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Après leurs déboires cinématographiques, les Wachos débarquent sur petit écran.
Le moins que l'on puisse dire est que cette transition médiatique leur réussie on ne peut mieux.
Les Wachowski nous offrent une oeuvre personnelle et ultra sensible. Ouvrez vos yeux, vos oreilles, votre coeur et laissez vous portez par ce magnifique film de 12h.
Les habitués de l'univers Wachos retrouveront certaines thématiques chers aux auteurs tel que la cause LGBT, mais aussi l'appel à l'aventure auquel chaque personnage répondra à son rythme et sa manière.
Sense 8 c'est l'occasion de regarder à la fois une télé novela, une série policière, un thriller coréen,
une série anglaise, un Bollywood, une série LGBT et un hommage à JCVD. C'est la rencontre de huit univers de façon harmonieuse. La série se permettra même quelques petits clins d'oeil amusés sur leurs travaux précédents mais sera surtout l'occasion pour les Wachos d'aborder certains sujets encore tabous dans la culture populaire.

Les personnages, peut être la plus grande force de cette série. Chacun d'eux traité avec justesse et profondeur, leur évolution est intense et chacun est la partie d'un tout qu'est le neuvième personnage de la série.
Voici une série qui prend son temps à raconter son histoire et ses héros rythmant leur histoire en trois actes de quatre épisodes chacun:
-présentation des enjeux et des personnages, appel à l'aventure dans un premier acte.
-travail d'acceptation de cet appel, prise de conscience et maîtrise des différents changements opérés chez chaque personnage dans un acte 2. Nécessairement plus lent et introspectif mais toujours aussi haletant à l'image d'un "What's going on" chanté par tous les protagonistes ou d'une scène d'intimité sensorielle dans laquelle plusieurs sont entraînés et oh combien hallucinante.
-réponse à l'appel à l'aventure et rassemblement, évolution du personnage en un être supérieur et enrichi par cette expérience dans la troisième partie.

Sense 8 est une série qui reprend des thématique chers aux Wachowski:
Le Parcours de Nomie, jeune transsexuelle vivant une histoire d'amour équilibrée avec sa compagne contre l'avis désapprobateur de sa famille ou de Lito, acteur Mexicain, symbole de l'hétérosexuel "macho" et "virile" à la ville, homosexuel dans l'ombre de son appartement. Ces personnages seront placés sur un pied d'égalité dans leur interprétation, un discours si juste, loin des stéréotypes habituels, mettant en avant des identités qui ne sont pas entièrement construites autour de leurs orientations sexuelles mais de leurs besoins, leurs désirs, leurs amours, leurs goûts, leurs vies et leurs capacités.
Les Wachowski nous livrent en quelque sorte leur théorie sur le salut de l'humanité, ne survivront que les philanthropes. Les huit personnages accèderont à une identité global composée de plusieurs cultures, désirs, histoires (...), les amenant à un stade supérieur de l'évolution, plus performant dans ses interactions au monde et autrui.

La sexualité. Impossible, lorsqu'on parle de la vie de ne pas aborder ce pilier de l'existence. Loin des chevauchés sauvages et des viols à la chaîne sur font d'inceste de Game of Thrones, le rapport sexuel est ici représenté comme une chorégraphie vitale où désirs et amour sont transmis de façon cathartique au spectateur. Tous les corps, qu'ils soient d'hommes ou femmes, sont traités de manière égales. Loin d'un voyeurisme malsain, les réalisateurs font le choix de ne pas montrer ce corps lorsqu'il est en situation de vulnérabilité (cf la douche forcée en prison de Sun).
Il en va de même lorsque l'oeuvre ose filmer frontalement la naissance des 8 sensitifs. Pourtant si pudiquement représentés habituellement, ces scènes sont on ne peut plus crues dans la série: du sang, de la sueur et autres liquides organiques... Nous sommes pourtant loin de la faute de goût tant cette séquence nous procure au même titre que les personnages un sentiment d'allégresse devant cette ode à la vie.

Que dire de cette série tant elle est belle dans son histoire, son cadre et sa magnifique photographie (le nombre de décors naturels à couper le souffle est incroyable) quand ce n'est pas une bande son en filigrane tantôt lancinante tantôt nerveuse qui ajoute à l'ambiance sensitive, à l'image de son générique si riche.
Une déclaration d'amour à l'humanité et à la vie, la vraie, celle qui fait souffrir, pleurer, rire, aimer...