Alors qu’en 2009, un nouvel opus Terminator allait sortir sur le grand écran, c’est par le biais de la télévision que la franchise effectuait son retour. Sous la forme d’une série télévisée qui, comme le troisième film, n’a pas marqué les esprits. Pour preuve, il suffit de regarder les audiences : la première saison est passée de 18 à 8,3 millions de téléspectateurs, tandis que la seconde n’a quasiment pas dépassé les 6 millions (sauf le premier épisode). Un désintéressement brutal qui annonce déjà la mauvaise qualité de la série. Ou serait-ce le fait que la saga n’ait plus son impact d’antan ? La réponse dans cette critique !

Sur le papier, Terminator : les Chroniques de Sarah Connor se déroule entre le second et le troisième opus. Une période durant laquelle ladite Sarah Connor continue sa quête pour empêcher le Jugement Dernier (les hommes devant survivre à Skynet et ses hordes de Terminators) avec son fils John. En voyant l’épisode pilote, vous vous rendrez compte rapidement que la série va prendre un chemin différent. Si nos protagonistes font tout en œuvre pour changer l’avenir, l’histoire, elle se déroule après Terminator 3 (il suffit de regarder les années : le 3 se passait en 2003 tandis que la série se situe entre 2007 et 2009). Du coup, oubliez le troisième film et donc le quatrième, ces longs-métrages n’entrant pas dans la continuité lancée par cette série, qui veut donc changer la donne et tenter de mettre (enfin) fin à cette fameuse guerre des machines. But louable, qui peut fournir son lot d’idées nouvelles et astucieuses (le fait que John Connor, dans le futur, veut une alliance avec certaines machines et que ses hommes ne lui fassent pas totalement confiance), mais en proie à d’invraisemblances flagrantes.

Si vous connaissez la saga sur le bout des doigts, autant vous prévenir : vous allez vous arrachez les cheveux ! Et pourtant, il semblerait que tout ait été mis en œuvre pour que cette série suive comme il se doit la saga cinématographique, vu le nombre de clins d’œil qui y sont intégrés. Cela passe par quelques répliques cultes (« Viens avec moi si tu veux vivre »), l’intervention de certains personnages (le Dr. Silberman, Enrique Salceda…), les nouveaux protagonistes (la Terminatrice Cameron en hommage à James Cameron, Derek Reese qui est le frère de Kyle) et quelques rappels (les événements du second film, notamment l’explosion de l’usine Cyberdyne). Mais en ayant le troisième film en tête, vous vous rendrez compte que rien ne marche. Il suffit de prendre le scénario de base : dans le 3, le Jugement Dernier a lieu en 2003, de ce fait, quand nos héros sont propulsés de 1997 à 2007, ils devraient se trouver en pleine guerre (n’ayant pu l’empêcher de se produire). Dès lors, le côté commercial des Chroniques de Sarah Connor ressort aussitôt : la série a été faite à l va-vite juste histoire d’attirer les fans et de surfer sur le succès de la franchise sans se soucier de son script. Mais les téléspectateurs ne sont pas dupes ! Les audiences parlent d’elles-mêmes !

Autre point faible du scénario : son rythme. Ce que l’on reprochait au troisième film, c’était son script qui ressemblait fortement au second mais qui ne gardait que le côté action, mettant de côté toute la psychologie des personnages. Pour cette série, il semblerait que c’est cette psychologie que les scénaristes ont voulu remettre en avant. Problème : chaque épisode nous sert une surdose de sentiments niaiseux qui, malheureusement, se répète souvent. Et cela nuit grandement à chacune des saisons : la première prend trop de temps à démarrer (seul les premier et dernier épisodes titillent l’intérêt), la seconde veut élargir son histoire mais tourne en rond (notamment avec l’intervention des personnages de Riley et Cromartie / John Henry. Du coup, à force de trop se préoccuper de ses protagonistes, la série oublie à quelle franchise elle appartient.

Fans d’action et de la saga dans son intégralité, vous serez vite déçus devant les Chroniques de Sarah Connor ! Et pour cause, la série manque cruellement d’action et de suffisamment de détails qui lui permettrait de mériter le titre de Terminator. Comme l’intervention des fameuses machines, qui ici répondent malheureusement peu présentes. Juste par le biais de seconds couteaux qui surgissent de nulle part ou bien de flashes-back qui alourdissent un rythme déjà pas folichon. Qui plus est servis par des effets spéciaux qui laissent sérieusement à désirer, qu’ils soient numériques ou bien manuels (notamment les accessoires). Un blasphème quand on sait que la saga est connue pour les animatroniques de Stan Winston ! Et quelle est l’excuse de la production ? « Le budget plus restreint dû au statut de série télévisée ne nous le permet pas ». Désolé, mais James Cameron avait fait des merveilles avec le tout premier film, estimé à 6 millions de dollars. Je ne crois pas une seule seconde qu’une série dérivée de la saga Terminator coûte moins que cela ! Donc, sur le point de vue technique, un effet carton pâte aurait pu être grandement évité !

Enfin, parlons du casting ! S’il n’est pas mauvais dans son ensemble, il n’échappe pas à certains choix de comédiens des plus discutables. Notamment en ce qui concerne le personnage principal : Sarah Connor. Après la performance très guerrière de Linda Hamilton dans le second film, il est étonnant d’avoir une Lena Headey qui veut jouer les femmes fortes sans jamais y parvenir (il y a quelque chose dans son jeu qui ne la rende pas vraiment crédible dans ce rôle). Puis vient Garret Dillahunt (Cromartie), qui n’a franchement rien d’un Terminator (surtout sa tête) et se montre bien plus intéressant quand il devient John Henry. Et nous terminerons par Shirley Manson (Catherine Weaver), qui aurait très bien pu interpréter son personnages autrement pour cacher aux téléspectateurs son statut de Terminatrice (je ne spoile rien, même le scénario gâche la surprise en le révélant dès l’épisode où elle apparaît).

Malgré quelques idées scénaristiques intéressantes vis-à-vis des personnages et de la saga dans son ensemble, Terminator : les Chroniques de Sarah Connor possède bon nombre de défauts qui l’empêchent d’être une série sympathique. Surtout quand ces derniers font honte aux qualités des films (du moins, ceux de James Cameron). Il est donc facile de comprendre pourquoi les audiences de la série lui ont été fatales, au point que la production ait décidé de l’arrêter dès la saison 2, de peur de continuer le gâchis économique. Et vu le dénouement de la série, même si plusieurs questions resteront du coup sans réponse, nous pouvons nous en contenter (le fait que « John Connor jeune » débarque dans le futur et doit faire sa place pour être le leader que tout le monde connait).
sebastiendecocq
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le 23 sept. 2014

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