Des survivants propres et solidaires

Survivors nous parle d'un virus mortel qui annihile la race humaine en quelques jours. Comme le titre l'indique, on y suit les aventures de quelques survivants dans une Angleterre post-apocalyptique, durant 2 saisons de 6 épisodes chacune.

Petit tour rapide des principaux personnages :
- Abby est une quadragénaire qui a été infectée et qui a réussi à survivre après être passée à deux doigts de la mort. A la manière de Michael dans Lost, elle recherche inlassablement son fils et multiplie les allers-retours dès qu'un indice se présente. Elle a involontairement pris la tête du petit groupe auquel elle appartient.
- Tom est un ancien prisonnier condamné à 20 ans de prison. Après s'être échappé du pénitencier, il cherche à changer d'image, et s'avère par conséquent assez discret pour ne pas éveiller les soupçons sur son passé. Malgré ses efforts, il reste brusque, possessif et homophobe.
- Greg est un analyste solitaire, qui rechigne à vivre en communauté. Bien qu'ayant initialement prévu d'aller vivre dans une petite ferme, il se joint au groupe d'Abby et finit par progressivement s'attacher à eux.
- Anya était médecin dans un grand hôpital. Lors de la pandémie, elle n'a réussi à sauver personne, et elle le vit très mal : elle cache donc son passé professionnel à tout le monde. Elle plaît beaucoup à Tom, mais leur relation est compliquée.
- Al était un fils-à-papa qui vivait la grande vie et fuyait les responsabilités. Il se définit lui-même comme un lâche.
- Najid est le jeune garçon du groupe. Très pieux avant et après le virus, il cherchait à rejoindre sa famille à Blackburn quand il a rencontré Al. Son passe-temps favori : s'occuper des poules.
- Sarah est la jolie fille opportuniste de la bande. Après avoir survécu dans un entrepôt en accordant ses faveurs au "gérant", elle l'a laissé pour mort et a rejoint le groupe d'Abby. Ayant besoin d'un homme fort pour la protéger, elle s'est rapprochée de Tom.
- Samantha Willis était ministre de la santé. Depuis que l'Angleterre est devenue une grande zone de non-droit, elle essaie tant bien que mal de faire régner l'ordre et de créer une nouvelle société à partir des cendres de l'ancienne. Se sentant investie d'une responsabilité morale vis-à-vis de son pays, elle instaure des lois totalitaires sans vraiment se rendre compte de la portée de ses actes.

Maintenant que le décor est posé, vous vous dites que ça doit déchirer comme série ? Et bien comme dirait un certain raggal, "oui et non". Survivors pêche en effet par son casting. Peu de ces personnages sont attachants : Greg possède une certaine profondeur et une tristesse dans son regard, et la relation quasi-filiale entre Al et Najid nous montre que les Hommes sont obligés de s'adapter dans des situations extraordinaires. Mais à coté de ça, Abby est fatigante et manque cruellement de charisme et d'envergure, Tom est caricatural à souhait dans son rôle de "tough guy" taciturne, Sarah a deux expressions au compteur, et l'actrice incarnant la ministre passe son temps à parler avec des trémolos dans la voix (un peu comme la présidente de 24 Heures Chrono, comme quoi, le pouvoir, ça doit rendre faible et triste). Les méchants ne font quant à eux pas très peur (il y a de quoi rire quand on les voit un fusil à la main), et dans l'ensemble, la série souffre d'une certaine mollesse et d'un manque de rythme : les épisodes durent en général 58 minutes, mais 42 auraient largement suffi. Même si cela relève de l'anecdote, la bande originale est assez horripilante, avec une musique orchestrale grandiloquente complètement hors de propos.

Là où ça devient plus gênant, c'est qu'on ne ressent presque jamais la détresse ou la peur à l'écran, alors que le monde est livré à l'anarchie. Plutôt que de chercher à sauver leur peau coûte que coûte, les divers personnages passent un peu trop de temps à se chercher et à aller se secourir les uns les autres. Niveau crédibilité, on repassera... Enfin, ils sont pour la plupart propres, bien habillés, rasés, et si la première saison traitait des problèmes de pénurie et de rationnement, ce thème disparait rapidement pour laisser la place à des jeux de pouvoir et à des histoires farfelues de laboratoires pharmaceutiques.

Même si elle se perd parfois en route, Survivors reste captivante dès lors que les réalisateurs s'attardent sur les paysages : ce n'est pas tous les jours que l'on voit une Angleterre en ruines, et l'on ne se lasse pas de voir les rues vides et les bâtiments complètement abandonnés. Il y a aussi ces fulgurances où on aperçoit la sauvagerie ou l'impuissance d'individus autrefois civilisés.

Malgré des défauts évidents, j'ai donc regardé ces 2 saisons sans m'ennuyer. J'en attendais beaucoup, peut-être trop, et la série m'a déçu quand elle a commencé à se désintéresser de la survie de ses protagonistes, pour se concentrer des théories conspirationnistes dignes du film 2012. Survivors aurait pu être grandiose si elle nous avait montré le long délitement de la société, voire le retour à l'état animal faute de nourriture et de règles. Il n'en est rien, mais cela reste un agréable divertissement.