Sherlock
8.1
Sherlock

Série BBC One (2010)

Bonjour à tous,

Voici une critique d' une série que j' aime beaucoup. De quoi parle cette série ? Et bien, des aventures de Sherlock Holmes et de son acolyte de toujours, le docteur Watson, sont transposées au XXIème siècle...

Étant donné le nombre de fois que Sherlock Holmes avait été porté à l'écran, on était en droit de se demander quel intérêt pourrait bien avoir cette nouvelle série centrée sur le personnage. Mais ça c'était avant de savoir que la série était créée par Steven Moffat et Mark Gatiss, sans aucun doute les scénaristes anglais les plus inventifs de ces dernières années. Transposant avec succès Sherlock Holmes et le docteur Watson au XXIème siècle tout en restant fidèle à l'esprit de Conan Doyle, la série est brillante par ses intrigues et ne manque jamais de rythme malgré son format d'une heure et demie par épisode. Mais ce qui fonctionne le mieux, c'est sans conteste l'alchimie formée par Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. Le premier campe un Sherlock génial mais froid et hautain tandis que l'autre incarne parfaitement le type normal confronté à des enquêtes aussi chaotiques que le désordre laissé par son colocataire quand il s'ennuie. La complicité entre les acteurs est évidente et réjouissante (avec en plus de superbes dialogues) et donne envie d'en voir plus que trois épisodes par saison. D'autant plus que le final, confrontant enfin Sherlock à son pire ennemi, laisse sur le cul.


J'ai attaqué cette série avec beaucoup d’appréhension vis à vis de l'anachronisme revendiqué de Sherlock. Mes craintes ont été balayées devant la qualité scénaristique, la justesse époustouflante des acteurs et le soin apporté à la réalisation. Qualitativement, on est dans le haut du panier : les romans sont revisités avec intelligence et c'est un réel plaisir de les redécouvrir sous cette forme. Les personnages sont incroyablement bien foutus, attachants et convaincants. Une superbe prod comme seul nos amis anglais savent les faire : n'hésitez pas, foncez voir Sherlock !!

Mais, je vais etayer mon argument. Désabusé par des années de feuilletons insipides français ou allemand, pour les gens ayant un minimum de goût, cela fait bien longtemps que le spectateur a délaissé le vieux continent pour se tourner vers les États-Unis et leur multiples séries à grand budget. Pourtant, il reste quelques pépites cachées à découvrir de notre côté de l’Atlantique, et le Sherlock made in BBC en est incontestablement une. Porté par un duo d’acteurs de grande envergure (Bilbo le Hobbit-Martin Freeman et Star Trek-Benedict Cumberbatch), la série se veut une interprétation moderne du plus célèbre des détectives. En 6 « petits » épisodes (d’1h30) répartis sur 2 saisons, Sherlock revisite ainsi certaines des plus célèbres histoires de Sir Arthur Conan Doyle pour le plus grand bonheur du spectateur. Histoire à suspens, aussi bien pour les fans du personnage que pour les néophytes, jeu d’interprétation sans fausse note (pour ne pas dire carrément brillant pour Cumberbatch), réalisation originale et osée mais globalement réussi, BO de très grande facture… Les éloges se multiplient, d’autant que le mythe initial est respecté, que le personnage ne perd ni de sa superbe ni de son talent, et que le rythme nécessaire à une série policière est bien là. Une perle (trop) rare en somme qui nous prouve que l'Europe a encore quelques jolis atouts dans la lutte du divertissement télévisé…

Une première saison vraiment addictive. On accroche dès les premières minutes et on ne décroche qu’au bout du dernier épisode, en hurlant à l’injustice ! L’histoire est un véritable condensé d’humour, d’enquête policière et de moments justes géniaux. Tout est très bien dosé, et surtout, la durée des épisodes (1h30) est parfaitement maîtrisée, sans perte de rythme. Si les enquêtes se révèlent au final assez classique, elles sont tournées de manière à ce qu’on soit surpris à chaque rebondissement, jusqu’au final de chaque épisode qui nous scotche à chaque fois, quand ce ne sont pas les répliques des personnages. Il n’est pas rare qu’on fonce tête baissée dans de fausses pistes, ce qui nous fait trépigner (on se dit : « oh putain, mais c’est trop bien si c’est ça ») ; puis on se rend compte qu’on avait tort depuis le début, et la solution proposée se révèle alors encore meilleure. Les relations entre les personnages sont là-aussi bien dosées et maîtrisées, tout comme l’adaptation au XXIème siècle. Les acteurs principaux (Cumberbatch et Freeman) excellent dans leurs rôles tandis que les rôles secondaires sont de bon à très bons. Techniquement, j’ai adoré le thème conçu pour la série dès les premières notes et la mise en scène (tout comme le montage) est efficace et fantastique. Bref, une première saison vraiment superbe et dont le final nous donne envie de nous jeter sur la suite !

