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Saison 1.
(Juillet 2015)


Noah, néo quadra, est prof et écrivain à ses heures, marié et père de quatre enfants. Un gars de la ville, sans histoire. Alison, la trentaine, est serveuse dans une petite bourgade près de la mer. Une femme mariée qui transporte une blessure récente et terrible. Tous deux vont se croiser et s’aimer follement plus ou moins dès le premier regard. The Affair fait le pari de raconter cette relation en sectionnant chaque fois son épisode en deux parties, l’une offerte à Noah (Impeccable Dominic West), l’autre à Alison (Divine Ruth Wilson).


 Ce qui est beau dans le pilot c’est de voir combien cette future rencontre est vécue de manière prémonitoire dans la partie offert à Noah et complètement hasardeuse, du côté d’Alison. Pour elle c’est un jour habituel si ce n’est que Montauk reçoit ses estivants. Pour lui c’est un flirt à l’honneur dans une ouverture à la piscine municipale où il se laisse gentiment séduire par une jeune femme, qui au sortir se dérobe aussitôt découvert l’alliance au doigt de sa proie. Mais l’épisode, l’air de rien, s’ouvre sur une subtile odeur de mort qui fera forcément écho avec le drame vécu par Alison – C’est d’abord le fiston qui simule un suicide au moment du départ, plus tard la plus jeune qui s’étouffe avec une bille, sans conséquence. L’idée est d’ailleurs double puisque l’étouffement se déroulera dans le restaurant dans lequel travaille Alison, encore fragile, je n’en dis pas plus. Je ne parle qu’exclusivement du pilot, là. Quoiqu’il en soit, tous les relie, inévitablement. La ville rencontre la campagne. L’apparente tranquillité familiale entre en contact avec le drame familial qui a tout brisé. Les différences d’âge aussi, se collisionnent.
Les trois premiers épisodes, aussi sublimes soient-ils, pourraient dégager un schématisme rugueux dans lequel chaque partie serait le miroir déformé de la précédente sur un laps de temps et de situation similaire, avec comme seule différence notable le point de vue. Celui de Noah, puis celui d’Alison. Le quatrième épisode, construit pourtant pareil en apparence, brise cette habitude, la partie Alison débutant là où s’achevait la partie Noah. Pendant qu’ils font l’amour, pour la première fois. Un tournant. C’est d’ailleurs un épisode qui leur est entièrement dévoué, leurs maris et femmes restant hors-champ pendant l’heure. Tout se passe à Brock Island, lieu d’évasion vers lequel on file par le ferry, à l’intérieur duquel on se perd entre petites boutiques, phare et falaises. L’épisode suivant reprendra le schéma initial mais inversera l’ordre des points de vue, comme si le récit venait empiéter et dévorer la construction même, accentuer le mystère, le vertige et faire exploser la discrétion de cette double relation adultère.
Ce qui ne change pas c’est le degré d’investissement et de détermination qui réside en chacun des deux personnages, évoluant au gré des souvenirs respectifs. L’un étant systématiquement plus entreprenant dans le souvenir de l’autre. Et ce que l’on retrouve aussi systématiquement ce sont ces brefs flashes forward d’interrogatoires dans lesquels on comprend qu’ils sont tous deux questionné sur une affaire de meurtre, qui s’éclaircit à mesure que la série progresse – On pense au procédé utilisé dans True detective, excusez du peu. Du coup on peut aussi voir cette somme de souvenirs comme le récit que nos deux personnages racontent et tentent de se remémorer (voire écrire) plus tard – Aucun élément n’est donné à propos de la temporalité. C’est une donnée importante dans The affair cette dislocation temporelle. Dans quelle sphère se situe cette partie thriller ? Quels sont les écarts de temps entre les différentes rencontres entre Alison et Noah ? Un moment donné, plus ou moins vers la moitié de la saison, on comprend que les vacances se terminent, on comprend alors que l’on vient de voir une passion cachée de huit semaines. Et que tout est censé s’arrêter net, comme ça, aussi parce qu’il y a une affaire de drogue pas très reluisante d’un côté et un problème avec la plus grande des filles de l’autre. Une fois de plus, quoiqu’il en soit, on nous prend au dépourvu. On quitte un peu Montauk, on retrouve Blooklyn. Comment se relever de ce changement d’axe ?
