Stranger Things
7.6
Stranger Things

Série Netflix (2016)

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Des notes dithyrambiques, un bouche à oreille d’enfer surfant une vague nostalgie des 80’s et une hype estivale 2016 bien maitrisée à base de memes et autres détournements sur les réseaux sociaux, Stranger Things, la série qui inonde vos feeds, avait tous les symptômes pour être, au choix: une bombe qui fera date dans l’histoire des séries, ou bien un cruel pétard mouillé comme-c’est-pas-la-premiere-fois-qu’on-en-aurait-déjà-vu… 


Avouez que c’est souvent mauvais signe lorsqu'on vante tout autour de vous une série et qu’aucun son de cloche différent ne se prête à vos oreilles. La dernière chose idiote que vous pourriez faire avant de mourir serait alors de ne pas regarder la-dite série. Non pas que je soupçonne un mauvais jugement de la part du public ou un emballement trop hâtif, je veux bien croire que cette série en a enthousiasmé plus d'un, mais j’aperçois juste dans le cas de ST un « effet d’emballement » inconsidéré pour une oeuvre filmée qui n’est, certes, pas non plus irregardable, mais qui n’est franchement pas de la haute maîtrise et finalement vite oubliable.


La série souffrant en effet de deux défauts majeurs que sont son écriture et le manque flagrant d'identité du show. 


L'écriture d’abord, et l'abyssale vacuité des dialogues fusillent les personnages en les rendant mièvres et peu attachants, elle coupe l'herbe sous le pied à toute éventuelle envolée dramatique et rend les quelques morceaux de bravoures finalement vains et attendus. Les traits sont trop grossiers et les ficelles du scénario trop visible pour s’attacher aux enjeux émotionnels et aux personnages, que nous présentent à grands renforts de musique et d’artifices trop visibles la mise en scène. Conséquences directes de dialogues qui tombent à plat et qui neutralise l’empathie que l’on pourrait un tant soit peu porter aux personnages.


On se retrouve dès lors face à une pléthore de personnages, et c’est louable, tous aussi différents d’apparence, mais finalement bien creux et monotones sur le fond.
Or une bonne série doit savoir vous rendre connivent avec ses personnages, ou à contrario vous les faire haïr. Par leurs expressions qui font mouche, leurs failles qui vous rapprochent d’eux, ou leurs succès qui vous intiment le respect. Mais à aucun moment elle ne doit vous présenter un bouquet fadasse composé de caractères tous aussi quelconques, sans aucun véritable protagoniste qui vous motive à regarder la suite. 


On a donc au choix: un groupe de 3 gamins yankees clichés (véritable seul caution 80’s mais j’y reviendrai plus tard), dont "l’héroïsme" ne se révèle vraiment que dans les tout derniers épisodes. Un flic-cowboy supposément badass mais qui poireaute sur son enquête comme jamais. Une mère qui ne fait que de pleurer et de jouer avec les ampoules de sa maison (bonjour la facture EDF). Le mec solitaire qui écoute du rock, prend des photos et qui veut se faire justice par lui même. La nana mignonne, un peu gourde au départ, mais qui s’avère vouloir elle aussi jouer des coudes. Le douchebag de service - copain forcément de la nana mignonne - mais qui s’avère finalement pas si douchebag que ça dès lors qu’un monstre vous attaque. Le grand méchant type agent fédéral douteux, qui a autant de charisme que j’ai de médailles en ski. On a déjà dénombré rien que là dedans près d’une demi-douzaine de clichés-type du personnage-type. Mais ce n’est pas tout ami lecteur!


Pour compléter le tableau, pardon, mais le personnage de Eleven est à coup sûr le plus révélateur du manque de maîtrise flagrant dans le script de la série. Ultra caricaturale et méga bâclée, Eleven ne décolle pas d’un iota tout au long des épisodes alors qu’elle aurait du en être son porte drapeau. En à peine deux fois 45 minutes, on a vite fait de caler tout son fonctionnement et sa psychologie, le reste est forcément attendu. Si vous créez un personnage doué de pouvoirs surpuissants, vous vous attelez alors à le rendre un tant soit peu impressionnant et/ou inquiétant, en le bardant de mystères qui ne se révéleront qu’au fil de l’intrigue. Là, non. Peau de zob. On rentre dans le cliché de l’enfant dérangé, qui parle peu mais qui en a sous le capot ! oh oui car Eleven mesdames messieurs sait défourailler tout le monde d’un coup de yeux et même qu’elle saigne du nez après. Honnêtement, sans vouloir paraître prétentieux, je trouve que c’est typiquement le genre de personnage qu’on peut avoir en tête si on commence à écrire un scénario de ce genre. Et c’est bien ça le gros problème de ST, c’est qu’à aucun moment il ne surprend vraiment et vous met devant un personnage ou une situation qui vous retourne l’esprit ou même qui simplement vous fait kiffer. Les dialogues sont pauvres et mille fois prévisibles dès lors qu’on a compris qu’il fallait que ça fasse fan-service à mort.


