On s'affaire dans The Affair.

J'en avais entendu parler comme la série à voir et surtout la première saison. Le pilote est vraiment intéressant parce qu'il pose les bases de la principale originalité de The Affair : l'alternance de points de vue.
Très bonne idée qui permet de jouer sur la notion même de vérité puisque l'on suit uniquement le point de vue d'un personnage à la fois. Chaque épisode est, généralement, coupé en deux et les évènements sont rapportés par deux points de vue. La première saison se limite aux deux personnages principaux qui vont vivre l'adultère (d'où le titre de la série) en se découvrant pendant les vacances. Lui, le prof et futur écrivain qui n'arrive pas à commencer son second livre, entiché de quatre gosses plus ou moins supportables, de beaux-parents encombrants et elle, meurtrie par le décès de son enfant survenu deux ans plus tôt, serveuse sans avenir.
Tous les ingrédients sont là pour justifier l'adultère et malgré le point de départ qui consiste à voir les points de vue des personnages, les scénaristes sortent les grosses ficelles pour en rajouter alors que le sujet n'en a franchement pas besoin. Pour ma part, le principe même de l'enquête policière (bonne excuse pour justifier les points de vue) se déroulant après les évènements racontés annihile toute tension et tout l'effet de certaines scènes.
L'autre bonne idée est de jouer sur les tenues des personnages, voire même les lieux pour justifier les points de vue différents. Je peux comprendre que l'intérêt de l'artifice et je remercie les scénaristes d'avoir rapidement compris que faire la même histoire selon deux points de vue était vite chiant.

La saison 2 suit les conséquences de l'adultère et se révèle la plus intéressante en ajoutant deux autres points de vue (les époux victime de l'adultère de leur conjoint respectif). Un peu d'air et moins de grosses ficelles pour une introspection des personnages. Comme un retour à la réalité après la parenthèse du grand secret.
La saison 3 part un peu dans tous les sens pour essayer de trouver quelque chose à raconter et justifier son existence. De bons moments et l'impression tenace de naviguer à vue pendant 10 épisodes. Le dernier est particulièrement naze sauf la scène de fin qui sonne comme la conclusion de la série.

The affair, c'est la bonne idée qui se retrouve piégée par son absence de subtilité et sa propre originalité. Le récit subjectif et fantasmé devient lassant tellement la vérité des uns n'est pas celle des autres. Alors oui, dénouer la part de mensonge et de vérité est intéressant, mais pendant 32 épisodes (à ce jour, saison 4 bientôt), je ne le pense pas. Et les scènes de sexe gratuites qui semblent être posées là juste pour remplir le cahier des charges, la série aurait pu s'en passer.
Le besoin de remettre ses personnages ensemble sans aucune justification autre que de sortir la scène imaginée auparavant qui fera dire que c'est un bon moment et qui fait passer la série pour un soap qui se la pète. Le problème de l'alternance de point de vue, c'est que l'on ne voit que ce que les scénaristes pensent que les personnages font sans chercher une vérité plus tangible. Et parfois, c'est d'un cliché alors qu'il y a moyen de faire beaucoup plus subtile. Oser montrer la vérité crue de temps en temps pour que le spectateur puisse percevoir de lui-même ce que sont les personnages en dehors de leur propre perception des évènements aurait été intéressant, à mon sens.
Les acteurs sont bons voire exceptionnels (Surtout Dominic West), j'adore la musique du générique, mais je range The Affair dans la catégorie série : tout ça pour ça (même pour la saison 1).