Il faudrait s’attarder davantage sur l’écriture tant c’est une merveille de tous les instants. Jusqu’aux dialogues les plus insolites à l’image de celui entre Noah et son beau-père lequel on comprend a traversé jadis une situation similaire qui lui a permis de se jeter à corps perdus dans son meilleur livre. C’est dingue comme les personnages les plus secondaires et à priori les moins aimables sont écrits avec intelligence et subtilité. Ils existent parfois en trois répliques voire en un regard. Le fils de Noah, la mère d’Alison, Whitney, Le flic, Oscar. Il y a aussi cette thérapie de couple en filigrane, qui évoque de loin cet immense joyau qu’est Tell me you love me. Ou là le poids de cet enfant disparu la puissance insondable de cette merveille qu’est Mildred Pierce. La fragilité du couple, d’un côté comme de l’autre. La difficulté d’être parent. La mort qui rôde sans cesse. Et l’eau qui est partout, piscine comme océan, lieu dans lequel on repense ses origines. Et la force mystique des lieux : ici un ranch en sursis, là un appartement ou une chambre d’hôtel, tout prend une envergure dramatique hallucinante. C’est tout ça à la fois The Affair, pas moins. C’est d’une force inouïe en continu.
On aurait seulement pu craindre un essoufflement avec l’arrivée de la fin de l’été, qui convoquait donc la fin (provisoire) de la relation. La série rebondit alors et dilate (encore davantage) le temps. Les ellipses sont plus imposantes et parfaitement travaillées – On parle de quatre mois depuis l’été ici, on ressent presque la boucle annuelle là. Il y a quelque chose de complètement délirant dans notre rapport à la temporalité qui se rapproche de ce que vivent Alison et Noah, qui ne sont plus ceux qu’ils étaient et ne considèrent plus seulement leur relation comme un plaisir instantané. Les aveux mutuels de l’épisode 7 sont d’une puissance et d’une justesse rare – cette séquence entre Alison et Cole sur le trottoir, sublime. Et le tragique qui enrobe l’épisode suivant absolument magnifique – La séquence du coffre à jouet, j’étais inconsolable. J’ai chaque fois l’impression que la série ne se relèvera pas des nouvelles données qu’elle se crée. C’est fascinant.
Reste un dernier épisode pour le moins troublant. D’une part car ce sont des nouvelles vies qui nous sont données à voir, on a presque l’impression d’avoir manqué des épisodes. D’autre part car la collision dorénavant habituelle qui va se produire entre Alison et Noah est racontée très différemment cette fois, selon le point de vue, contrairement aux infimes détails changeants de leurs précédents souvenirs. Un souvenir comme celui-ci n’a aucune probabilité d’être perçu avec autant de différence d’un cerveau à l’autre. Mais bon, qu’en est-il vraiment de ces interrogatoires ? Des bouleversements conjugaux à répétition ? Où est la frontière entre le souvenir et le fantasme, la vérité, l’altération et le mensonge ? Que penser de cette toute fin de saison ? La temporalité fait encore des siennes. Des années ont passé ? Qu’importe. J’ai appris que The Affair avait été renouvelée et donc écrite sur trois saisons, on est donc en droit de penser que les zones d’ombre sont encore nombreuses. Inutile de tourner autour du pot, je pense sincèrement que c’est le truc le plus fort et prometteur vu cette année avec The leftovers.

