Un divertissement plein de bonne volonté

Nota Bene avant de commencer: cette critique ne portera que sur la première saison, je n'ai pas encore vu les deux suivantes.

Supergirl, c'est une série qui possède au moins autant de qualités qu'elle a de défauts, de fait mon avis sera mitigé.
En premier lieu ce qu'on pourra noter c'est que malgré tout ça cette série fait son boulot de divertissement, donc l'un dans l'autre et à moins d'être très exigent on y trouve son compte.

Dés le premier épisode ce que j'ai noté en premier lieu c'est une sorte de légèreté - Supergirl est une série feel good, on peut dire, on y trouve des personnages attachants, et de l'humour. C'est pas à se fendre la poire mais on nous présente des personnages somme toutes très positifs et des situations drôles - je ne sais pas comment tout un chacun l'aura perçu, mais en ce qui me concerne ça m'a permit de m'identifier à eux et de les apprécier.
Je trouve que ces instants de légèretés sont là pour donner un contrepoids au caractère extraordinaire du personnage, on se retrouve avec une dualité normalité / extraordinaire qui fait tout le fondement du personnage de Kara.
Alors, on bute forcément sur ce que d'aucun considéreront comme le défaut majeur de cette série, parce que ça ne va pas forcément plus loin. On a beaucoup de thèmes prémachés, qu'on pourra retrouver dans quasiment toutes les séries DC du moment, on reste sur du divertissement. Je ne considère pas cela comme étant un défaut en soi, en fait.
Justement cela me ramène à une conversation que j'ai eu récemment avec ma meilleure amie, on se disait que beaucoup de séries cherchaient à intellectualiser les choses à tel point que ça en finit par tomber dans la pédanterie, et que beaucoup de gens avaient la critique facile pour les mêmes raisons. On en vient à délaisser la légèreté, à la considérer comme un défaut. Si vous lisez mes critiques assez régulièrement, vous aurez constaté que j'en fais la remarque assez souvent: "divertissement" n'est pas un défaut. Et les gens sont des rageux - comme dirait Sherlock: "everyone's a critic" (même moi), on en oublie souvent de lâcher prise quand on se trouve en face d'une série/film/livre qui n'est ni mauvais ni intellectuellement challenging; ça ne veut pas dire qu'on doit s'abrutir devant des bouses, mais parfois, la simplicité et la légèreté, la superficialité même, ça n'a rien de mauvais, y'a pas de mal à se laisser porter et à se laisser divertir. Comme quand on regardait Roswell en bouffant du popcorn, ou même Smallville. Car oui: j'aimais bien Smallville, fight me. Il me semble que quand on est plus jeune on a plus facilement tendance à se laisser prendre au jeu, en grandissant on aura plus tendance à chercher la petite bête, et dans un sens, je trouve ça dommage. J'accorde de la valeur aux films/séries complexes, intellectuellement challenging, mais ça ne dégrade pas pour autant la valeur des choses plus légères.On peut apprécier Smallville, Supergirl, ou autres, pour ce que c'est: une série feel good, imparfaite mais qui nous divertis et nous permet de nous évader sans pour autant mettre notre cerveau en mode off.
C'est pour cette raison que dans le cas de Supergirl (comme dans le cas des autres séries DC), je ne m'arrête pas au manque de complexité des intrigues. C'est une série simple, qui s'apprécie comme un petit cupcake - on sait que c'est trop sucré et diététiquement discutable mais ça fait du bien par où ça passe.

D'autant que Supergirl n'a pas tant de gros défauts que ça, si tant est qu'on ne considère pas l'aspect divertissant comme un défaut. Le plus notable à mon sens ça serai surtout la façon dont ils ont tenté d'intégrer Superman, sachant qu'ils n'ont de toutes façon pas les droits pour l'inclure réellement (du moins je suppose, parce qu'on ne cache pas le visage d'un personnage si on a le droit de le montrer). Je ne pense pas qu'ils se soient totalement plantés en l'incluant indirectement, au contraire je pense que c'était une bonne idée, mais ça donne de temps à autres quelques incohérences - je pense surtout aux deux derniers épisodes.

