tranche
avec le passé.
Dès les premières secondes, tout est dit. Sur fond de hip-hop, les personnages déploient leur silhouette longiligne. On entendrait presque le vinyle craquer sous l'aiguille. Vagabond débraillé aux allures de macaque, l'arrogance féroce, Mugen se dresse comme un coq sur ses ergots. Jin, la parole rare, le geste économe, s'anime soudain, tranche dans le vif, avec une fluidité presque liquide. Et puis Fuu, toute en légèreté, papillonne et virevolte, fil rouge - ou rose - de l'histoire.
Pour un pari hasardeux qui leur sauvera la vie, pour un combat à mort remis à plus tard, le trio hétéroclite se lance sur les routes vers un but plutôt nébuleux: retrouver le samouraï qui sent le tournesol.
Aucun d'entre eux, pas même Fuu, ne sait vraiment où aboutira leur voyage, ni même ce que que peut bien sentir un tournesol. Alors ils s'égarent souvent, se séparent parfois, mais le hasard - ou la fatalité? - les réunit toujours. Leur quête en restera longtemps au second plan. Car l'histoire se bâti autour de cette relation conflictuelle qui mène nos portes-sabres en quête d'eux-même. Les débuts sont parfois difficiles, et la trame de l'histoire s'égare quelques fois en même temps qu'eux.
Déracinés, esseulés, rien ne les lie, et ils ne sont liés à rien ni personne. Au fil de leurs errances, ils vont s'ancrer les uns aux autres. Perdus dans leur solitude, ils se sont oubliés depuis longtemps, ils ne savent plus aimer, ils ne savent plus s'aimer. La maîtrise est devenue froide et tranchante, la force s'est muée en féroce sauvagerie. Il faudra la naïveté un peu maladroite d'une jeune fille futile mais futée et surtout son attachement irrationnel, entêtée et tenace pour apaiser un peu la tempête qui fait rage au fond de ces deux êtres tourmentés.
Watanabe l'a déjà prouvé. Il sait comme personne faire coller une ambiance musicale inattendue à un univers aux codes diamétralement opposés, et ce avec un naturel et une délicatesse incomparable. Fuu, Jin et Mugen traversent le Japon de l'ère Edo, un Japon un brin fantasmé, parsemé de caricatures gueulardes et mâtiné de références à une culture populaire plus actuelle, sur fond de musique hip-hop. Un son qui s'accorde étonnamment bien avec le chant des sabres. Et quand il résonne, quel chant! Les guerriers se dressent comme des tournesols assoiffés de soleil, leurs bras s'allongent, se font tranchants. Les sabres mordent avec vivacité, cruels et sans pitié, animés avec une fluidité rarement égalée. Mais ce requiem sanglant a aussi des accents de vraie mélancolie. La fureur des samouraïs s'adoucit, et se laisse aller à quelques instants de répit, merveilleuses secondes d'une beauté parfois saisissante.
Solaire et flamboyant, comme un champ de tournesols...