Saison 2.
(Mai 2016)


C’est une superbe saison. Probablement moins homogène que la première, mais elle n’aura pas hésité à offrir de ses quatre personnages majeurs un lot de rebondissements généreux. C’est d’ailleurs ce que l’on retient en premier de cette saison, ils sont quatre. Vraiment quatre, parfois même interchangeables ; Jusqu’à faire des chapitres sur Helen et Cole quand la première saison se contentait de faire des épisodes miroir sur Alison et Noah. J’aime l’idée que la série se réinvente formellement et narrativement (Le récit de ces douze épisodes semble se dérouler sur plusieurs années) et bouscule toutes nos attentes. Il y a même un épisode, celui de l’ouragan, où les chapitres coutumiers ont disparu, à la place on nous offre un montage parallèle entre les quatre personnages, se croisant ou non, débouchant sur l’accouchement d’Alison.


 Ma préférence va toutefois à celui qui démarre sur une thérapie, celle de Noah. La série n’hésite pas à faire durer cette séquence (Il devait être accompagné d’Alison et finira par se confier entièrement en solo) dans son entièreté, soit pendant une demi-heure. Un parti pris que j’aime beaucoup, parmi d’autres. Dans la seconde partie de l’épisode en question, Alison rencontre furtivement Scott en ville, se rapproche de Cole qui vit sa nouvelle passion amoureuse et s’éloigne un peu plus de Noah (qui ne vit plus que pour sa réussite et ce qu’elle engendre) préparant le double épisode final qui va enfin tout nous dire sur la mort du frangin Lockhart, que l’on suit depuis le début (dans un flou de moins en moins flou) via ces étranges interrogatoires de fin d’épisodes.
Je ne suis pas aussi enthousiaste que l’an passé, preuve en est que j’ai parfois laissé passer quelques semaines entre mes visionnages, mais quand on y est plongé, il faut reconnaître qu’on y est bien. Le problème vient essentiellement des personnages centraux qu’on adorait sans limite avant et qui sont devenus un peu antipathiques (Noah, le premier) à l’image de leur version future qu’on nous offre depuis le début en échantillon. Ils se font dévorer par l’intrigue, quand ils voltigeaient encore au-dessus l’an passé. Helen et Cole permettent de nuancer cette distance. Ce sont eux qui apporte une force nouvelle, elle dans le rejet de sa mère (Saleté, celle-là) et lui dans sa rencontre avec Luisa.
Et puis il y a tout ce que cette histoire (de plus en plus dingue) traite d’inéluctable qui reste fascinant, comme l’évocation du Lobster Roll (dont on parle en permanence et qui rappelons-le était le premier lieu de rencontre entre Alison et Noah), la mort de Scott (Accident ? Meurtre ? Cette saison apporte une réponse claire et précise), la famille maudite (La faute semble-t-il à un grand-père monstrueux), le fantôme de Gabriel (Qui hante la nouvelle grossesse d’Alison et la renaissance de Cole) ainsi que la réussite de Noah (Qui a enfin sorti un livre qui marche du tonnerre, problème est qu’il s’agit de son histoire à Montauk). Nombreux paramètres qui étoffent un récit d’une richesse constante et finissent de noyer la série dans un Soap vertigineux et parfois bouleversant – Les instants les plus beaux de cette saison sont à mes yeux ceux entre Helen et Noah (L’hôpital, essentiellement) qui s’aiment toujours, autant qu’Alison et Cole, c’est ce qui est le plus bouleversant là-dedans.

Saison 3.
(Avril 2017)


The Affair avait les cartes pour s’en aller en deux saisons. Le pourquoi du comment des flash forward qu’on retrouvait régulièrement en fin d’épisode était révélé en scellant cette histoire à quatre (Alison, Noah, Cole, Helen) par un étrange accident/meurtre qui ouvrait la voie à d’autres mensonges, d’autres chemins de vie. Comment se redéployer quand les deux grandes storyline (la relation adultère entre Alison & Noah, la mort de Scott Lockhart) sont échaudées ? Que cette nouvelle saison s’ouvre après une ellipse de plusieurs années (Qui ne sera jamais clairement dit mais dont on peut deviner la durée grâce à l’âge de Joanie, la fille d’Alison & Cole) montrait d’emblée une envie de redistribuer les cartes.


 Pas sûr que The Affair avait besoin de déterrer de lourds secrets inavouables (Noah trimbale le fard.eau d’avoir offert de mourir à sa propre mère) et opter pour l’option folie paranoïaque. C’est la saison Noah, en fait. Et c’est con, c’est le personnage qui me pose problème durant cette saison. Celui où j’ai d’abord la sensation qu’il y a beaucoup de choses à en dire (Son séjour en prison, son amour resté intact pour Alison, le lien fragile avec son fils, l’héritage de la maison de son père, sa rencontre avec une française) mais qu’on va tout liquider dans une intrigue faiblarde aux imposants relents schizophréniques. J’ai bien cru qu’on allait nous dire que le geôlier n’existait que dans sa tête. Et c’est tout comme.
Un peu trop de Noah durant cette saison, donc. Et trop peu d’Alison. Elle illumine pourtant chaque épisode dans lequel elle se trouve. Les meilleurs chapitres sont les siens. Il pourrait n’y avoir rien écrit pour elle qu’on suivrait son quotidien à bicyclette avec passion. D’ailleurs que se passe t-il pour elle ici ? Une simple affaire de garde d’enfant. Et c’est passionnant, tellement bien écrit, tellement puissant sur ce que ça raconte, en filigrane et sans rien appuyer, de Gabriel, de Joanie après Gabriel, d’Alison jadis cadenassée par les Lockhart, d’Alison qui retrouve la vie au contact d’un père de famille paumé. Alison c’est Le personnage de The Affair, en fait. La saison 3 l’aura trop vite oublié.
Pourtant la série continue de me passionner : Le temps qu’elle peut prendre pour gérer une discussion, un déplacement, les lieux qu’on y traverse, les personnages qui la meublent jusqu’aux plus secondaires (la sœur de Noah, le petit ami d’Helen, Luisa, Whitney…) et la toujours élégante construction qui fait sa marque, même si ça m’a semblé nettement plus gratuit et factice ici. Si le neuvième épisode venait fermer l’arc narratif sur la folie de Noah, de façon assez grotesque, la série allait prendre un risque dans le suivant, justement parce qu’il s’agit du dernier de la saison, en emmenant Noah à Paris et surtout en offrant l’un des chapitres/points de vue à Juliette, dont on ne connaissait encore presque rien.
On aurait préféré revoir Helen ou Alison, mais c’est réussi, j’aime bien ce qu’ils ont crée avec ce personnage qui peut être vu comme un miroir de Noah. Surtout la saison se ferme de façon plutôt miraculeuse sur un chapitre Noah, forcément, mais surtout sur une retrouvaille bouleversante avec sa fille. J’aime trop The Affair donc il m’en fallait peu pour oublier la débâcle de l’épisode précédent (Qu’on peut aussi vite oublier en repensant au sublime épisode 6, avec Alison & Noah, on se refait pas) mais franchement, il me semble que finir là-dessus et sur une promesse de reconstruction familiale (d’un côté comme de l’autre, puisque le compromis semble avoir été trouvé aussi entre Alison & Cole durant l’épisode 10) est une idée lumineuse. Reste à se demander ce que The Affair peut nous offrir dans son ultime saison. Mystère.

