Décidément, les voisins britanniques ont une école de la série télé dont il serait de bon ton de s’inspirer. Dépoussiérant le mythe (comme Guy Ritchie au cinéma, sauf que la série est radicalement différente, car ancrée dans les années 2000), les créateurs ont toutefois décidé de s’y référer allègrement en jouant de toute la panoplie du canon holmésien et en l’adaptant à notre monde moderne.
Toujours violoniste à ses heures perdues, ex-toxicomane, mais accro aux patchs de nicotine, SHERLOCK est féru de toutes les technologies modernes (internet entre autre), comme l’était l’originel. Sa science de la déduction est évidemment mise en avant, et sert d’ailleurs à alimenter son blog (http://www.thescienceofdeduction.co.uk/ ).
Bien sûr, Watson est toujours là, et prend les aspects d’un ex-médecin militaire (comme l’originel lui aussi), revenu du front afghan. Il n’écrit plus les aventures sous forme de livre, mais tient un blog (dont certains titres sont détournés des originaux de manière très drôle).
Leur relation est une amitié très forte, passant pour de l’homosexualité aux yeux des autres. Dans les romans, ils se vouvoyaient, mais époque moderne oblige, le tutoiement et l’interpellation par les prénoms sont devenus la norme.
D’autres points de passage obligés sont là (221B Baker Street, Lestrade, Mme Hudson, Mycroft) mais sont eux aussi adaptés à ce 21ème siècle naissant.
Très inspirées des nouvelles originales, voire mélange de plusieurs d’entre elles, les histoires sont relativement débridées et portées par une mise en scène et un montage alternant les pauses nécessaires et l’emballement des enquêtes.
Les deux dernières saisons vont laisser de côté les déductions pour nous entraîner vers des combats psychologiques un peu longuets, jouant sur le passé de Holmes.
La série va également lorgner vers un autre emblème britannique, JAMES BOND, avec des personnages (Magnussen) ou des décors (tout le dernier épisode de la saison 4) résolument orientés en ce sens.
Les deux acteurs principaux sont épatants, et sont une vraie plus-value au succès de la série, bien servis également par des seconds rôles efficaces.
On a ainsi une des plus belles surprises des séries télé, parce qu’on connaît Holmes. Et pour tout amateur de série, ce ne peut être que Jeremy Suchett. Pourtant, ce reboot voit Benedict Cumberbacht nous proposer un Holmes entre Dr. House et le vrai Holmes, tel que Doyle le décrit.
La réalisation est brillante et très soignée, gardant une nervosité intéressante (du moins durant les deux premières saisons), et parvient à éviter certains écueils inhérents à ces adaptations (trop jouer les hommages ou les clins d’œil).
En résumé, deux premières saisons épatantes, deux autres plus dispensables, mais le tout reste bien au-dessus des canons de production actuels. Élémentaire.