Il était presque logique qu'après s'être attaqué à la modernisation de « L'Etrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde », Steven Moffat s'intéresse au mythe Sherlock Holmes, et ce avec un certain succès. Le premier épisode ne nous fait pas mentir tant celui-ci est innovant, dynamique, créatif et totalement dans l'esprit des romans de Sir Arthur Conan Doyle. C'est que l'ami Steven est sacrément doué pour l'écriture, le suspense et les rebondissements, sans parler de personnages vraiment attractifs, à commencer bien entendu par le duo Holmes - Watson, renouvelant avec talent et panache celui imaginé en 1887. Hélas, alors que cette introduction était un véritable régal à tous points de vue, voilà que le niveau baisse assez nettement dès le second épisode. Rassurez-vous, rien de catastrophique, mais déjà une histoire moins captivante, malgré un second degré toujours réjouissant et une écriture ciselée faisant plaisir à entendre. Le troisième se situe lui un peu entre les deux, plein d'excellentes intuitions et assez malin, à l'image d'un dénouement introduisant (enfin) un personnage culte de l'univers (suspense!), sans retrouver la fraîcheur et le bonheur qu'avait été le nôtre en découvrant « Une étude en rose ». Reste que ce Sherlock aussi fier de sa personne qu'accroc aux SMS n'en demeure pas moins une belle tentative de modernisation et une jolie réussite de plus pour la BBC : malgré la légère frustration, on suivra la deuxième saison avec plaisir, ainsi que la troisième.

Pour la télévision anglaise, qui est aujourd’hui la plus audacieuse d’Europe en matière de séries télévisées, redonner, surtout sous le format peu attractif qu'est celui des épisodes de 90 minutes, un coup de jeune au plus charismatique, mais aussi le plus exploité, des héros de sa littérature devenait un pari à prendre que seul des scénaristes inspirés pourraient relever. Le recours à Steven Moffat et Mark Gatiss, tous deux ayant fait leurs preuves sur la série culte Doctor Who, et le premier ayant déjà modernisé Dr Jeckyll et Mr Hyde, s’est avéré judicieux pour la BBC. Transposées dans un Londres moderne, les enquêtes du célèbre enquêteur expert dans l’art de la déduction trouvent un charme nouveau et deviennent véritablement captivantes, du fait de leur écriture minutieuse, de leur bon rythme et de son humour so british. Les héros, Holmes et Watson, incarnés par deux acteurs extrêmement talentueux, qui ont depuis prouvé leur qualité au grand public, sont fidèles aux roman de sir Conan Doyle tout en étant parfaitement dans l’air du temps et particulièrement attachants. Bien qu’inéluctablement inégale selon les épisodes (le second est sans doute le moins passionnant des trois), cette réussite scénaristique est dans l’ensemble une excellente surprise à ne pas rater.

Mais bon dieu quelle saison ! Et quel changement radicale. Les deux premières saisons étaient très portés sur l'intelligence pure de Sherlock et son côté sociopathe antipathique, ici les scénaristes nous ont fait plaisir en mettant en lumière un Sherlock toujours aussi acide mais avec beaucoup plus de sentiment. Certains diront que notre bon détective est devenu fade. Que nenni. Il a gagné en force, en vigueur et est toujours aussi vif et intelligent. Cette saison, sans antagoniste principal, est marqué par une fouille très profonde dans les méandres de la psychologie sentimental de Sherlock. C'est fin, c'est beau, et c'est surprenant. Les personnages gravitant autour de lui sont sublimés et se rendent indispensables. Le scénario n'est pas mis de côté, mais devient encore plus alambiqués. Qui devant l'épisode du mariage ne s'est pas posé la question durant la première heure " Mais que se passe-t-il ?". Mais tout se recoupe magistralement à la fin. Et il est là la force de cette série, c'est qu'en essayant de suivre on se plonge radicalement dans tout les personnages. On ressent avec eux et on est choqué avec eux. Parce que vous ne manquerez pas d'être surpris, et encore c'est un faible mot, par tout les épisodes de cette saison. Un concentré d'émotion et d'épic ! Je ne dirai rien de plus, je pense avoir décrit ce que j'avais ressenti : une explosion de joie et d'excitation. Accrochez vos ceintures pour le final de la saison 3, parce qu'il a réussi à me laisser bouche bée. Il vous a manqué ? Mais bien sûr qu'il vous a manqué, on se retrouve à la saison 4 !

Une série qui dépoussière le détective, en le transplantant avec adresse au 21ème siècle. Les épisodes réussissent l'exploit d'apporter un regard inédit sur l'oeuvre de Conan Doyle, tout en respectant les personnages. Le docteur Watson, l'inspecteur Lestrade et les autres personnages secondaires trouvent un nouvel éclat, salutaire. L'admiration sans borne envers Sherlock Holmes laisse place à une reconnaissance critique, qui permet de dessiner des relations nuancées, pour notre plus grand plaisir. La série même adroitement intrigue policière, humour et action. Il est évident qu'il y aura désormais un avant et un après "Sherlock".....