Saison 4.
(Octobre 2018)


Si l’on craint d’abord que The Affair ne s’applique trop à confirmer l’expression selon laquelle c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, disons durant une petite moitié de saison où le soap est certes de qualité, comme toujours, mais un peu trop fabriqué, un peu trop nourri, il faut reconnaitre que la série a rarement atteint une telle puissance / justesse émotionnelle que lors de son déchirant dernier tiers.


 Durant les quatre premiers épisodes, on balance donc les intrigues nouvelles, tout en ouvrant chaque épisode sur un flashword bien chelou, une affaire de disparition dont on aura les explications lors de l’épisode 8. Entretemps donc, Vikram apprend qu’il a un cancer du pancréas, mais souhaite avoir un enfant avant de partir ; Helen, quatre fois maman, est ravie. Alison rencontre Ben lors d’une conférence thérapeutique sur le stress post-traumatique et Ben va bientôt croiser Cole aux alcooliques anonymes ; Noah va coucher avec la proviseur du campus dans lequel il enseigne, proviseur qui est aussi la mère d’un de ses élèves ; Luisa n’est pas en règle avec ses papiers d’identité mais ça semble être le cadet des soucis de Cole qui se voit contraint de vendre le Lobster Roll (et donc ce qui reste de son mariage avec Alison) a des investisseurs chinois.
J’ai adoré voir Cole, durant cette saison. Sa relation avec Luisa sent tellement le pâté qu’il va décider sur un coup de tête de partir en quête de soi sans trop savoir qu’il part sur les traces de son propre père. Et en découvrant le passé de son père, il va aussi découvrir qu’il n’aime pas Luisa mais Alison et va donc tout faire pour la récupérer. Cet épisode (5) central s’ouvre sur un chapitre Vikram, on craint alors que la série ne se disperse trop, à l’image de la saison 3 quand bizarrement elle offrait un chapitre sur Juliette, qu’on ne reverra pas, au passage. Dans The Affair, le découpage des épisodes offre parfois une moitié d’épisode plutôt anecdotique et une autre moitié magnifique, on a appris à s’y habituer.
Quoiqu’il en soit, la partie de l’épisode 5 consacrée à Cole et la partie de l’épisode 6 consacrée à Alison sont les deux plus beaux et terribles à cet instant pour moi. Sans doute parce que The Affair pour moi n’est jamais aussi brillant que lorsqu’elle évoque Alison et/ou Cole. J’ai un peu relégué Helen & Noah qui m’ont particulièrement gonflé dans la saison précédente, elle avec Vikram, lui avec sa fille Whitney, son séjour en prison, l’héritage de son père, sa petite française. J’ai fait un rejet Noah, en fait. Inévitablement, l’épisode 7 de cette saison 4, centré à la fois sur Helen, en voyage avec Sierra façon Thelma et Louise direction une réunion hippie dans une yourte en plein désert, et Noah qui veut tout faire pour embarquer Anton direction Princeton, n’est pas celui qui m’a le plus excité durant cette saison, loin s’en faut.
Heureusement il y a les trois derniers. Si on peut d’ores et déjà les compter parmi les plus beaux de la série, toute saisons confondues, on peut d’emblée s’arrêter sur le 9, l’avant-dernier de cette saison, parce que sa construction, bien que représentative de The Affair (Deux parties, deux points de vue) s’avère aussi troublante que terrible. Ce n’est ni plus ni moins qu’un remake d’Une sale histoire, de Jean Eustache, à la différence qu’il n’y a pas de monologue mais un long dialogue, entre deux personnages dans une même pièce, 2x30min durant. La fiction puis le document, autrement dit ici le fantasme puis la réalité, ce que le spectateur souhaite voir puis ce qui s’est réellement déroulé. L’épisode suit donc un même personnage à savoir Alison sur une situation identique mais où tout va changer : Le ton, le climat, le déroulement, les vêtements, les traits sur les visages. C’est Mulholland Drive. M’est avis d’ailleurs que nous offrir une séquence pivot en cuisine devant un robinet et une machine à café n’est pas le fruit du hasard. Lorsque l’on capte le visage d’Alison et son reflet dans la fenêtre, c’est le même bouleversement, la même émotion que l’on ressent lorsque Diane « se réveille » dans le film de Lynch.
The Affair a toujours coupé ses épisodes en 2, depuis le tout début c’est sa marque de fabrique, parfois pour raconter une même situation mais selon deux points de vue, parfois pour raconter deux situations sans rapport sinon leur temporalité mais toujours selon deux angles de vue. Durant les trois derniers épisodes, The Affair va brillamment casser son dispositif. D’abord (épisode 8) en offrant une dernière partie minuscule (cinq minutes à peine sur Noah) après avoir suivi Cole (en partie accompagné de Noah) dans un road-trip cool puis macabre, cinquante minutes durant. Ensuite en offrant tout l’épisode à Alison. Et enfin en découpant en trois chapitres le tout dernier : Noah puis Cole puis Helen. Rien que de lire ce chapitrage sans Alison j’en ai la chair de poule. The Affair c’est Alison, pour moi. C’est le cœur de la série. Et si elle est au cœur de cette saison 4, je ne vois pas comment The Affair pourra se relever de ce parti pris dans son ultime saison mais je serai bien évidemment au rendez-vous.