En parlant d'incohérences, il y en a une encore plus grosse en ce qui concerne les intentions d'Astra et Non, et elle se pose en cette question: pourquoi veulent-ils (surtout Astra en fait) si désespérément empêcher la destruction de la Terre (qui n'adviendra pas avant quelques siècles), quel est leur intérêt là-dedans? Alors je me dis que c'est peut-être parce que ça les emmerde d'élire domicile sur une planète qui pourrait être détruite à cause de ses habitants, mais ça n'est en tout cas jamais expliqué. Je les trouve vachement investis dans cette mission alors qu'ils n'ont aucune raison de l'être.

Heureusement, ce sont des défauts qui ne dérangent pas tant que ça. Au final c'est un comics et ça part sur des facilités scénaristiques et des petites fautes qu'on retrouve dans les comics à la base.
Ca n'empêche pas la série de bénéficier de personnages attachants, et de quelques moments que je trouve franchement pas mal (j'ai en tête cette scène durant laquelle Kara puise en elle toute sa colère refoulée pour détruite l’androïde rouge, ça donne un plan particulièrement beau et poignant. Il faut dire aussi que Melissa Benoist joue son rôle à la perfection.

Je note aussi une thématique féministe qu'on retrouve tout au long de la série, et... c'est cool! On sent que l'un des propos principaux de la série, outre la famille et l'amitié qui unit les personnages, c'est comment se faire une place dans la société quand on est une femme. Et ce propos est très habilement développé dans la relation qu'entretiennent Kara/Supergirl et Cat Grant. Ca se ressent aussi dans la façon dont Supergirl et Superman sont mis en parallèle: Kara doit sortir de l'ombre de son cousin, se démarquer de lui et prouver sa valeur, être là où on ne s'attend pas qu'elle soit.
J'ai vu passer une critique disant que Supergirl est un copier coller de Superman, basiquement, mais c'est manquer tout ce que cette série essaie de démontrer. Supergirl est une remise en question d'une hiérarchisation patriarcale, et en ce sens, Supergirl est l'égale de Superman, elle le surpasse même; les méchants qu'elle rencontre répondent également à cette remise en question. A bien y regarder on se rends compte que les problématiques que soulèvent Superman et Supergirl ne sont pas les mêmes, et si le schéma bagarre-héro-villains-espoir est similaire, il y a suffisamment de distinction entre les deux pour que ça ne soit justement pas un bête copié collé.
Il y a aussi la thématique de la différence et du développement personnel au-delà de ce que les autres attendent de nous. Kara doit trouver sa voie et se détacher du rôle qu'on lui avait attribué au départ - ce "on" faisant tout autant référence à sa famille biologique qu'à sa famille adoptive.
En gros le thème de Supergirl c'est comment trouver sa place - dans la société, dans sa vie, comment créer sa propre histoire. A bien des égards c'est un thème dans lequel on peut s'identifier.

Donc en fin de compte, on ne peux pas reprocher à cette série de ne pas avoir de message à délivrer, ça n'est pas une série abrutissante. Par le divertissement elle parvient à véhiculer des valeurs, et c'est bien la preuve qu'on peut transmettre quelque chose par un divertissement gros budget - ne pas sur-intellectualiser une histoire ça ne veut pas dire qu'il ne reste rien pour la réflexion.

En conclusion: pour moi Supergirl est une série simple, qui souffre de nombreux défauts que chacun pardonnera ou pas selon son degrés d'indulgence (en tout cas des défauts qui font que ma note n’excédera pas 6/10), mais qui à quelque chose à proposer quoi qu'il en soit, et elle aura au moins le mérite d'être divertissante, bien rythmée et bénéficiant de la présence d'au moins deux actrices talentueuses (je parle de Melissa Benoist et Callista Flockhart - d'autres acteurs sont moins bons à mes yeux (genre Mahcad Brooks que je trouve... meh) mais ces deux là font que regarder la série ne sera jamais une perte de temps, elles sont excellentes). Au final j'ai passé un bon moment à la regarder (comme j'avais passé un bon moment en regardant The Flash et The Arrow - ces trois séries partagent le même quota défauts/qualités et sont divertissantes de la même manière, et de fait je les aime bien).