Skins
6.9
Skins

Série E4 (2007)

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Voltaire, lors de son exil en Angleterre, était fasciné par la liberté politique et religieuse qu'accordait la monarchie parlementaire. En faisant un très grand raccourci, on peut dire que cette observation a provoqué la révolution Française.
Il serait intéressant maintenant de faire une petite comparaison entre l'avancée culturelle actuelle de l'Angleterre et celle de la France sur la question de l'adolescence dans la culture.
En France, on a LOL, Les Beaux Gosses et Cœur Océan(c'est même pas des adolescents)
En Angleterre, ils ont Skins.

Ça nous donne un ordre d'idée pour constater le gouffre qui nous sépare. Je ne vais pas tout de suite lancer que la France est culturellement en retard sur tout mais limiter la question de l'adolescence à la puberté est quand même une belle démonstration de la pauvreté de notre paysage audiovisuel.
En tout cas, ce que je peux dire sans aucune hésitation, c'est que les Anglais ont une putain d'avance.

C'est bien simple, Skins parle de l'adolescence sans parler une seule fois d'acné. Rien que ça, ça nous permet à nous, adolescents, de respecter les créateurs et d'écouter ce qu'ils ont à nous dire.

Et le truc qu'est encore plus cool, c'est que Skins est une série structurée et disciplinée. Ne pas faire plus de deux saisons avec chaque brochette de personnages oblige les créateurs à réactualiser leur vision de la jeunesse de Bristol afin qu'elle soit le plus fidèle possible à la vraie jeunesse occidentale. Et centrer chaque épisode sur un personnage en particulier permet de multiplier les points de vue sans amputer l'approfondissement, l'histoire, les réflexions et l'attachement des personnages.

Les personnages changent, les problématiques, les musiques et le style avec.
Mais ce qui ressort toujours, c'est une critique drôle, poignante et triste de la société parodiée à la façon de Rockstar(Grand Theft Auto, Bully, Red Dead Redemption).

Skins ne montre pas les adolescents comme des individus qui manqueraient de quelque chose, de maturité par exemple.
Skins, au contraire, est une apologie de l'adolescence, qui serait ce moment charnière où l'homme, tout juste sorti de la puissance insouciante de l'enfance comprend que la vie n'est qu'une déchéance constante et que le seul moyen de grandir est de refouler cette réflexion.

Voilà pourquoi les adultes de cette série sont constamment à côté de la plaque, extrêmement mélancoliques et frustrés, c'est eux qui ont perdu quelque chose, et malheureusement Tony, Sid, Michelle, Cassie, Jal, Chris, Anwar, Maxxie, Sketch, puis Effy, Freddie, Cook, JJ, Katie, Emily, Thomas, Pandora et Naomi ont perdu cette chose.

C'est maintenant au tour de Franky, Alo, Rich, Mini, Liv, Grace, Nick et Matty de se prendre le mur.
Et je vais passer avec plaisir 800 minutes de ma vie pour suivre deux ans de la leur afin de rire, de pleurer et d'apprendre avec eux comment réagir face à la dureté de la vie.

Skins est une série mystique, mythique, caustique, critique, charismatique, philosophique, psychologique, argotique, énigmatique, dramatique, épileptique, humoristique, érotique, emblématique, poétique, véridique, hypnotique, authentique, narcotique, artistique...


...mais certainement pas anecdotique ! VIVE SKINS ET VIVE L'ESPRIT ANGLAIS.
Espérons juste que les français n'essayent pas de faire une adaptation.
Pettirosso
9
Écrit par

Créée

le 6 févr. 2011

Critique lue 406 fois

Pettirosso

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