En toute franchise, je considère la série comme un chef d'oeuvre de son genre. D'emblée, le tour de force de la série se trouve dans le travail d'équilibriste qu'elle accomplit en modernisant le mythe de Sherlock Holmes sans pour autant le dénaturer (en incorporant des technologies modernes sur le devant de la scène et en adaptant les enquêtes aux enjeux socio-politiques actuels) et en lui rendant constamment hommage de toutes les manières possibles sans que ce ne soit lourd une seconde, ni tomber dans la private joke. Arthur Conan Doyle serait fier si vous voulez mon avis. En plus la série sent l'Angleterre à des kilomètres. Tout, de la photographie aux personnages en passant évidemment par l'humour et le ton de la série a un cachet 100% British, mais là encore à la fois le côté traditionnel et moderne de cette culture, puisque c'est sur cette opposition que repose bien la moitié de la série. Pour le coup on pourrait reprocher à la série sa réalisation très tape-à-l’œil, extrêmement dynamique et stylisée. Moi s'il y a un truc qui me fait vraiment tiquer c'est la facilité qu'il y a à montrer une action importante pour finalement plus tard sortir l'argument-massue du "ah on vous a montré ça ? Bah non, ça n'a jamais eu lieu". C'est quand même la pire manière qui soit de berner le spectateur. Mais bon, c' est fait de telle manière que cela devient limite hilarant devant tant d' invraisemblances, mais c' est un comique volontaire de la part des scénaristes.

Mais en dehors de cela, que du bonheur, et la mise en scène dynamique parfois à l'extrême est pour beaucoup dans l’appréciation de la série. Niveau bande-son c'est presque du Ramin Djawadi: le thème principal est utilisé à toutes les sauces si bien qu'on a presque l'impression qu'il est le seul de la série, mais d'un autre côté dur de râler vu la classe qu'il dégage à chaque fois. Côté personnages et interprétation, la série est aussi bien représentative du soin apporté à ce support de nos jours. Benedict Cumberbatch défonce la baraque à chacune de ses apparitions. Il faut dire qu'avec une gueule et une voix pareille le mec garderait la classe dans une pub pour Oral B, mais ici le travail d'intonation et de débit de parole de l'acteur et ce qu'il arrive à faire passer par quelque chose d'aussi infime qu'un haussement de sourcil ou un rictus est assez dingue. Et puis son personnage est tout aussi incroyable. Faire du célèbre Sherlock Holmes un autiste (bah oui, i peut crier autant qu'il veut que c'est un sociopathe de haut niveau, ça ressemble plus à un léger syndrome d'Asperger qu'autre chose), un parfait asocial et un asexué convaincu c'était un projet plus que couillu, ça pouvait paraître aussi débile que de faire de Watson une femme Asiatique New-Yorkaise (bim) et au final, c'est ce qui donne toute sa densité au personnage. Martin Freeman est toujours parfaitement juste en John Watson beaucoup plus intéressant que la version à laquelle il rend hommage et je tire mon chapeau à Andrew Scott pour son interprétation totalement décomplexée d'un bad guy complètement timbré.

Mais mon petit péché mignon reste en gros chaque scène où Sherlock et son Mark Gatiss de frère se trouvent dans la même pièce. On en mange sans faim, et j'ignore qui s'occupe des dialogues mais il est assuré de trouver du boulot à vie. Chaque réplique est calibrée comme du papier à musique, c'est juste impressionnant et surtout addictif, en rater une miette serait une tragédie. Mais je le répète la série n'est pas parfaite: la qualité globale de la série est excellent mais chaque saison a son vilain petit canard, l'épisode d'un niveau clairement inférieur à celui des deux autres. Et assez étrangement, c'est constamment l'épisode deux qui se retrouve avec cette étiquette. Mon petit préféré reste sans hésiter "Un scandale à Buckingham" non seulement pour sa qualité globale mais surtout pour le personnage d'Irene Adler à la fois excellent en lui-même et en tant qu'hommage aux écrits de Conan Doyle, et pour son climax qui est un exemple de tension et de jouissance sans une once de violence, un must-see. En revanche j'ai toujours autant de mal avec l'épisode "Les chiens de Baskerville", notamment avec ce putain de chien digne d'un "Resident Evil" (faut dire que l'histoire de celui-ci est très difficile à moderniser en en conservant l'esprit, mais ça n'excuse pas ce chien dégueulasse).

Mais je tiens à préciser quand même que pour moi un mauvais épisode de "Sherlock" ça n'existe pas. Il arrive q'on tombe par-ci par-là sur un gimmick en voie de disparition qu'on croirait sorti d'un feuilleton des années "Dallas" (le personnage mort mais pas tout à fait, le Deus Ex Machina des familles, etc) ce qui peut faire rire ou tiquer mais contribue grandement au cachet old-school sans lequel la série n'aurait pas cette saveur toute particulière. Je terminerai en précisant que je n'aime pas trop donner mon avis sur une série en cours de production mais vu le rythme pachidermique auquel se traîne la production de celle-ci je ne suis pas tout à fait sûr d'être encore en vie pour voir celle-ci se terminer, donc j'imagine que ce sera une petite entorse au règlement.... a toute !! Prenez soin de vous !! Et rendez-vous pour la saison 4 !!!
ClementLeroy
8
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Créée

le 9 févr. 2015

Critique lue 619 fois

San  Bardamu

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