Saison 5.
(Janvier 2020)


Voilà, The Affair, c’est fini. Je ne vais pas m’étendre, je l’ai suffisamment fait lors des saisons précédentes et celle-ci est loin d’être la meilleure. Pas toujours inspirée (Ce dernier plan – entre autre – ce n’est pas possible) ni passionnante (j’ai mis du temps à regarder ces onze épisodes, c’est rarement bon signe) elle n’en est pas moins parcourue de belles fulgurances. Et d’émotion puisqu’à la manière de nos personnages, en pleine retrouvaille (on en a rêvé) lors des deux derniers épisodes, nous contemplons les pots cassés, ce qu’on a traversé pour en arriver là – Un peu comme le faisait (beaucoup mieux) Mildred Pierce, de Todd Haynes. C’est une ultime saison très inégale, mais audacieuse sur bien des points. Il y a de grands moments. Le dernier épisode en est un.


 Juste une chose : pour sa dernière sortie, la série tente quelque chose d’un peu farfelu. S’il s’agit toujours de suivre des chapitres centrés sur un personnage, jusqu’à parfois troquer Noah ou Helen pour Whitney et Sierra, l’un de ces prénoms va vraiment troubler nos habitudes : Joanie. Lors de ces chapitres (ils sont nombreux) la série choisit d’évoluer dans le futur, en 2053 plus exactement avec une Joanie incarnée par Anna Paquin (Sookie, dans Trueblood ou Malicia, dans X-Men) et si le parti pris flashforward est on ne peut plus casse-gueule – J’ai cru au carnage, au début, très franchement – c’est finalement sur ce terrain qu’elle va trouver ses plus beaux instants. En revanche tout ce qui tourne autour de la post catastrophe écologique reste superficiel. On sent que la série veut se la jouer actuel, parler du climat tout en évoquant Metoo, puisque Noah va pas mal morfler à ce sujet. Mais le cœur est ailleurs.
Avec un peu de recul on peut dire que The Affair, qui était au-dessus du lot sur ses deux premières saisons, aura raté son prolongement. Je l’aimais bien mais la saison 3 n’était pas bonne, soyons honnêtes. En revanche la série avait su rebondir puisque la saison 4 était très forte mais laissait un (dé)goût d’achevé ou de ça-pourra-jamais-plus-être-aussi-bien. Et c’est là où les créateurs sont forts car oui Alison & Cole nous manquent cruellement, mais c’est quand même bien. Alors oui, tout n’aura pas été parfait loin de là – et cette ultime saison aura aussi été à cette image – mais c’est un adieu ému. Je me souviendrai de The Affair.
JanosValuska
8
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le 16 sept. 2015

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JanosValuska

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