Skam
7.6
Skam

Série NRK1 (2015)

Skam suit un groupe d'amis pendant leurs trois ans de videregåendeskole (lycée). Chaque saison dure un semestre, donc sauf à ce que la série soit annulée (improbable) ou étendue (plus probable) on est partis pour six saisons. À l'heure où j'écris cette critique, on en est à la troisième. (Edit Avril 2017: en fait ce sera quatre saisons seulement. Bizarre.)


Chaque saison suit un personnage particulier. Dans la première saison, c'est la sympathique mais plutôt générique Eva et sa double storyline de son couple qui part en vrille et d'une sombre histoire avec son ancienne meilleure amie. Un peu isolée entre son manque de contacts locaux, son dialecte chelou (de Bergen) et l'embrouille sus-citée, elle finit par devenir pote avec une fille également nouvellement arrivée (Noora), une blondinette pleine d’énergie (Vilde), sa pote comic relief (Chris) et une musulmane pince-sans-rire (Sana – un personnage top mais assez sous exploité pour le moment. En espérant qu'elle soit le focus d'une prochaine saison (Edit: c'est le cas pour la saison 4).
Ensemble, elles créent un comité pour se payer un russebuss.


Ah oui, alors. C'est jamais expliqué dans la série vu qu'elle est faite par des norvégiens pour des norvégiens, mais une explication s'impose: là où le lycée français ne culmine que dans le bac et rien d'autre (pas de cérémonie de remise des diplômes, pas de fête, aucune tradition, du moins au niveau national), les norvégiens ont toute une tradition autour des russ, les élèves qui finissent le lycée. Au cours du dernier mois, ceux ci portent une salopette rouge (ou bleue pour ceux qui étudient l'économie), font la fête tous les jours, et le tout culmine le 17 mai avec la fête nationale où ils défilent dans les rues. Y'a tout un tas de trucs associés à cette tradition, dont par example le fait que chaque russ se fait imprimer des cartes de visite que tous les enfants (de < 10 ans) essayent de collecter, des chansons traditionnelles, des jeux, des défis, etc. Et du sexe, naturellement.
Les plus riches russ achètent un van voire carrément un bus qu'ils décorent et transforment en boite de nuit roulante (avec un chauffeur loué pour le mois et tout). Vu que tout le monde est friqué en Norvège et particulièrement dans l'ouest d'Oslo (là où se déroule Skam), c'est depuis quelques années l'escalade, et on se retrouve avec des groupes d'élèves qui dépensent plus de 100 000€ pour s'acheter un bon bus. Oui, ils dépensent le prix d'un appart pour un truc qui dure un mois. Que voulez vous, on est jeune qu'une fois.


Bref, comme cet argent ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, il faut commencer tôt, et c'est donc pour ça que dès la Seconde, Eva et ses potes ont déjà des réunions hebdomadaires et se lancent dans la revente de PQ en gros. Voilà, maintenant vous comprenez sans doute mieux cette partie.


La seconde saison se concentre sur Noora et son histoire d'amour avec un bad boy. Vous voyez le pattern : des d'histoires qui, malgré les différences culturelles, parleront à beaucoup d'adolescents et d'adolescentes. Au passage, la série aborde (pas toujours très profondément) plusieurs problèmes de société propres aux jeunes, comme la violence sexuelle, la peer pressure, l'image de soi, le conformisme, etc.


La troisième saison passe à Isak, un des potes d'Eva, et la découverte de son (homo)sexualité. Ça a été pas mal applaudi pour son traitement de la question. En effet, bien que la Norvège ait – comme d'habitude – une longueur d'avance sur la question, avec notamment un marriage pour tous autorisé depuis 2009 et avant ça un équivalent du pacs depuis 93, il reste quand même assez rare/compliqué de s'afficher gay à l'age du lycée, là où conformer reste quand même assez important. Comme le reste de la série, l'approche utilisée est agréablement moderne et fraîche.


Car oui, parlons de la présentation de la série. Les épisodes qu'on voit sur internet sont des versions compilées, mais ils sont en réalité diffusés par petit bouts. Un clip par ici, une status update par là (tous les comptes FB/insta/snapchat etc. dans la série existent vraiment et il est possible de les suivre), et à la fin de la semaine, on regroupe le tout dans un épisode. Si vous voulez donc tout voir de la série, direction http://skam.p3.no/sesong/3/?vis=fra-start où y'a tous les clips, conversations FB, et ainsi de suite. Bon par contre c'est en norvégien, naturellement.


Du reste, la mise en scène est cool, la musique est top top avec un mix de hits internationaux, de hip hop des années 90, de russelåter (les russebusser commandent également des chansons personnalisées qui deviennent leur theme), et ainsi de suite. Comme mentionné, le réalisme de la série veut que les jeunes utilisent beaucoup de réseaux sociaux, et on appréciera que ce soit de vrais sites et apps et pas des trucs inventés comme dans beaucoup trop de shows et de films.


En somme, une série très fraîche, bien foutue, qui parvient à la fois à donner un bon aperçu de la culture norvégienne moderne, et à parler de sujets universellement vécus par tous les jeunes.

Timst
8
Écrit par

Créée

le 7 janv. 2017

Critique lue 1.8K fois

5 j'aime

Timst

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