Pour dire les choses clairement : JAMAIS je n’aurais eu autant de difficultés à attribuer une note à une œuvre. Mon 7/10 n’a pas vraiment de sens tellement la série est inégale et, pour expliquer dans le détail mon ressenti, une critique s’impose. En résumé, je rejoins l’avis général : Steins;Gate est scindé en deux, la première partie étant une véritable plaie, là où la seconde est une expérience unique. Suivant cette logique, cette critique sera scindée de la même manière, pour expliquer comment cet animé peut être aussi nul qu’il est génial.
Le principal souci avec Steins;Gate, c’est qu’il aborde un sujet sérieux et foutrement intéressant, le voyage temporel, en le traitant d’une manière qui ne le rend pas crédible pour un sou. Rien que le résumé de la série est l’exemple parfait de ce que je lui reproche : un groupe d’amis crée une machine à faire voyager les messages dans le temps en customisant …… un micro-onde !
« Wut ?! » O_o
Un micro-onde comme machine temporelle, vous y croyez, vous ? Et bien, toute la première partie souffre de ce problème, on n’y croit pas ! J’attendais quelque chose de sérieux, et c’est parfois le cas quand on nous met face à la réalité des enjeux d’une telle découverte, mais ces considérations sont malheureusement noyées dans une bêtise qui décrédibilise totalement l’ensemble.
Durant les dix premiers épisodes, Steins;Gate cumule tous les clichés que j’avais de l’animation japonaise pour ado. Les protagonistes sont de véritables caricatures, la cruche de service et son abominable « tu-turuuuuuuuu !! », le geek bien lourd avec son humour à deux francs, la moe-nyan-nyan-oreilles-de-chat-cheveux-roses-yeux-qui-brillent, et le héros déjanté qui prend tout à la légère, le tout avec des comédiens qui surjouent chaque personnage au point d’en rendre certains exécrables. On ajoute à cela un humour bas-de-gamme à base de blagues perverses, ou encore des scènes d’une stupidité affligeante (faire manger des légumes à une femme enceinte pour qu’elle ait une fille, et de la viande pour un garçon, mais WHAAAT ??!) et on obtient une première partie vraiment mauvaise.
Mais on m’avait prévenu, la suite est bien meilleure, et sans cela j’aurais eu vite fait d’arrêter la série. Seulement celle-ci est assez courte, et je décide donc de suivre le conseil et de poursuivre. Arrivent alors les épisodes 10, puis 11 qui amorcent une transition vers un tout autre genre, et enfin le 12, dont la fin tranche définitivement avec ce qui nous était proposé jusque là. On entre dans la partie plus sérieuse, plus sombre mais aussi plus touchante de Steins;Gate.
Autant le dire tout de suite, la qualité de la suite est inversement proportionnelle à celle du début, donc forcément très bonne. Le changement, quoique soudain, fait vraiment plaisir, puisqu’il rend sa crédibilité à l’histoire. Le voyage dans le temps altère le futur, crée des paradoxes, et lorsqu’on est le seul à garder le souvenir de toutes ces possibilités, un tel pouvoir se transforme bien vite en un lourd fardeau. Au terme des 12 premiers épisodes, la série commence enfin à exploiter son concept et, bien que l’intrigue ne se focalise que sur les personnages en question, il faut admettre que c’est plutôt bien ficelé.
En parlant des personnages, on remarque qu’eux aussi gagnent en profondeur, révélant leur véritable intérêt dans l’histoire, et les rendant enfin attachants. Le changement le plus radical est bien évidemment celui du héros, de plus en plus torturé puisqu’il se retrouve prisonnier d’un cycle sans fin le confrontant à la mort, la solitude et la fatalité, thèmes prépondérants de l’œuvre. L’intrigue comme l’ambiance se révèlent lugubres, complexes, et tellement plus passionnante à suivre qu’au début. Et fort heureusement, on finit par s’attacher à ces personnages pourtant agaçants lors des premiers épisodes, ce qui permet à la série de prendre aux tripes, avec quelques passages assez émouvants sur la fin.
Est-ce que je conseillerais Steins;Gate ? Encore une fois, c’est difficile à dire car tout dépend de ce que vous en attendez et de ce que vous êtes prêts à endurer. Pour ma part, je dois dire que la série m’a tout de même marqué, qu’elle fait partie de ces œuvres qui m’ont plongé dans une certaine torpeur en raison des émotions qu’elle aura brassées en moi. J’aurais voulu lui mettre 9 quand j’en suis sorti, mais mon bon sens me dicte de ne pas nier la japoniaiserie ambiante du début qui rebutera beaucoup de monde. À regarder en connaissance de cause, donc.