Sense8
7.3
Sense8

Série Netflix (2015)

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Il est difficile de parler et de juger la série des Wachowski (du moins cette première saison). La première chose à dire, c'est qu'à l'évidence nous sommes vraiment chez les Wachowski, tant on arrive à retrouver ici les thématiques et les procédés habituels des frangin/frangine.
Sense8 nous présente plusieurs personnages, situés dans plusieurs lieux différents, et qui semblent connectés les uns aux autres. Un flic de Chicago, une transsexuelle de San Francisco, un acteur gay de Mexico, une D.J. islandaise vivant à Londres, un gangster allemand, une future mariée de Mumbaï, la fille d'un riche entrepreneur coréen, et un chauffeur de bus de Nairobi. Dans une scène d'ouverture un peu glauque, tous ces personnages se retrouvent autour du suicide d'une femme.
La première chose vraiment intéressante de la saison, c'est le mystère qui rôde autour de ces personnages et du lien qui les unit. Qui sont-ils ? Pourquoi eux ? Le scénario ne distille les informations qu'au compte-goutte, laissant les spectateurs au sein d'une énigme qui permet de les accrocher. C'est aussi là que peut se situer un des défauts de cette première saison : à force de ne rien vouloir révéler, il y eut un moment, vers les épisodes 5 et 6 (sur 12) où je trouvais que le récit piétinait, où on n'avançait plus et que les procédés se répétaient.


Quels sont ces procédés ? C'est relativement simple : quand un personnage est dans une situation émotionnelle forte (positive ou négative, le plus souvent négative quand même), le lien est plus fort et la séparation géographique est effacée. Le chauffeur de bus a besoin de se battre contre une bande ? Alors la Coréenne apparaît, prend le contrôle du corps du chauffeur et se bat pour lui. Chaque personnage peut ressentir ce que ressentent les autres et se mettre à leur place, au sens propre de l'expression.
L'histoire de cette première saison, c'est l'apprentissage pour maîtriser ce lien. Nos personnages sont les premiers surpris lorsqu'il se produit par inadvertance dans les premiers épisodes, mais ils arrivent à le maîtriser à la fin de la saison. Chacun maitrisant des compétences différentes, ils vont donc se compléter lors d'une mission particulière.
L'intérêt, et l'une des qualités de la série, c'est que le lien ne fonctionne pas que dans les moments tendus. Au fil des épisodes,les Wachowski varient les sentiments. L'humour est assez fortement présent, de même que des émotions positives. Ainsi, dans l'épisode 4 réalisé par Tom Tykwer (le compositeur de la musique, qui avait aussi co-réalisé Cloud Atlas avec les Wachowski), les personnages sont tous unis autour d'une chanson, en une fort belle scène.


En général, Sense8 joue beaucoup sur les émotions. Il y a très peu d'action dans les 12 épisodes qui constituent cette première saison, mais beaucoup de sentiments et de sensations. Les différents réalisateurs essaient de capter des moments, de créer des communions, pour tenter (avec plus ou moins de succès, selon les cas) d'intégrer le spectateur dans le "cercle".
Il y a aussi des sujets de réflexion, dont certains touchent de près aux Wachowski eux-mêmes. Le fait qu'un des personnages principaux soit une transsexuelle (interprétée par une transsexuelle) a forcément de l'importance. La notion d'acceptation des différences est essentielle. Accepter que Michael s'appelle maintenant Nomi. Accepter que l'acteur mexicain séduisant, qui joue beaucoup sur son sex appeal auprès de la gente féminine, révèle son homosexualité, au risque de perdre son métier (un peu comme un "syndrome Cary Grant").
La série insiste aussi beaucoup sur le droit des femmes. Droit à dire non à un mariage. Droit à s'imposer et non à se sacrifier continuellement.
Le tout forme une première saison certes maladroite, inégale, parfois un peu lourde dans ses répétitions, un peu stagnante, mais sincère, efficace, énigmatique et, au final, vraiment sympa. A suivre.

SanFelice
7
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le 24 juin 2015

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SanFelice

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