Star Wars: The Clone Wars
6.7
Star Wars: The Clone Wars

Dessin animé (cartoons) Disney+ (2008)

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Cette série est dans son ensemble assez inégale, à l'image finalement de la saga qu'elle étend. 12 ans de production expliquent forcément les différences. Certains épisodes, très enfantins, mais dans le mauvais sens du terme, avec l'horrible Jar-Jar et ses copains droides, sont oubliables, tandis que d'autres approfondissent de manière insoupçonnée l'univers foisonnant de cette saga, dans ce qui ne devait être qu'une série bonus et anodine. Les arcs narratifs développés autour d'Anakin Skywalker aka futur Vader et d'Obi Wan apportent leur lot d'explications à l'histoire principale développée dans les films, sans compter la myriade de personnages assez sympathiques : Padmé, Windu, Yoda, Ahsoka Tano, Rex, Five, Grievous, Dooku, Palpatine et tant d'autres (il y en a des dizaines, de toute forme, couleur et espèces)...


Nous nous situons entre la fin de l'épisode II et la fin de l'épisode III, époque troublée dans la République galactique. La Guerre des clones, entre les Séparatistes et la République, fait rage. Les chevaliers jedis, gardien de la République, sont contraints malgré eux à devenir des généraux belliqueux. C'est ce que souligne, en fin de série, le personnage d'Ahsoka Tano, une des grandes réussites de la série d'ailleurs, "j'aurais passé ma vie à faire la guerre. Les jedis étaient sensés être les gardiens de la paix."


Les jedis, sages parmi les sages, contraints à se battre, sont poussés par les manipulations des terrifiants Sidious/Palpatine, Tyrannus/Dooku, Asaj Ventress et Grievous, Dark Maul, Savage, six manipulateurs du coté obscur. Le premier n'est autre que le chancelier de la République lui-même et place ses pions dans les deux camps. La série a le mérite d'éviter le manichéisme bien qu'elle soit simpliste dans ses enjeux et assez enfantine. Elle met en exergue les erreurs des Jedis, les trahisons, les tractations, les batailles, les morts, les doutes. Elle montre aussi que la République et les Jedis, parangons du bien, peuvent se montrer cruels et belliqueux.


Les premières saisons sont des pastiches de films connus. La saisons 2 parodie ainsi Godzilla, Les 7 samouraïs, les références clés d'ailleurs des films et que George Lucas, producteur de la série, affectionne. On emprunte les clichés du policier, du récit de guerre, de l'histoire d'amitié, tout en suivant en filigrane le destin de personnages qui ont souvent des rapports maitre/élève dans un récit d'apprentissage, comme les épisodes originels. Mais plus la série avance, plus elle devient sérieuse. Dave Filoni, qui coordonne le projet, décide que ce sera pas une simple extension de l'univers mais bien une approfondissent. Dès la saison 3, des épisodes d'une grande noirceur réintroduisent un personnage iconique de la prélogie (Dark Maul) et parviennent assez bien à le justifier. Puis les saisons 4 et 5 déploient plus habilement la tragédie à venir, suivant ainsi celle des films. Ahsoka Tano, la jeune apprentie d'Anakin, se retrouve accusée de meurtre, et désavouée par le Conseil des Jedis, piègée par un complot interne à la République. Elle est innocentée mais les Jedis voient cela comme un test pour elle, au fond rien de bien grave, ne s'excusant pas, avec arrogance, de l'avoir abandonnée. On comprend leur erreur, leur faute même. Elle quitte l'ordre, sous le regard désespéré de son maitre, Anakin Skywalker, qui toujours plus seul et déçu, parfois même déjà cruel avec ses ennemis, finira par basculer comme on le sait. A ce moment-là, la série prend alors toute son importance. Sa légèreté apparente, ponctuée ça et là par des épisodes et des personnages grotesques, laisse place à autre chose. Dans un des épisodes de cette même saison, Dark Sidious se met en quête d'éliminer personnellement ses rivaux : s'ensuit un épisode dantesque et épique où il combat son ancien apprenti, Maul et le torture avec une cruauté affichée sur un sourire. Du pur plaisir offert aux fans de l'univers. Chaque personnage, même secondaire de la saga, se voit développé. Parfois la série se répète un peu, dans des scènes de guerre déjà vues, mais toujours elle se raccroche à ses personnages qui ont pour certains le mérite d'avoir atteint, aux yeux du public, des statues légendaires. Elle donne ce qu'on attend de Star Wars : pléthore de batailles spatiales et terrestres, affrontements sith/jedis, plus épiques et improbables les uns que les autres, parle de planètes légendaires (planète natale des Sith, Dagobah, Tatooine, Naboo, Kessel)... En cela elle fait mieux que la postlogie qui s'est échinée à être trop molle niveau action.


La grande musique de Star Wars revient, de plus en plus, sur la fin. Les thèmes de l'empire, de la force, résonnent. Anakin a des visions, Yoda entrevoit la grande purge à venir, on découvre des aspects insoupçonnés de la force... Les épisodes citent les films de la saga, montrant que le caractère et l'évolution des personnages s'inscrivent dans la durée. Tout est relié : le clan des Pikes renvoie à Solo, l'apparition de Saw Guerera renvoie à Rogue One et des allusions à la série Rebels, toujours en cours. Les dialogues de certains personnages évoquent ceux des films. L'univers déployé prend du sens avec une myriade de personnages, de planètes, d'extraterrestres et de droïdes qui ont des grands rôles (ce que n'osaient pas assez faire les films).


La dernière saison, sortie il y a quelques semaines, ne devait pas voir le jour et finalement est apparue, concluant ainsi l'arc narratif de la Guerre des clones, suivant celui de l'épisode III, à grand renfort de citations jouissives qui raviront les fans dans un style graphique plus sombre et mature (visages plus réalistes). Si la première partie est oubliable, la seconde passable, le dernier tiers est épique : Ahsoka Tano retrouve ses anciens amis Jedis pour un ultime baroud d'honneur. Disney donne de l'ampleur à son récit et vient combler les zones d'ombres des films, boucler la boucle de la prélogie (épisode I,II,III). Ahsoka combat et capture le terrible Dark Maul mais ses anciens maitres ne peuvent l'aider : ils sont pris par les évènements de l'épisode III et déjà Anakin bascule, au cours d'une vision qui bouleverse la jeune femme. Le terrible ordre 66 de l'Empereur résonne dans le vaisseau. Les soldats, lobotomisés, doivent tuer tous les Jedis, devenus subitement traitres de la République. Palpatine/Sidious avait tout prévu. Voilà que les propres hommes d'Ashoka la traque. Elle s'échappera, de justesse, désespérée dans une république qui s'effondre, à l'image du vaisseau qui s'écrase en lambeau sur une planète sans vie.


La série s'achève sur un plan de Vader aka Anakin qui retrouve sous la neige l'ancien sabre de son apprentie qui l'avait abandonné des années plus tôt suite à sa fuite évoquée à l'instant. Ambiance crépusculaire, au pied des ruines d'un énorme destroyer de la République. Cette série, pourtant enfantine, n'est pas joyeuse. Elle termine excessivement mal, sombrant toujours plus dans le noir et on finit surpris par l'insoupçonnée profondeur de certains personnages et de la cohérence de l'ensemble, plus forte que les films numérotés. Clone Wars c'est avant tout un récit de guerre épique avec des personnages mythologiques, ce qui dans une saga de space opéra portant le nom de Star Wars n'est pas hors-sujet, au contraire. La série est une extension, non essentielle, mais pertinente, à cet univers.

Tom_Ab
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le 5 juin 2020

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Tom_Ab

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