Sex Physics Scissors Lizard Spock
The Big Bang Theory est une série très ambivalente. Les deux premières saisons frôlent le génie, de manière assez récurrente. La troisième saison a encore de très bonnes choses et en quantité. Et à partir de la saison 4, on ne parle plus que de coucheries. Autant dire que ça perd largement de son intérêt. Initialement, j'avais mis 8 comme note, justement en l'honneur de ces trois premières saisons qui m'avaient, au moins ponctuellement, réconcilié avec le concept de "série américaine". Et puis quand j'ai découvert l'évolution à partir de la saison 4, j'ai abaissé.
Je m'explique : ce que j'adore avec le début de la série, c'est une forme d'intelligence et de tendresse dans le traitement de ses personnages assez particuliers et de leurs appétences. On ne développe pas des thèses de physique théorique, entendons-nous, mais on s'efforce de parler quand même de science sous un angle humoristique et sans que cela soit un pur vernis gros sabots. De même, on s'amuse des innombrables références pseudo-geek que sont Star Wars, Star Trek, Super Mario, Flash Gordon et tous les autres comic books, ou encore la trilogie du Seigneur des Anneaux, le tout sans que cela soit totalement superficiel. Le personnage de Sheldon est absolument sublime et désopilant, car il est encore à son stade outrancier. Terriblement supérieur aux autres, tout en étant complètement en-dehors du réel, et doté de réactions propres et inattendues à tous types de situations. Les autres du groupe sont excellents aussi, qu'il s'agisse de Howard l'ingénieur juif pervers encore dans les jupes de sa mère ultra-protectrice, de Penny la fille "normale" actrice ratée (qui a la bonne idée d'abandonner assez vite la débilité profonde caractérisée par le ou les tout premiers épisodes de la série), de Leonard le coloc génial/normal de Sheldon amoureux de Penny qui essaie de faire plus ou moins le lien entre les deux mondes, voire, dans une moindre mesure, de Raj, l'astrophysicien indien incapable de parler aux femmes. J'ai donc passé de super moments en compagnie de toute cette bande de joyeux drilles un peu décalés et bizarrement attachants. Pas mal de personnages secondaires sont aussi excellents (Barry Kripke, Stuart, par exemple).
Et pourtant à partir de la saison 4, à mon sens, tout ça se délite. Peut-être était-il difficile de persévérer au même niveau, mais en tout cas il est très net que TBBT devient alors une sorte de nouveau Friends, avec juste un pin's geek/physique fièrement arboré sur la poitrine, et que du coup ça en perd tout intérêt. Et s'il serait malhonnête de dire que ça devient franchement désagréable, on ne passe plus que des moments vaguement sympathiques, où l'on rit un peu, sourit pas mal, mais le tout noyé dans un enrobage de médiocrité. Pour résumer, nous avons alors dans la série l'unique intrigue de "qui va coucher avec qui", avec des blagues graveleuses sans arrêt, et qui ont perdu la saveur un peu nouvelle qu'elles pouvaient avoir dans la bouche d'un Wolowitz dans les premières saisons. Exit les geeks, exit les physiciens. Exeunt, devrais-je dire même, mais bon. Mettons-nous au niveau de vulgarisation de ce TBBT 2.0
Il faut faire rire sur la physique ? Tiens, plaçons une phrase longue avec plein de termes à racines grecques dans la bouche de Penny, avec le ton suspendu en fin de phrase pour permettre au public gras de s'esclaffer.
Il faut se moquer des références geeks ? Allez, faisons une ou deux allusions franches et suintantes à Spock ou à Hulk.
Par contre, ne nous bridons pas sur le sexe et tout le vocabulaire génital qui nous font tant rire et d'une manière si légère !
Mention également aux nouveaux personnages. Si encore j'apprécie assez Bernadette (qui est déjà présente depuis la saison 2, si ma mémoire est bonne), je suis en revanche absolument atterré par Amy Farrah Fowler, présentée initialement comme le double féminin de Sheldon, mais qui, en définitive, ne s'avère QUE chiante ou surjoue toujours dans le même registre de la fille anormale en mal d'affection. Je ne sais pas si elle m'a déjà arraché un sourire. En tout cas jamais ma sympathie. Déjà qu'elle est moche^^.
Même les anciens personnages deviennent saoûlants. Sheldon se normalise trop, par moments. Il en perd son originalité. Penny suit le chemin inverse, mais on se lasse un peu ; Leonard reste le même, à peu près. Howard se renouvelle davantage, peut-être de la meilleure façon, mais bon ça n'est pas renversant non plus. Raj se complaît dans le rôle de l'étranger un peu efféminé déprimé parce qu'il n'a pas de copine.
Bref, la série perd son charme et se banalise. Peut-être inévitable, mais dommage. Donc je devrais n'en retenir pour ma part que ses meilleurs épisodes, dans les premières saisons.
PS : ah, et pour finir, NE JAMAIS REGARDER EN VF. La VF de TBBT est un crime contre l'humanité. J'ai dû, par curiosité ou nécessité, regarder deux épisodes en VF et je peux dire que j'avais la nausée. En exagérant à peine. Je n'ai jamais vu de VF aussi immonde.