Le coup de l'exposé du scientifique qui explique les mondes parallèles sur une assiette en carton par exemple. C'est le genre de scène vu un paquet de fois, et ça peut être cool, mais là c'est franchement mal fait. Cela sent presque même parfois l’amateurisme. On sent que les frères Duffer ont voulut nous pondre là une scène révélatrice, à la Retour Vers le Futur lorsque le Doc explique comment ils se sont retrouvés dans le mauvais 1986. Mais là c’est monté avec de tels gros sabots, qu’au final le doc en question dessine sur une sale assiette en carton un schéma ridicule et troue son assiette histoire de faire comprendre que «là c’est du sérieux je vous parle quand même du monde à l’envers, et j’en ai pété mon assiette de pique-nique les mecs». La sauce ne prend pas et on croit autant à la crédibilité de ce scientifique, qu’au sex-appeal de Winona Ryder.


Et les exemples comme ça sont trop nombreux tout au long de la série.
Ce cruel manque d’innovation et de surprise dans l’écriture est en réalité le symptôme du deuxième et principal défaut de la série: son manque d’identité.


TU LA VOIS MA GROSSE REF


Torturée entre l’hommage appuyé aux 80’s et l’effort de paraître néanmoins dans l’air du temps, "Strandger Fiiingz" a, pardonnez moi l’expression, le cul entre deux chaises tout le long de ses 8 épisodes et patauge là où elle aurait pourtant pu exceller.


Pourquoi cela se passe dans les années 80? Rien ne le justifie. Pas l’ombre d’une justification. Hormis celui d'avoir le cachet eightizz, d’offrir un peu de nouveauté sur la homepage Netlfix, et d’alimenter tout l’été le pitch du show, comme la série « trop-référence » des années 80. Mais non ! La série aurait très bien pu se passer de nos jours, ça n’aurait pas changé d’un gramme son histoire! Prenez un show comme Mad Men, par exemple, oui la série avait en son temps fait renaître un petit brin de nostalgie 60’s, mais à dessein! la série parle des années 60, n’est aucunement transposable dans une autre période historique, et fait de son époque le tissu dans lequel l’intrigue et les personnages évoluent au rythme des événements et aléas de leurs temps. Autre exemple, et même si la série est loin d’être parfaite, un Walking Dead par exemple est gavée jusqu'à l'os de refs de films de survival horror, de zombies etc. Mais la référence complète le récit et l'objet narratif, elle est réactivée et remis à jour. En soit donc la référence et la citation dans une oeuvre filmée n'est pas un mal, mais quand celle-ci devient le fondement du projet, et noie l’histoire de toute consistance, en polluant l’intrigue, la photographie et les dialogues: l’overdose est atteinte.


" C'est comme si R2-D2 s'attaquait à Dark Vador! "
Mais horriiiiible cette ligne de dialogue quoi !


Pour ST, les années 80 sont réellement un prétexte, pis, un coup marketing! Et la série tente de copier du mieux qu’elle peut le style des Spielberg, Carpenter, Zemeckis, d’antan, mais sans leurs substances originelles. On a affaire à une sorte de The Artist des années 80.


Car bien sûr c'est trop cool de voir des gamins avec le stylisme resucé des 80's. Ça fait kiffer le millenials qui vient d'avoir le pouvoir d’achat suffisant pour un abonnement Netflix. En plein dans le mille. Joli coup monsieur Flix !


En soit j'aurai applaudi à deux mains et aurait été ravi de découvrir une série qui prend comme univers la nostalgie 80's dont nous raffolons tous. Seulement là on vous l'écrit en énorme tout au long de la série et dans le cas où les citations ne seraient pas assez explicites, on prend bien soin de vous mettre les posters de ces-dites références, accrochées au mur du fond dans le cadre. Ou bien de vous caler le jouet faucon millenium dont vous rêviez quand vous étiez gosse dans les bras des personnages. Mais disséminer partout dans l’oeuvre les artefacts des films qui ont nourri votre passion du cinéma, ne vous en fait nullement retrouver la saveur et le goût d’autrefois: Stranger Things, c’était mieux avant !


Comble de tout cela, et preuve que la série est clairement en manque d’idées: même le thème musical du générique est incroyablement pompé jusqu’à la trogne sur une des musique de ONLY GOD FORGIVES, « Wanna Fight ».


Bref, désolé, mais dans l'état, ce sera sans moi pour la saison 2, à moins que la série passe un cap, tue le père et coupe le cordon avec la mère qui l’a nourri. Malheureusement les premières bandes annonces n’en laissent pas le moindre doute (on a cette fois ci droit à la musique de Thriller et des cosplays de Ghostbusters MDRR). C’est mal embarqué les gars…

Antoine_Aillot
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le 8 nov. 2017

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Antoine Aillot

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