Stranger Things
7.6
Stranger Things

Série Netflix (2016)

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Stranger Things représentait la promesse de rendre hommage au cinéma populaire des années 80. Même nous, pauvres imbéciles nés après cette formidable décennie, avons eu l'occasion de nous apeurer devant Alien, d'être émerveillé devant E.T et de s'amuser devant les Goonies. Nous envions aux enfants de cette époque leurs parties de Jeux de Rôles autour d'une table en bois ainsi que leurs cassettes qu'ils devaient frénétiquement rembobiner avec leur crayon mal taillé. À présent, une trentaine d'années se sont écoulées. La question vient alors : "Ce type de production est-il encore possible à une époque où nos regards se rivent davantage sur nos téléphones portables que vers nos cassettes qui reposent au fond de notre vétuste grenier ?". À cela, les frères Duffer répondent succinctement : "Lol, nope".


Au visionnage du premier épisode, où les personnages comme les enjeux sont introduits, Stranger Things apparaît comme un simple hommage. Toutefois, force est de constater que la forme est très soignée à défaut d'être audacieuse. La photographie est jolie, les musiques s'intègrent bien à la trame (quoique trop "synthétiques" parfois, mais ce genre de son dispose d'un public fidèle") et la mise en scène classique, se révèle trop classique. Malgré mon jeune âge, j'ai compris bon nombre de références, qui m'ont fait décocher sporadiquement des sourires complices. Mais au-delà de ses clins d’œil sympathiques, la série existe réellement.


Des personnages variés interagissent au sein de la série. De prime abord, ils revêtent un aspect classique qui aurait pu devenir agaçant. Néanmoins, le traitement est plus important que le postulat de base. En l'occurrence, les quatre enfants principaux, Mike, Lucas, Dustin et Onze/Elfe auraient pu se résumer "le garçon gentil", "le petit noir", "le petit gros" et "la fille bizarre aux pouvoirs étranges", mais grâce à leur évolution, ce n'est pas le cas :


L'intelligence dont Dustin fait preuve à plusieurs reprises, la rivalité qui s'installe entre Lucas et Mike ou même la relation amoureuse entre Mike et Onze


Tout ça est bien écrit et suffisamment convaincant pour qu'on y croit. Au surplus, les enfants ne sont ni insupportables ni niais. Ils délivrent une très belle prestation. Le format série étant ce qu'il est, ils occupent une bonne partie de l'écran sans faire de l'ombre aux autres. Par ailleurs, si je devais caricaturer un peu, je dirais qu'il y a l'intrigue des "enfants", la leur, l'intrigue des "adolescent", Nancy et Jonathan étant les protagonistes et l'intrigue des "adultes", dont Joyce et Jim tiennent le rôle titre. Et mine de rien, elles ont chacun leur place dans le récit. D'ailleurs, même eux ne sont pas juste caricaturaux. Au-delà de son aspect hystérique, Joyce est une mère soucieuse et déterminée. Bien loin des clichés des adolescents, Nancy et Jonathan ne sont pas en reste. Quant à Jim, il est un chef de police torturé et intelligent qui m'a beaucoup plu à l'avenant.


Pour les personnages secondaires, c'est de ce côté-là que le bât blesse. Entre la geekette, les brutes trop jeunes pour être crédibles ou les autres, on n'est pas sauvé. Cela dit, Steve, même s'il a une évolution classique, n'est pas juste le "vilain petit ami". Ma remarque vient plutôt concernant la représentation des parents. Si je caricature, Joyce et Connie sont des mères de famille qui prennent soin de leurs enfants, s'inquiètent pour eux et font tout pour leur venir en aide. Les pères de familles, en revanche, sont montrés d'une façon beaucoup moins glorieuse. Le père de Will est un alcoolique égocentrique et le père de Mike a l'air d'en avoir strictement rien à foutre. Quant à l'antagoniste, ce n'est guère mieux, mais la série a préféré mettre en exergue les protagonistes. Autrement dit, les mères semblent être meilleures que les pères si j'en suis la série. Ah, et pour terminer avec les personnages, j'ai plutôt bien aimé le professeur de chimie malgré son faible temps d'apparition à l'écran.


Stranger Things s'apparente à un long film entrecoupé en huit chapitres et use des meilleurs conventions des deux formats. Les intrigues enchevêtrées s'enchaînent avec fluidité et alterne avec brio avec les scènes "qui font avancer l'intrigue" avec les scènes de développement de personnages. Tout est maîtrisée à l'exception de scènes gâchant un peu le tableau. Ces scènes qui font grincer des dents tant elles ont été vues mille fois auparavant, tournées et montrées exactement de la même façon.


La scène où le gamin s'urine dessus, la scène où ils rencontrent par hasard la brute dans les bois avec l'apparition badass de Onze, le sacrifice de Onze, résolution finale un peu facile s'il en est.


Ces scènes, pas envahissantes mais pas rares non plus, engouffrent la série dans un classicisme un brin irritant. Un peu dommage, car l'ambiance est maîtrisée et l'histoire est passionnante. Le rythme est géré, les rebondissements sont bien amenées nonobstant leur prévisibilité.


Stranger Things est indubitablement une bonne série. Ce n'est pas exceptionnel, mais elle a capté suffisamment mon intérêt que pour que je prenne du plaisir à la visionner. Un bon divertissement, en somme, et qui existe au-delà de ses références.

Saidor
7
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le 9 sept. 2016

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Saidor

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